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Procès en appel de Brigitte Barèges : l'ancienne maire de Montauban n'a pas complètement quitté le pouvoir

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Ce jeudi 28 octobre, la cour d'appel de Toulouse juge Brigitte Barèges, condamnée en février dernier à cinq ans d'inéligibilité, dans une affaire de détournement de fonds publics. Celle qui a gardé les clefs de Montauban et son agglo pendant près de 20 ans n'a pour autant jamais lâché les affaires.

Quatre jours après sa condamnation, une manifestation en soutien à Brigitte Barèges rassemble près d'un millier de personnes à Montauban. Quatre jours après sa condamnation, une manifestation en soutien à Brigitte Barèges rassemble près d'un millier de personnes à Montauban.
Quatre jours après sa condamnation, une manifestation en soutien à Brigitte Barèges rassemble près d'un millier de personnes à Montauban. © Maxppp - Denise Rossano

Le maire de Montauban s'appelle Axel de Labriolle. Depuis le 25 février dernier, quand il a été désigné par le conseil municipal, deux semaines après la condamnation de Brigitte Barèges. Elle le sait, elle était là dans l'espace Valorem, pour adouber celui qu'elle avait déjà désigné comme son dauphin. C'est elle aussi qui a placé Thierry Deville à la communauté d'agglomération du Grand Montauban. Brigitte Barèges, maire historique de Montauban depuis 2001, a perdu ses écharpes d'élue mais certainement pas le sens de la politique.

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Discrète mais bien présente dans les décisions

Juste après sa condamnation le 9 février dernier, Brigitte Barèges a eu du mal à casser ses habitudes. On l'a beaucoup vue dans les couloirs de la mairie de Montauban. Un peu trop sans doute pour une élue déchue de ses mandats. Quelques commentaires dans la presse plus tard, elle a décidé de se faire plus discrète. Elle assiste encore parfois aux conseils municipaux, ouverts au public, pas tous. Elle participe aux réunions du groupe majoritaire. Et plus anecdotique, celle qui a conservé la présidence des Républicains 82 et reste une figure populaire en ville, se rend à de nombreuses inaugurations officielles ou premières de spectacles. Elle n'a surtout pas manqué la venue de Xavier Bertrand à Montauban le samedi 23 octobre dernier.

Brigitte Barèges lors du premier conseil municipal de son successeur, Axel de Labriolle, le 25 février dernier.
Brigitte Barèges lors du premier conseil municipal de son successeur, Axel de Labriolle, le 25 février dernier. © Radio France - Manon Klein

Jusque là, rien d'illégal, semble t-il. C'est dans les coulisses que la main de l'ancienne maire reste la plus ferme et la plus litigieuse. D'après nos informations, et bien qu'il n'en existe aucune trace écrite, c'est bien son nom qui est cité lorsqu'il s'agit de commenter une décision dans les réunions de service. "Brigitte Barèges a validé ceci", "Brigitte Barèges s'est opposée à cela". C'est ainsi que cela fonctionne, le plus normalement du monde dans une collectivité où elle a conservé l'ensemble de ses loyaux partisans, malgré quelques élus déçus. Personne, ni élu, ni cadre de service, ni simple agent, ne s'étonne qu'une maire déchue, condamnée, inéligible, pilote encore sa ville à distance. À 68 ans, l'ancienne députée du Tarn-et-Garonne sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, décide de tout à la mairie et à l'agglomération, comme elle l'a fait ces 20 dernières années. En témoigne aussi, une très récente réunion avec l'ensemble des élus, où la patronne a remonté les bretelles de certains.

Une situation transitoire bâtarde qui fatigue les agents territoriaux

Il y a toutefois des limites à son pouvoir de décision. Il n'engage pas certains arbitrages financiers importants ou projets structurants nécessitant l'approbation de l'ensemble du conseil municipal. Résultat, bon nombre de chantiers sont paralysés, en stand-by comme le parking de la cathédrale ou carrément pas ouverts comme la promesse électorale de rénover Sapiac. Et cela est difficile à vivre pour les équipes sur le terrain, les 1.400 agents de Montauban et du Grand Montauban, dont nos sources en interne nous assurent qu'ils ont bien noté le 28 octobre dans leur agenda, attendant une décision qui mettrait dans un sens ou l'autre un terme à cette période de transition, cet entre-deux ni complètement Barèges ni complètement de Labriolle-Deville. 

Cet intérim à deux têtes, un maire-un président d'agglo, semble en effet dans le fonctionnement de l'institution plus complexe à manœuvrer que lorsque l'élue dirigeait tout de A à Z. Les dossiers n'avancent pas en attendant le retour de Brigitte Barèges. Retour auquel, dans un contexte de moralisation de la vie publique, personne ne croirait à l'hôtel de ville, à part la principale intéressée et peut-être son entourage le plus proche.

Brigitte Barèges préside toujours la fédération LR82, elle était aux côtés de Xavier Bertrand lors de sa venue à Montauban ce samedi 23 octobre.
Brigitte Barèges préside toujours la fédération LR82, elle était aux côtés de Xavier Bertrand lors de sa venue à Montauban ce samedi 23 octobre. - Michaël Sertain

La Ville partie civile cette fois, stratégiquement

Nouvelle donne lors de cette audience en appel : la mairie de Montauban s'est finalement constituée partie civile. Elle avait refusé en première instance, laissant trois opposants (le socialiste Arnaud Hilion, et les communistes Rodolphe Portolés et Jeannine Maignan) le faire à sa place, avec l'accord de la juridiction administrative. Ce changement d'avis, le conseil municipal l'a voté, à la surprise générale, en avril dernier. Mais tout cela est bel et bien stratégique et en rien un retournement de l'institution contre sa patronne historique, assure Arnaud Hilion. "Ce sera donc bien à la Ville d'estimer le préjudice subi par le détournement. Et évidemment, la note présentée sera bien moins salée que si nous avions soumis la nôtre", explique le conseiller municipal d'opposition qui imagine que la ville pourrait demander un euro symbolique, contre les quelque 250.000 euros qui ont été évoqués lors de la procédure au tribunal administratif.

Les avocats de l'ancienne élue, Me Laurent de Caunes et son associé Me Jean-Luc Forget (qui ne plaidera pas ce jeudi), n'ont pas répondu à nos demandes d'interview avant l'audience. Brigitte Barèges l'a déclinée. Jugée en décembre 2020, elle a été condamnée le 9 février dernier à cinq ans d'inéligibilité, 12 mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende. Il lui est reproché d'avoir rémunéré un agent municipal pour qu'il écrive des articles en sa faveur dans un hebdomadaire local. Quelques jours après sa condamnation, une manifestation de soutien qu'elle avait elle-même lancée a rassemblé environ 900 personnes à Montauban.

Brigitte Barèges est jugée pour détournement de fonds publics par la cour d'appel de Toulouse, à partir de 9h ce jeudi 28 octobre.

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