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TÉMOIGNAGE - Des mineurs isolés condamnés, à tort, à de la prison ferme à Montpellier

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France Bleu Hérault a rencontré un ancien mineur isolé condamné à tort, à Montpellier, à une peine de prison ferme. Il avait soi-disant menti sur son identité et son âge. Selon la Cimade, au moins une quarantaine de mineurs non accompagnés auraient connu la même histoire, ces 5 dernières années.

En 5 ans, une quarantaine de MNA auraient été condamnés à tort, selon la Cimade (Image d'illustration) En 5 ans, une quarantaine de MNA auraient été condamnés à tort, selon la Cimade (Image d'illustration)
En 5 ans, une quarantaine de MNA auraient été condamnés à tort, selon la Cimade (Image d'illustration) © Maxppp - Earnie Grafton

Depuis 2016, le tribunal de Montpellier aurait condamné au moins une quarantaine de mineurs non accompagnés (MNA) à des peines de prison ferme, à tort. C'est ce que soutient la Cimade, une association qui aide les migrants. Selon elle, le tribunal a considéré que ces jeunes avaient menti sur leur identité ou leur âge, dans le but de se faire passer pour des mineurs. Certains auraient écopé d'une peine allant jusqu'à un an de prison ferme.

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Moussa, 3 mois de prison ferme, pour rien

Il est difficile de s'assurer que ce chiffre -au moins une quarantaine- soit vrai. Mais en tout cas, France Bleu Hérault a rencontré un ancien MNA, que l'on nommera Moussa, qui a été condamné à tort. Il est originaire de Côte d'Ivoire et en 2016, il a écopé d'une peine de 3 mois de prison ferme.

"Quand je suis arrivé à la maison d'arrêt, j'ai pleuré. Je ne comprenais pas." - Moussa*, un ancien MNA condamné à tort

En novembre 2016, un an après son arrivée en France, Moussa* est convoqué au commissariat de Montpellier. Il est questionné toute une journée : les policiers le soupçonnent d'avoir menti sur le nom et l'âge, inscrits sur son extrait d'acte de naissance. "Soi-disant, ils étaient entrés en contact avec mon pays d'origine, raconte le jeune homme, âgé aujourd'hui de 22 ans. Je ne sais pas comment ils se sont arrangés... Et je n'ai même pas eu le droit à un avocat."

Les policiers s'appuient sur un second élément : son test osseux. Il indique que l'Ivoirien n'a pas 17 ans et demi mais 19 ans. Moussa* passe au tribunal et est condamné. "J'ai été traité comme un criminel, juge-t-il, cinq ans plus tard. J'étais dans la même cellule que des personnes qui, elles, avaient vraiment commis des infractions." En plus, il doit rembourser une somme monstrueuse : près de 10.000 euros, pour avoir bénéficié des services du département, en tant que MNA.

Aujourd'hui, Moussa* essaye d'oublier. Il s'est inscrit en BTS, qu'il a obtenu. Il travaille dans le secteur du bâtiment, dans l'Est du département. Même après tout ça, il ne compte pas quitter la France. "C'est évident, rit-il. La France, c'était mon rêve depuis l'enfance. Maintenant que je suis ici, je ne vais pas repartir." Surtout que maintenant, qu'il est majeur, il a un titre de séjour, sur lequel il est écrit le prénom, le nom et l'âge qu'il avait donnés en arrivant.

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Combien de victimes?

Selon la Cimade, au moins une quarantaine de jeunes auraient donc traversé la même épreuve que Moussa* dans les cinq dernières années. Le mois dernier, l'association craignait que l'histoire s'était encore répétée pour l'un d'entre eux, écroué à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone.

"Je pense que la justice de Montpellier est une justice coloniale." - Thierry Lerch, coprésident de l'association la Cimade

Selon Thierry Lerch, le coprésident de la Cimade, la justice de Montpellier s'appuie sur des éléments contestables**. "Par exemple, sur le fait que les jeunes ont présenté une photocopie d'un document, et non l'original, ou alors que l'encre n'est pas la bonne, explique-t-il. Mais ce n'est pas parce que le papier n'est pas conforme qu'il est mensonger!"

Le militant fustige la justice montpelliéraine. "Je le dis sans détour : je pense que la justice de Montpellier est une justice de type coloniale, s'exclame Thierry Lech. Un Africain arrive : il est coupable!" Selon lui, le tribunal ne respecte pas les règles. "Sur les tests osseux par exemple, moi j'ai vu des médecins légistes, au tribunal, dire 'lui il a entre 17 et 23 ans', parce qu'il y a une marge d'erreur. Et **cette marge d'erreur doit profiter au prévenu. Ce que ne respecte pas la justice de Montpellier !"

Le Parquet de Montpellier n'a pas répondu à nos sollicitations.

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* Le prénom a été modifié

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