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Une cérémonie chargée d'émotion pour commémorer les 20 ans de la tuerie de Tours
La cérémonie d'hommage aux victimes de la tuerie de Tours, organisée par la ville, se déroulait ce vendredi matin, près du boulevard Beranger. Un moment de recueillement plein de sobriété pour ne pas oublier. Les Tourangeaux étaient invités à déposer une rose blanche devant la stèle.

Une cérémonie de recueillement s'est tenue ce vendredi 29 octobre, boulevard Béranger à Tours, 20 ans après la tuerie de Tours. Le 29 octobre 2001, Jean Pierre Roux-Durraffourt, tuait quatre passants dans les rues du centre-ville et en blessait sept autres. Il sera condamné en 2005 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Pour commémorer le 20e anniversaire de ce tragique événement, et pour la première fois, c'est la ville de Tours qui organisait la cérémonie. Elle s'est déroulée de manière sobre, en présence des familles de victimes, de policiers, d'élus.... Au total, 150 personnes y ont participé, toutes regroupées sous les barnums installés pour l'occasion. Lors de son discours, Emmanuel Denis, le maire de Tours, a précisé que même "si la souffrance est individuelle, personnelle, intime, elle doit être portée collectivement".
La cérémonie a ensuite été marquée par une minute de silence et un dépôt de gerbe. Les Tourangeaux étaient ensuite invités à déposer une rose blanche devant la stèle. Philippe, un ami d'une des victimes, précise qu'il "fallait être là. Je n'ai pas dormi de la nuit, mais je me devais d'être là, par solidarité aussi avec les autres victimes".
Pour moi, c'était hier. Thierry, il est plus là et je ne le reverrai plus. Et il ne méritait pas ça - Katia Breton, veuve de Thierry Enguerrand, tué par Jean-Pierre Roux-Durrafourt
Pour Danièle Gasq, qui a perdu son mari dans la tuerie, "la ville a vraiment bien fait les choses". Une dame est venue me voir pour me dire qu'elle avait vu mon mari ce jour-là. Personne ne doit oublier, c'est comme un attentat".
Katia Breton, elle, avait 28 ans lorsque son mari, Thierry Enguerrand, a été tué par Jean-Pierre Roux-Durraffourt. À l’époque, le couple a deux enfants. Une fille de 4 ans, et un petit garçon de 18 mois. Elle était présente ce vendredi matin à la cérémonie d’hommage aux victimes, mais sans doute pour la dernière fois. Elle s’est confiée à Jean Lebret.
Dans quel état d'esprit êtes-vous vingt ans ?
Il y a beaucoup de chagrin, il y a beaucoup de souffrance. On ne peut pas oublier. Cette stèle, située près du boulevard Béranger, c’est toujours difficile à regarder, toujours difficile à voir. Aujourd'hui, j'y passe très, très peu. Mes enfants, plus du tout. Mon fils, qui a travaillé en face pendant un certain temps, c'est très compliqué pour lui. Mais après, il y avait besoin peut être de faire cette commémoration pour qu'on se retrouve et qu’on sache vraiment ce qui s'est passé ce jour-là. C’est important pour ne pas oublier nos morts. Après, je vous dirai que pour nous, ce sera la dernière année. Il y en aura plus, car c'est trop de souffrance, même si aujourd'hui, Thierry sera toujours en nous. Je n'ai pas besoin de tout ça. Les enfants, encore moins.
Ce sera la dernière année de cérémonie pour nous. Il y en aura plus, car c'est trop de souffrance, même si aujourd'hui, Thierry sera toujours en nous.
Vous avez participé à toutes les cérémonies jusqu'à présent ?
On est là tous les ans oui. On était là pour le 10 ème anniversaire, le 15ème..... On se retrouvait avec les proches des victimes. Il y avait une association à cette époque-là. Mais oui, on s'est toujours retrouvés pour la cérémonie. Et après, on se retrouvait au cimetière.
Mais là, vous dites stop, c'est trop difficile ?
Là, c'est trop difficile. Moi, j'ai des enfants comme je vous dis, qui ont 25 ans et 21 ans et qui étaient bien sûr beaucoup plus jeunes à l'époque (18 mois et 4 ans). Dans les années qui ont passé après, le manque de papa a été très important et pour ma fille, c'était encore pire que tout. Donc aujourd'hui, on dit stop. On dit au revoir pour les 20 ans. C'est vrai que cet individu sortira peut-être probablement dans deux ans. Ce que je ne souhaite pas. J'espère qu'il ne sortira jamais. J'espère que la justice fera son travail, et n’autorisera pas sa sortie de prison. J’espère qu’il aura la décence de ne pas venir vivre en Indre-et-Loire, s’il sort de détention. Si jamais il sort, parce que j'ai peur. J'ai peur. J'ai peur pour mes enfants, j'ai peur pour la population. J'ai peur parce qu'il est capable de recommencer. Et ça, ce serait immoral. Donc, il va sortir. Il n’est pas si vieux que ça. Et s'il est encore apte dans sa tête et dans son corps. Il peut recommencer.
J'espère qu'il ne sortira jamais. Il peut recommencer
Les familles seraient prêtes éventuellement à engager une procédure pour empêcher sa sortie ?
Je ne sais pas. Peut-être. Il faut qu'on se concerte. Mais moi, je fais confiance à la justice. Et si la justice fait vraiment son travail, ils ne le laisseront pas sortir. Peu importe ce qui peut lui arriver. Sa santé m’importe peu. Moi, ce qui m'importe, c'est mes enfants avant tout.
Le fait que la mairie de Tours décide pour la première fois d'organiser elle-même cette cérémonie, c’est une bonne chose ?
Je trouve ça très bien. Il n’y a rien eu pendant 20 ans, du côté de la municipalité. Moi-même, je suis Atsem à la ville de Tours. Ils ont fait un beau geste. Je les remercie beaucoup. Je remercie aussi Soraya Tilly (fille d’une victime) qui est quand même à l'initiative de cette cérémonie. One pourra pas oublier. Quoiqu'il arrive, on n'oubliera jamais. Moi, je vis avec cette douleur, cette souffrance, ce manque. Ça ne change rien parce que pour moi, c'est hier ce qui s'est passé. Thierry, il est plus là et je ne le reverrai plus. Et il ne méritait pas ça.
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