Tours : les tracts d'un groupe sectaire inquiètent les étudiants
De mystérieuses enveloppes ont été découvertes le week-end dernier sur le campus Grandmont de l'université de Tours. Elles ont été déposées par une association évangélique soupçonnée de dérives sectaires.
"On n'est pas là pour te juger mais pour t'aider." C'est ce qui est écrit sur un tract dans une des trois enveloppes dispersées sur le campus Grandmont à Tours. Sur fond noir et avec une police évoquant la détresse, il y a tout pour croire au flyer d'un centre d'écoute et de soutien psychologique. "C'est d'abord ce", conclut-il.d, témoigne Hugo, 21 ans.
L'étudiant en licence de psychologie a découvert ces trois enveloppes le samedi 6 mars. "Je me promenais dans le parc en fin d'après-midi quand je les ai remarquées, sur les escaliers et dans les sentiers, accrochées aux arbres. J'ai d'abord cru à un jeu de piste grandeur nature, comme ceux qu'on voit sur Internet. Alors par curiosité, j'ai ouvert. Puis quand je suis remonté dans ma chambre, j'ai fait des recherches grâce au numéro de téléphone et à l'adresse inscrits sur le tract. Et là, j'ai compris que ce groupe était sectaire."
Le témoignage d'Hugo, étudiant, qui a découvert les enveloppes.
Cibler les étudiants
Ce groupe, c'est le centre d'accueil universel. Présent dans une trentaine de pays, il a été crée en 1977 au Brésil sous l'ancien nom d'Eglise universelle du royaume de Dieu. Il se présente comme une association évangélique mais il est soupçonné de dérives sectaires par l'Etat et les associations. Le centre d'accueil universel est cité dans une note de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) publiée en février dernier. Ici en Touraine, le dernier signalement contre ce groupe, qui possède un local à Tours, remonte à 2018.
Alors Hugo a voulu alerter sur cette situation en tweetant des photos et le fruit de ses recherches. Une série de tweets aimée et partagée par plusieurs milliers de personnes et qui a même attiré l'attention de la Ville de Tours. "La Ville va contacter l'équipe du commissariat chargée des dérives sectaires", a-t-elle répondu à Hugo sur Twitter.
"Quand j'ai vu que les trois enveloppes étaient exclusivement aux abords de la résidence universitaire, je me suis dit que c'était forcément du ciblage d'étudiants. Et je pense que ce n'est pas éthique de laisser ces messages-là posés par un groupe potentiellement sectaire dans une résidence où la plupart des étudiants est en détresse psychologique."
Ce lundi 8 mars midi, entre deux cours, Hugo les a enlevées. Il a été contacté par l'Unadfi, qui regroupe les associations de défense des familles et des individus victimes de sectes, afin de leur remettre ces enveloppes pour leurs archives. "Ce qu'il faudrait, c'est de la vraie prévention contre le mal-être étudiant", conclut-il.
Selma Riche