Un pharmacien poursuivi pour avoir falsifié des ordonnances à Nancy
Un pharmacien de Vandoeuvre-lès-Nancy a été entendu par le tribunal correctionnel pour avoir rédigé des ordonnances, fraudé l'assurance maladie et négligé les traitements de patients, parfois fragilisés. L'escroc présumé a été dénoncé par une consoeur.

"Je voyais certains patients se dégrader parce qu'ils étaient privés de leur traitement", témoigne une ancienne employée de la pharmacie devant le tribunal correctionnel de Nancy. L'affaire est aussi grave qu'exceptionnelle.
Cette ex-apprentie décrit une "situation d'esclavagisme". Le gérant de l'officine était régulièrement absent. "Un jour, j'ai vu qu'il se vantait sur internet de faire la fête à Paris pendant que ses apprentis étaient seuls pour gérer la boutique ! J'ai alors décroché mon téléphone pour alerter l'Agence régionale de santé et l'Ordre des pharmaciens", raconte Laure Mallet-Misiak, professionnelle installée pas très loin du commerce de son confrère fraudeur présumé.
Témoignages accablants et procédure disciplinaire engagée
"Heureusement que des gens comme lui sont peu nombreux, mais ça me fait vomir", dit cette ancienne pharmacienne (elle a aujourd'hui revendu sa propre officine), deux ans après le début de l'affaire.
Après son alerte, l'Agence régionale de santé ouvre une enquête administrative, l'Ordre des pharmaciens s'intéresse au cas de ce mouton noir, et la justice s'en mêle. Plusieurs mois de procédure mettent au jour un système de fraude important.
Je ne pouvais pas laisser passer ça !" (la pharmacienne qui a donné l'alerte)
Le témoignage de Laure Mallet-Misiak, qui a dénoncé l'escroc présumé
Le gérant de la pharmacie produisait des fausses ordonnances, qu'il dérobait à sa mère médecin. En trois ans, le chiffre d'affaire de son commerce avait doublé. Préjudice pour l'assurance maladie estimé à 30.000 euros. Mais toutes les fraudes ne sont pas connues, selon le témoignage d'une partie civile pour la CPAM.
L'avocat du pharmacien peine à défendre son client, qui a tenté d'enfoncer ses anciens employés pour justifier ses graves manquements à la déontologie.
Le procureur de la République a requis un an de prison avec sursis et une interdiction d'exercer la profession de pharmacien pendant cinq ans. Le tribunal correctionnel de Nancy rendra son jugement le 15 mai 2019.
Parallèlement à ce procès, le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens a engagé une procédure disciplinaire. Devant ses pairs, l'homme risque une interdiction définitive de gérer une officine.