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Tentative d'assassinat en 2016 à Clermont-Ferrand : l'avocat général requiert 18 ans de réclusion
L'avocat général de la cour d'assises a requis ce samedi matin 18 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'ancien étudiant en médecine. Laure Lehugeur retient la préméditation mais aussi l'altération du discernement au moment des faits. Le verdict sera rendu dans la soirée.

La journée avait commencé par les plaidoiries. Celle des avocats des parties civiles, la victime et sa famille. Premier à plaider, Jean-Hubert Portejoie.
Pour l'avocat clermontois, cette affaire n'est pas "un crime passionnel. Il n'y a pas de coup de folie dans cet acte". Il démonte le raisonnement de la défense. Il ne croit pas non plus à la "pression" liée aux études de médecine qui aurait pu faire perdre pied au jeune homme. "Oui c'est dur mais dans une école de droit c'est aussi compliqué et tous les étudiants n'ont pas le comportement de l'accusé".
Renaud Portejoie prend, dans la foulée, la relève de son frère : "il n'a sans doute pas le profil d'un assassin Antoine M. et Morgan n'a pas le profil de quelqu'un qui a été victime d'une tentative d'assassinat. Ces deux -là n'ont sans doute pas leur place ici..."
L'avocat rappelle l'état d'esprit de la victime, elle venue témoigner à la barre, sans haine, souhaitant plus que tout tourner la page de cette histoire. Cette jeune femme qui ne s'est que très rarement plainte. Le conseil revient sur les nombreuses demandes de remise en liberté du jeune homme, "elles ont blessé Morgan évidement, un peu plus".
"Vous avez refusé de mourir, c'était écrit"
En s'adressant à sa cliente, Renaud Portejoie, un peu philosophe : "ce jour-là il était écrit que vous ne deviez pas mourir, vous avez refusé de mourir!" L'avocat revient sur ce soir du 27 mars 2016. Ce rendez-vous au pied de l'immeuble d'Antoine M., dans le centre de Clermont-Ferrand, Morgan refusera de monter parce que sa mère lui avait dit, quelques heures auparavant, "surtout de ne pas monter dans son appartement".
L'avocat refait vivre la scène du 27 mars 2016. Les coups de couteau, la douleur, les secours qui arrivent sur place. Et une jeune femme qui refuse de mourir. "S_igne du destin?_" questionne-t-il.
Renaud Portejoie revient sur le contexte et une nouvelle fois ces études de médecine. Cette "pression" décrite la veille par le Professeur Chazal, évoquant un "coup de folie". "C'est effrayant d'avoir pu entendre cela de la part de ce professeur qui ne connaît rien à la procédure, c'était absurde. Il apporte juste du soutien à une maman qui a besoin d'être consolée mais c'est sans fondement."
Renaud Portejoie rend ensuite hommage à la victime Morgan L. avant de céder la parole à l'avocat général.
Altération du discernement retenue par le ministère public
Laure Lehugeur, très vite, démonte la thèse du surmenage, mais aussi celle de l'absence de préméditation. "Il y a de nombreux éléments qui vont dans le sens d'une préméditation. Les textos envoyés par Antoine M. dans le mois qui précède l'agression, le rendez-vous planifié du 27 mars, la lettre retrouvée au domicile de l'accusé, l'épée aussi, sur le lit" argumente la magistrate. Tout en rejetant aussi le surmenage, l'avocat général évoque l'altération du discernement de l'accusé au moment des faits. Thèse avancée par les experts psy. Une altération qui va avoir une incidence sur la peine.
Laure Lehugeur requiert au final 18 ans de réclusion criminelle avec un suivi socio-judiciaire de 10 ans et obligation de soin.
A l'énoncé du réquisitoire, la mère de l'accusé, sous le choc, quitte précipitamment la salle d'audience.
L'audience est suspendue jusqu'à 13H15.
Les avocats de la défense vont plaider à leur tour. Ils sont trois : Anne-Laure Lebert, Patrick Maisonneuve et Jean-François Canis.
C'est Anne-Laure Lebert qui débute.
L'avocate évoque ce dossier ressenti comme une tragédie pour ces deux familles, celle de l'accusé et celle de la victime. "Ce 27 mars est le jour où tout a basculé pour elles!" L'avocate rend hommage à Morgan L., à sa dignité, au courage dont elle a fait preuve. "Comment peut-on comprendre l'incompréhensible, ce désespoir d'un jeune transi d'amour?" s'interroge Anne-Laure Lebert.
Pendant la plaidoirie de son avocate, l'accusé, ému, jette quelques regards en direction de son "ex", au premier rang de la salle. Morgan L., elle, n'en tient pas compte.
On est bien confronté à un crime passionnel" Anne-Laure Lebert, conseil de l'accusé
L'avocate rend hommage à Morgan L., à sa dignité, au courage dont elle a fait preuve. "Comment peut-on comprendre l'incompréhensible, ce désespoir d'un jeune transi d'amour?" s'interroge Anne-Laure Lebert.
Pendant la plaidoirie de son avocate, l'accusé, ému, jette quelques regards en direction de son "ex", au premier rang de la salle. Morgan L., elle, n'en tient pas compte.
La conseil revient sur les conditions de la séparation des deux protagonistes. Difficile à avaler et à digérer pour un jeune de 19 ans avec une vraie fragilité affective selon elle. Sont évoqués aussi les menaces, les textos précédents l'agression, certains éléments susceptibles de constituer une préméditation : "n'étaient-ils pas des signaux de détresse en fait?" se demande l'avocate. Elle souligne l'altération du discernement de l'accusé, "indiscutable". L'avocate lit une partie de la lettre retrouvée au domicile d'Antoine M.. Ses parents, présents dans la salle, fondent en larmes.
Anne-Laure Lebert rappelle les conclusions de certaines analyses des psys,"il y a bien un crime passionnel dans cette histoire, il y a une fureur avec ces 21 coups de couteau, une folie !" s'emporte l'avocate clermontoise. Elle conclut en demandant aux jurés d'être "bienveillants" en direction de l'accusé.
Au tour de Patrick Maisonneuve de plaider. Fils de paysans auvergnats, il fait partie des avocats les plus influents du pays. La voix du conseil est grave et résonne dans la salle d'audience de la cour d'assises de Riom. Il insiste d'emblée sur la relation "fusionnelle" entre Antoine M. et Morgan L.. et leur séparation, très mal vécue par le jeune homme qui s'était "jeté corps et âme dans cette relation." Le pénaliste parisien tente de caractériser le profil de son client et évoque la peine à venir : "il sera condamné bien sûr mais comment? C'est un gamin paumé !" argue l'avocat.
Il conclut en demandant aux jurés de veiller à ne pas enfermer trop longtemps l'accusé, pour ses proches et pour lui-même.
Après une suspension de dix minutes, Jean-François Canis intervient à son tour. Impatient de plaider ce dossier visiblement. "C'est très difficile pour moi de prendre la parole , un des moments les plus difficiles pour moi ! J'ai peur de ce que vous allez décidé, vous jurés."
Grave, habité, Jean-François Canis se dit très touché par ce dossier et par le devenir de son client, Antoine M.
Pas de préméditation pour la défense
"Je viens devant vous pour vous demander de répondre non à la question sur la préméditation" lance l'avocat. Il revient sur la fameuse lettre retrouvée au domicile. Pour lui, elle ne caractérise en aucune façon une quelconque préméditation. "Si en fait, mais uniquement pour son suicide" précise le pénaliste. Puis il revient une nouvelle fois sur la séparation très douloureuse pour son client. "Il se sent perdu, humilié" indique le pénaliste.
"Que s'est-il passé lors de son passage à l'acte?" se demande l'avocat ."Il n'avait plus son libre arbitre" soutient ce dernier.
Jean-François Canis s'attelle ensuite à démonter les différentes expertises psy. Sur l'addiction aux écrans, la fréquentation des sites pornographiques. Sur la dangerosité supposée de l'accusé.
En conclusion, Jean-François Canis s'énerve, pris par l'émotion, sur les réquisitions de l'avocat général. "18 ans pour ce gamin ? (s'adressant aux jurés) Je vous en supplie, qu'il reste un espoir pour que ce gamin puisse vivre !"
Après la longue plaidoirie de l'avocat clermontois, le président interroge une dernière fois l'accusé pour ses derniers mots. Antoine M. répond : "Je vis avec un regret avec cet acte et je l'aurai toujours !"
Le verdict doit être rendu dans la soirée.
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