Pompier blessé par balle : "Un cap a été franchi" alerte le commandant Patrick Rauscher
Les agressions envers les sapeurs-pompiers ont "triplé en dix ans" rappelle le président de l'union départementale des sapeurs-pompiers de l'Essonne, Patrick Rauscher, invité sur France Bleu Paris ce jeudi, deux jours après la première agression par balle d'un pompier en Essonne.
Le pompier blessé par balle au mollet en pleine intervention mardi 14 juillet "va bien physiquement, il a pu regagner son domicile", annonce ce jeudi sur France Bleu Paris, le commandant Patrick Rauscher, de la fédération nationale des sapeurs-pompiers.
"En 10 ans, les agressions ont triplé envers les sapeurs pompiers", rappelle le commandant Patrick Rauscher, mais mardi soir, "un cap a été franchi et l'insupportable", réagit le président de l'union départementale des sapeurs-pompiers de l'Essonne, après cette agression par balle. C'est la première fois qu'un pompier est visé par une arme à feu dans le département de l'Essonne, affirme le commandant Rauscher.
Comment expliquer l'augmentation des agressions envers les pompiers ?
Il y a plusieurs explications selon le commandant Patrick Rauscher. "Nous vivons dans une société où l'individualisme remplace la cohésion, les services publics sont là pour me servir, les gens sont de plus en plus exigeants et de moins en moins patients".
Deuxième facteur d'explication, la densité de villes. "Les relations entre habitants sont moins aisées et moins humaines", constate le sapeur-pompier, également maire de Saintry-sur-Seine (Essonne).
Le commandant Rauscher pointe aussi un "problème d'éducation à la base". "Il y a un manquement à l'éducation parentale, on peut le voir avec certains jeunes qui provoquent dans certains quartiers".
Enfin, l'arsenal juridique. "Nous demandons une chaîne pénale beaucoup plus efficace, avec des condamnations sévères systématiques et réellement exécutées."
La fédération nationale des sapeurs-pompiers travaille avec le ministère de l'Intérieur depuis plusieurs années, rappelle Patrick Rauscher qui salue certaines actions déployées, comme "le renforcement de la présence des services d’incendie et de secours dans les quartiers prioritaires", pour une meilleure connaissance du travail des pompiers par la population. Il est aussi possible pour les pompiers d'être escortés par la police en cas d'intervention à caractère dangereux, "mais dans le courant, ce n'est pas possible de mettre un policier derrière chaque pompier", et ce n'est pas la réponse miracle non plus.
En déplacement à Etampes, mercredi soir, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur a annoncé que l'Etat portera plainte systématiquement en cas d'agression d'un policier, d'un gendarme ou d'un pompier, prévenant que "la République ne reculera pas" face à ces agressions.