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Un chasseur devant la justice : "Ils ont tenté de dissuader ma cliente de porter plainte"

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Un chasseur a été jugé ce lundi à Montpellier pour avoir tiré par inadvertance dans une chambre d'enfant lors d'une battue, sans faire de blessés. L'avocat de la mère dénonce un manque de rigueur des forces de l'ordre envers le milieu de la chasse.

Un chasseur (illustration) Un chasseur (illustration)
Un chasseur (illustration) © Radio France - Théo Caubel

Ce lundi, un chasseur était jugé au tribunal correctionnel de Montpellier pour avoir tiré par inadvertance dans une chambre d'enfant en pleine battue, à Leucate en 2018. L'affaire a mis trois ans avant d'être jugée. L'avocat des parties civiles dénonce une complaisance des forces de l'ordre envers le milieu de la chasse, en zone rurale.

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"Ils ont voulu l'empêcher de porter plainte." Julien Roelens, avocat des parties civiles.

C'était il y a trois ans, en pleine battue aux sangliers. Un chasseur vise à travers les bois. Il tire : la balle de carabine de gros calibre atteint par inadvertance une maison à 300 mètres... brise la vitre et se loge dans le mur de la chambre, vide heureusement, d'un enfant de 9 ans.

Trois ans de péripéties judiciaires séparent cet évènement du procès qui s'est tenu il y a deux jours. La procédure a été anormalement longue, selon l'avocat de la mère et de l'enfant Julien Roelens : "les gendarmes ont d'abord tenté de dissuader ma cliente de déposer plainte en lui affirmant qu'il n'y avait pas de blessés ni de morts et que de toute façon, ça ne mènerait à rien. Ils lui ont laissé entendre que ce genre d'histoire, dans une région comme celle-ci, le sud des Cévennes, une région de chasse, ce genre d'histoire se réglait à l'amiable et qu'il ne fallait pas faire de remous."

"Les accidents de chasse ne sont pas considérés comme des infractions."

Les gendarmes sont même allés plus loin, en donnant le numéro de téléphone de la mère au chasseur, afin qu'il puisse tenter d'arranger l'histoire sans passer par le tribunal. "C'est totalement illégal, rappelle l'avocat. L'enquête est secrète, on ne communique pas les éléments du dossier."

"Ça montre bien que pour eux, cette affaire n'est pas une infraction pénale" révèle-t-il. 

Et les rebondissements continuent : l'affaire est classée sans suite une première fois à cause du rapport des gendarmes qui omettait certaines informations utiles, par exemple le fait que la balle est entrée dans la maison. C'est l'intervention de l'avocat qui a permis d'avoir gain de cause.

"Les faits, un tir dans une chambre d'enfant, sont totalement annihilés par le fait que ce soit un contexte de chasse. Imaginons : si un gamin avait tiré en l'air dans une cité de banlieue, on imagine bien que la réponse judiciaire aurait été bien plus rapide et stricte."

"Dans les milieux ruraux, la chasse a un statut privilégié. Le fait qu'on appréhende de cette manière des comportements qui sont imprudents et dangereux, c'est très inquiétant." Julien Roelens, avocat des parties civiles. 

Le chasseur a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction du port d'arme.

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