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TÉMOIGNAGE - Covid long, perte du goût : "un supplice" pour cette mère de famille en période de fêtes
Perte de l'odorat et du goût : la frustration à l'heure des bons repas de fin d'année. Plus qu'une simple gêne, ils peuvent entraîner des pertes d'appétit et un grand désarroi, voire un écœurement avant de passer à table. Les fêtes de famille de Stéphanie sont gâchées. Elle témoigne.

13e mois sans goût ni odorat pour Stéphanie, 46 ans, habitante de La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie) au nord d'Annecy. Mère d'une fille de 13 ans, elle ne sent plus rien depuis septembre 2020. La situation devient critique, elle est suivie par un médecin ORL depuis un an, mais les progrès sont très lents. Elle s'apprête donc à vivre pour la deuxième fois de sa vie une fin d'année avec ce covid long.
Vous ne prenez plus de plaisir en ces fêtes de fin d'année ?
C'est ça. J'ai cuisiné pour Noël un foie gras, je sais que je ne vais pas l'apprécier, c'est compliqué. Le champagne fait partie des choses qu'on aime et qu'on garde sur ces moments de fête, je ne vais pas l'apprécier. Pas de papillotes parce que le chocolat me dégoûte. Le saumon, c'est aussi une odeur aujourd'hui qui est un peu écœurante pour moi. De ce fait, oui, cette année est encore plus compliquée que l'année dernière.
Vous redoutez vos derniers repas de 2021 ?
Oui, surtout que ce sont des périodes très importantes pour moi. Pour la première fois, c'est un moment que je redoute. En fait, je n'apprécie pas les mets que je mange depuis bien trop longtemps maintenant. En plus, les odeurs qui existent aujourd'hui pour moi ne sont pas identifiables. Je redoute vraiment d'être écœuré, tout simplement par une odeur qui ne me plaît pas. Et du coup, tout devient frustrant et on n'a pas envie. On n'a pas envie de se mettre à table. On n'a pas envie. Moi qui cuisinais beaucoup aujourd'hui, je ne cuisine quasiment plus !
Qu'est-ce qui vous touche le plus ?
J'ai l'impression de m'éloigner, de ne pas profiter à fond des fêtes avec ma jeune fille de 13 ans. On a toujours mis en place des traditions, on fait nos biscuits, on passe des moments où on fait un chocolat chaud autour du sapin, la musique, etc. Là, le chocolat, je ne peux pas en manger, je ne peux pas en boire, je n'aime pas. Donc, du coup, tous ces moments qui font que vous préparez Noël, je ne les ai pas appréciés.
Votre lien social s'est-il fragilisé ?
On relie tous le goût et l'odorat au simple plaisir de manger ou de sentir ce qu'on mange. Manger une fraise, un chocolat ou un foie gras parce qu'on parle des fêtes. Vous avez aussi dans le lien social des choses qui vous isolent. Parce que, tout simplement, une odeur de parfum simple, vous écœure. Je ne sens plus l'odeur de ma fille, je ne reconnais plus son parfum. Donc, oui, au quotidien, c'est un impact sur beaucoup plus de choses qu'on ne le pense sur le long terme.
Qu'est-ce qui vous manque le plus ?
Ça devient compliqué sur ces moments où on se fait plaisir. Ce qui manque le plus aujourd'hui, c'est ce petit moment après un repas où vous prenez votre café avec un petit carré de chocolat.
Vous êtes suivie par un médecin ORL...
Oui, depuis un an. Je commence à distinguer le sucré, le salé, j'ai des tests olfactifs à faire tous les jours. Je ne perds pas espoir, ça va revenir ! Mais ce qui fait peur, c'est que même les spécialistes n'ont pas forcément de recul, ils sont un peu au même stade que nous sur la maladie.
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