Projet d'attentat avorté à Béziers : la jeune fille fabriquait des engins explosifs avec de l'aide à distance
Après quatre jours de garde à vue, la jeune fille soupçonnée d'avoir voulu organiser un attentat interpellée le weekend dernier à Béziers (Hérault) a été mise en examen ce jeudi à un juge d'instruction.
La jeune fille de 18 ans interpellée dimanche quartier de la Devèze à Béziers et qui projetait un attentat a été mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "détention de produits incendiaires ou explosifs" en relation avec une entreprise terroriste, selon une source judiciaire. Elle a été placée en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet antiterroriste.
Les services de renseignements marocains ont alerté la France
La jeune femme, déscolarisée depuis deux ans et jamais condamnée, était pourtant inconnue des services, jusqu'à un renseignement très récent faisant état d'une menace d'attentat contre une église. Les services marocains ont revendiqué mardi la paternité du tuyau, indiquant dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français "des informations précises sur une citoyenne française d'origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France", "en coordination avec des éléments de Daech", le groupe Etat islamique.
Sans confirmer cette information, une source proche de l'enquête a souligné la "coopération particulièrement dense et très confiante" avec le Maroc, "particulièrement réactif dès qu'une information est susceptible de concerner la sécurité du territoire français".
Des produits permettant de fabriquer des explosifs retrouvés à son domicile
Une enquête a été ouverte le 3 avril, permettant la perquisition le soir-même au domicile de la jeune femme. Chez elle, les enquêteurs ont alors retrouvé des produits permettant de fabriquer des explosifs (acétone, acide sulfurique, eau oxygénée), deux potentiels engins explosifs improvisés en cours d'assemblage, ainsi que des notes manuscrites évoquant divers projets d'action violente et de la documentation jihadiste, "faisant référence" notamment au groupe Etat islamique.
Une photo de Samuel Paty décapité
Les enquêteurs ont également mis la main sur une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty, le professeur d'un collège des Yvelines assassiné le 16 octobre pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, ainsi que des photographies représentant des djihadistes armés. "Elle voulait s'en prendre à des églises, dont une près de son domicile, et a parlé d'autres cibles, notamment un collège", affirme une source proche du dossier, tandis que le renseignement initial évoquait des églises de Montpellier. Selon le Parquet anti-terroriste, un schéma d'une église de son quartier a été saisi chez elle.
Une jeune fille fragile et déprimée
La jeune femme, issue d'un milieu très précaire, désocialisé est "très déprimée, suicidaire, mais en même temps dans une volonté de haine, de vengeance contre la République et ses institutions", ajoute la source proche du dossier. Elle parle beaucoup de l'Etat d'Israël et des églises.
Sa mère et ses trois sœurs, interpellées avec elle, ont été remises en liberté entre lundi et mercredi. Aucun élément n'est venu impliquer cet entourage familial et aucun élément de radicalisation n'a par ailleurs été relevé les concernant. "Les lieux de culte sont des cibles récurrentes de la propagande jihadiste", souligne la source proche du dossier, rappelant l'attentat perpétré par Brahim Aouissaoui qui a fait 3 morts le 29 octobre à Nice, ou l'assassinat du père Hamel en juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. "On peut penser que la jeune femme a été influencée par les nombreuses vidéos qu'elle avait en sa possession".