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Pesticides dans des vins bordelais : le CIVB face à l'association Alerte aux toxiques au tribunal de Libourne

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Le tribunal judiciaire de Libourne a examiné ce jeudi 17 décembre l'affaire opposant le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux et Valérie Murat, porte-parole de l'association Alerte aux toxiques. Le jugement a été mis en délibéré au 25 février 2021.

Valérie Murat a dénoncé en septembre dernier la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 19 vins bordelais labellisés HEV (Illustration) Valérie Murat a dénoncé en septembre dernier la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 19 vins bordelais labellisés HEV (Illustration)
Valérie Murat a dénoncé en septembre dernier la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 19 vins bordelais labellisés HEV (Illustration) © AFP - PHILIPPE ROY

C'était un procès très attendu : le CIVB, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, face à Valérie Murat, porte-parole de l'association Alerte aux toxiques. L'affaire a été examinée ce jeudi au tribunal judiciaire de Libourne.

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Le CIVB, associé à 25 châteaux, viticulteurs, syndicats d'appellations et négociants, a poursuivi au civil Valérie Murat pour "dénigrement". Elle a dénoncé en septembre dernier la présence de résidus de pesticides dans 19 vins de Bordeaux labellisés HEV, "Haute Valeur Environnementale".  Ce label est "une malhonnêteté intellectuelle" pour la porte-parole : "Ce que je reproche c'est de semer la confusion dans l'esprit du consommateur et de lui faire croire que ce label serait équivalent à un label bio, c'est faux", affirmait Valérie Murat il y a trois mois. 

Des conséquences "dramatiques pour les viticulteurs"

Mais cette présence de résidus reste toutefois faible et légale, avance l'avocate du CIVB Eve Duminy. Par ailleurs, elle ajoute que le laboratoire qui a fait les analyses des vins dénoncés par Alerte aux toxiques a pris ses distances avec l'association : "Ce qu'elle fait dire aux résultats est faux", assure l'avocate.

Selon Me Eve Duminy, Valérie Murat n'a fait preuve d_'"aucune mesure, aucune nuance, aucune prudence"_, en associant dans sa présentation les vins "à un risque mortel" potentiel : "Valérie Murat n'alerte pas ,elle dénigre", fustige-t-elle. "Vous imaginez quand, dans toute la presse, les consommateurs lisent que tel ou tel vin est cancérigène ? Les viticulteurs reçoivent des commentaires de consommateurs qui disent : 'J'ai vu les analyses de Valérie Murat je n'achèterai plus de votre merde dégueulasse' .... Tous les consommateurs ont peur. Les conséquences sont dramatiques pour les viticulteurs".

Un "procès-bâillon"

De son côté, la défense dénonce un "procès-bâillon". Un procès qui aurait pour objectif d'étouffer financièrement l'association dont "on ne veut pas entendre les éléments de vérité", selon Me Eric Morain.

Car le CIVB réclame 100.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice collectif, ainsi que le retrait de la communication de septembre sous peine de 5.000 euros par jour. Les autres plaignants réclament des dommages et intérêts allant d'un euro symbolique à plusieurs milliers d'euros, précise l'AFP. "Le vin est le seul produit alimentaire sur lequel ne figure pas la composition. C'est parce qu'on ment aux consommateurs en disant qu'il n'y a que du raisin, c'est faux", affirme l'avocat de l'association pour qui Valérie Murat est avant tout une lanceuse d'alerte. "C'est par des lanceurs d'alerte comme Valérie Murat et l'association Alerte aux toxiques que les choses avancent".

Le jugement a été mis en délibéré au 25 février 2021.

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