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Pierrefitte : cinq habitants portent plainte contre la police municipale pour "violences" et "discrimination"
D'après nos informations, cinq habitants de Pierrefiitte-sur-Seine ont décidé de porter plainte contre la police municipale de la ville pour "violences" et "discrimination". Leur avocat va également saisir la Défenseure des Droits. Yanis, l'une des victimes présumées, témoigne sur France Bleu Paris.

D'après les informations de France Bleu Paris, cinq habitants de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ont décidé de déposer une plainte contre la police municipale de la commune pour des faits de "violences" et de "discrimination" qui remontent pour certains à 2019. La dernière affaire, elle, date de la semaine dernière.
Coup de poing dans la tête
Le jeudi 21 janvier 2020, Yanis 22 ans, rentre des cours au volant de sa voiture quand il croise un véhicule de la police municipale stationné "en warning" qui barre en partie la rue qu'il veut emprunter.
Il s'engage sur la route sans penser ni comprendre que l'accès est interdit. Il est alors interpellé par un agent qui tape violemment sur le capot de son véhicule "Il m'insulte devant tout le monde... j'avais le carreau baissé et je lui demande pourquoi vous tapez sur ma voiture ? Et là, il n'a pas même pas cherché à comprendre, il s'est approché et m'a mis une droite direct", raconte l'étudiant à France Bleu Paris. Un autre agent le traite de _"trisomique"__._
Le jeune homme appelle aussitôt son père et son frère qui arrivent rapidement sur place. "Les policiers ont dit à mon père 'on a pas tapé votre fils' mais mon père a bien vu que j'avais le visage enflé, tout rouge".
Finalement, Yanis et sa famille peuvent repartir et le jeune homme va directement faire constater ses blessures à l'hôpital de Stains. Il se voit prescrire un jour d'arrêt de travail.
Plusieurs plaintes déposées
Le lendemain, il se rend au commissariat de cette commune pour porter plainte mais sur place, on lui dit que c'est impossible "On m'a dit qu'on ne pouvait pas déposer plainte contre des policiers dans un commissariat et qu'il fallait le faire auprès de l'IGPN".
Yanis saisit donc l'Inspection générale de la police nationale qui le convoque. Reçu mercredi par l'IGPN, celle-ci lui explique que l'affaire ne relève pas de sa compétence, puisqu'il s'agit de policiers municipaux et lui confirme qu'il a bien le droit de déposer plainte au commissariat.
Le jeune homme retourne donc au commissariat et porte plainte "pour violences commises par personne dépositaire de l'autorité publique".
Yanis sera représenté par maître Xavier Sauvignet qui défend également quatre autres habitants de la ville. Ils vont, eux aussi, déposer plainte contre X pour "violences" et "discrimination" assure l'avocat. "Des faits prouvés avec certificats médicaux à l'appui notamment", précise Me Sauvignet qui annonce également saisir la Défenseure des Droits "qui a pour mission de contrôler la déontologie de la police municipale".
Les méthodes de la police municipale mises en cause
Il faut dire que la police municipale de Pierrefitte est au cœur d'une polémique depuis plusieurs mois. Tout a démarré quand Yohan Salès, élu de l'opposition LFI, a relayé sur les réseaux sociaux une image de l'écusson du Punisher, symbole utilisé notamment par l'extrême droite, que portaient deux agents sur leur uniforme . "Un simple grigri" avait alors répondu le maire de Pierrefitte qui a défendu les policiers. Ces derniers ont tout de même été invités à enlever l'écusson de leur tenue.
Depuis cet épisode, plusieurs vidéos et témoignages, publiés notamment sur le site d'information Les Jours, ont remis en question les méthodes de cette police. Certains de ses membres sont accusés d'avoir proféré des insultes racistes lors d'interpellations.
La réponse du maire
Interrogé par France Bleu Paris, Michel Fourcade, le maire de Pierrefitte reconnaît que les faits commis envers Yanis, sont problématiques. Il a d'ailleurs reçu le jeune homme hier à l'hôtel de ville. "L'attitude de ce policier n'est pas acceptable, il sera sanctionné en conséquences", prévient l'élu socialiste. En effet, l'agent en question est convoqué lundi prochain par la direction générale des services de la mairie pour un entretien.
En revanche, concernant les autres plaintes, Michel Fourcade affirme "ne pas en avoir connaissance". Le maire défend toujours vigoureusement sa police municipale composée de 20 agents. "J'ai une police municipale qui travaille avec peut-être une brebis galeuse à l'intérieur qui s'est mal comportée mais on va régler le problème". L'élue déplore des polémiques lancées et entretenues par l'opposition municipale, selon lui. "Il peut y avoir des erreurs mais il y a une manipulation aussi depuis des semaines".
Enfin, Michel Fourcade rappelle que ces policiers municipaux sont souvent appelés pour palier l'absence des policiers nationaux qui n'ont pas les moyens suffisants, tant humains que matériels, pour intervenir à Pierrefitte et à Stains. "Il y a 25 ans au commissariat [dont dépend ces deux villes] il y avait 162 policiers, aujourd'hui ils sont 117 alors qu'on a 18.000 habitants de plus... Je crois que pour rétablir la confiance entre les polices, quelles qu'elles soient, et les habitants, il faut que ça passe par d'avantage de policiers au service de la population".
Yanis, encore "un peu choqué" par ce qui lui est arrivé, réclame des sanctions exemplaires contre le policer qui l'a frappé mais aussi à l'encontre de ceux qui ont assisté à la scène sans rien faire. "Ils ne sont pas tous comme ça à la police municipale de Pierrefitte", mais "c'est comme dans un travail, s'il y a des gens qui pourrissent l'ambiance, les [autres] gens vont devenir pareil", affirme le jeune homme.
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