Projet de prison à Saint-Bonnet-les-Oules : la majorité des terrains est en zone humide, d'après la mairie
samedi 13 janvier 2018 à 17:38 Par Justine Dincher, France Bleu Saint-Étienne Loire
Le maire de Saint-Bonnet-les-Oules dégaine un nouvel argument pour empêcher la construction d'une prison dans sa commune : une étude des sols révèle qu'une partie du site se situe en zone humide.
Saint-Bonnet-les-Oules, France
Il jette un pavé dans la mare ! Le maire de Saint-Bonnet-les-Oules a commandé une étude des sols l'année dernière, comme l'a révélé le Progrès samedi 13 janvier. Guy Françon, opposé à la construction d'une maison d'arrêt dans sa commune, détaille aujourd'hui les conclusions de ce travail : "la majeure partie du site est sur une zone humide".
Pour effectuer leurs mesures, les ingénieurs missionnés ont procédé à des "carottages sur 50 centimètres de profondeur" pendant deux jours, au mois de mai dernier. "Ils ont étudié les phénomènes d'oxydoréduction du fer, c'est-à-dire le fait que le fer s'oxyde en milieu humide", explique Jean-Claude Mazuel, adjoint au maire en charge de ces questions. Sur les 41 hectares examinés par ce bureau d'études indépendant et spécialisé, 34 hectares pourraient être éligibles à un classement en zone humide, d'après la municipalité.
Des parcelles régulièrement sous l'eau
"Ce sera une prison dans une grande piscine", dénonçait le maire de Saint-Bonnet-les-Oules, au mois de décembre, sur France Bleu Saint-Étienne Loire. Il répète aujourd'hui que "ce terrain est régulièrement inondé". Son adjoint, Jean-Claude Mazuel, confirme : "il y a toujours de l'eau. La nappe phréatique se trouve à trois mètres de la surface du sol. Lors des gros épisodes d'orages, la zone est inondée. La route départementale est d'ailleurs régulièrement coupée en cas de fortes précipitations." D'après la municipalité, ces parcelles jouent un rôle de rétention d'eau de pluie. Elles permettent ainsi d'éviter d'inonder la ville de Veauche et ses industries.
Mais en plus d'être inondables, le maire a voulu montrer qu'elles étaient situées en zone humide, donc préservée : "une zone humide est reconnue et recherchée par les différentes ministères et par le conseil départemental. On entend que ce sont des zones qui doivent être protégées et sauvegardées parce qu'elles participent à la biodiversité."
Le début d'une longue procédure administrative ?
Pour que ces parcelles soient officiellement reconnues comme zone humides, il faut faire la demande à la préfecture. Le maire pourrait le faire dans les prochains jours, mais il a conscience que la procédure sera longue : "on ne va pas faire cela en un claquement de doigt. Cela va obliger différentes rencontres avec les services de l'État, il va falloir que le préfet et la direction départementale des territoires (DDT) valident cette reconnaissance, et je pense que cela va aussi nécessiter une révision de notre plan local d'urbanisme (PLU). C'est une phase administrative assez conséquente en termes de travail."
Si le classement de ces terrains en zone humide n'était pas validé, le maire n'exclut pas de porter l'affaire devant les tribunaux. En rendant publics les résultats de cette étude, le maire de Saint-Bonnet-les-Oules espère dissuader la chancellerie pour qu'elle abandonne vite son projet de prison à cet endroit.