Tribunal de Bordeaux : deux relaxes et quatre condamnations pour un trafic de civelles
Un fourgon avec 163 kilos de civelles avait été intercepté au péage de Virsac dans la nuit du 10 février 2016. Point de départ d'une enquête qui a mené au procès de six hommes ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Deux ont été relaxé et quatre ont été condamné.
Six prévenus de 30 à 56 ans venant de Charente-Maritime, Loire-Atlantique et Gironde étaient appelés à la barre du tribunal correctionnel de Bordeaux ce jeudi, après une opération des douaniers au péage de Virsac le 10 février 2016 : un fourgon transportant 163 kilos de civelles avait été intercepté, entraînant l'ouverture d'une enquête. A l'issue de l'audience, quatre hommes ont été condamné à des peines allant de deux ans de prison ferme à un an avec sursis. Les deux autres, père et fils, pêcheurs professionnels, ont été relaxé. Le ministère public avait requis des peines allant de cinq ans de prison ferme, à un an avec sursis.
"Fuyants comme des anguilles"
Durant les débats, les cinq prévenus qui avaient répondu à la convocation de la justice, se sont bornés à répéter qu'ils n'avaient rien à faire dans cette affaire. Des prévenus "fuyants comme des anguilles" selon le terme employé par la présidente du tribunal, agacée par l'attitude des cinq hommes, alignés face à elle à la barre : d'abord, les deux plus grands et charpentés, père et fils (répondant au nom de Civel, ça ne s'inventent pas...) pêcheurs professionnels (d'encornet l'été et de civelles l'hiver). A leurs côtés, les 2 chauffeurs du fourgon ce soir-là, recrutés par un mystérieux Peter en boîte de nuit; et le plus véhément, et gouailleur, présenté comme le chef de bande.
"Preuves tangibles"
Tous répètent: "je ne sais pas", "je n'ai rien fait", "c'est pas moi", "je ne connais pas les autres". Y compris face aux écoutes téléphoniques extraites de l'enquête. "C'est peut-être mon téléphone, mais ce n'est pas moi", dit l'un des cinq. "Je n'ai pas de téléphone", assure un autre. Preuves "tangibles" pour le ministère public. Un peu maigres au contraire selon les avocats de la Défense, reprochant cette volonté de faire "le procès exemplaire que tout le monde attend", et la comparaison sans cesse ressassée avec un trafic de stupéfiants, de part les méthodes employées et les montants brassés. La civelle, c'est 300 euros le kilo sur le marché officiel. Mais au moins dix fois plus en Asie, quand elle est revendue par des braconniers, et déjà 1500 euros en Espagne. Probable destination du fourgon stoppé ce soir de février 2016 à Virsac.
520 pêcheurs en France
La civelle ou pibale, alevin d'anguilles, espèce protégée en voie de disparition, fait l'objet d'une pêche réglementée en France. En septembre 2017, à Nantes, trois braconniers multirécidivistes ont été condamnés, à des peines de prison allant d'un mois ferme à cinq mois avec sursis. C'était une première en Loire-Atlantique.
Il y a environ 520 pêcheurs officiellement autorisés en France, soumis à des quotas : 42 kilos par pêcheur pour la consommation (revendus au mieux 500 euros le kilo) et 70 consacré au repeuplement de l'espèce (revendu à 150 euros le kilo).