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"J'ai vu une pochette Hermès dépasser" : une jeune de 19 ans condamnée pour un vol à 100.000 euros à Bordeaux
Une jeune femme de 19 ans était jugée en comparution immédiate par le tribunal de Bordeaux ce mercredi, après avoir volé des objets d'une valeur de près de 100.000 euros dans une voiture. Elle a été condamnée à 8 mois de prison, dont 4 avec un sursis probatoire. La peine s'effectuera à domicile.

C'est une toute petite femme, au visage enfantin, qui apparait dans le box des accusés. Enfoncée dans une doudoune sans manches, elle envoie un enjoué salut de la main à sa famille présente dans la salle d'audience. Jade R, 19 ans à peine, a été jugée en comparution immédiate par le tribunal judiciaire de Bordeaux mercredi 22 décembre. Elle a été reconnue coupable de vol aggravé en récidive et d'escroquerie, après avoir dérobé des objets d'une valeur de près de 100.000 euros dans une voiture du parking souterrain des allées Tourny, à Bordeaux. Avec l'aide d'une amie, elle a aussi volé des cartes bancaires dans la même voiture, et retiré 2.200 euros en liquide. Le tribunal la condamne à quatre mois de prison ferme, effectués sous bracelet électronique à son domicile, et quatre mois avec un sursis probatoire. Elle a obligation de réparer les dommages causés à la victime et de rechercher un travail dans les deux ans.
Tout le monde a un brise-vitre dans sa voiture, non ? - Jade R., reconnue coupable de vol aggravé
Tout au long de l'audience, Jade R. explique son geste avec une certaine légèreté dans la voix, répondant du tac au tac au président du tribunal sans prendre en compte la portée de ses mots. Elle reconnait les faits sans détour. "Je suis avec une copine à moi dans le parking, et là on voit dépasser une pochette Hermès du coffre d'une voiture", explique-t-elle. La jeune femme, en possession d'un marteau brise-vitre, le confie à son amie qui brise les fenêtres de la voiture. À son retour, le propriétaire du véhicule signale immédiatement l'infraction à la police. À l'aide des images de vidéo-surveillance, ils identifient Jade R., déjà connue de leurs services pour des faits similaires.
Une patrouille se rend au domicile de sa mère et l'interpelle au volant d'une voiture, sans permis, vers 2 heures du matin. Dans la maison, la plupart des objets volés sont retrouvés, ainsi qu'un deuxième marteau brise-vitre. "Y a rien de suspect avec ça, tout le monde en a un dans sa voiture, non ?", demande la jeune femme. Jade R. réussit ensuite à revendre certains des ordinateurs volés auprès l'un de ses contacts dans le quartier du Grand Parc, à Bordeaux. "Je sais, je fais parfois des bêtises, il serait temps que j'arrête", avoue-t-elle. Préférant d'abord taire le nom de sa complice, elle avoue finalement en pleine audience que c'est l'une de ses amies de longue date qui l'a aidée.
Une "dernière chance"
"Ce n'est pas une délinquante très difficile à convaincre", note la procureure au moment de ses réquisitions. La représentante du ministère public rappelle le contexte, et le profil de la jeune prévenue déjà "très connue de la justice des mineurs", avec huit condamnations du haut de ses 19 ans. Une déscolarisation à 16 ans, un père tué lors d'un règlement de comptes entre trafiquants de drogue, un frère en prison et une mère qui vit uniquement grâce aux minimas sociaux. "Quelle tristesse, cette histoire de vie...", s'émeut la procureure. "Jade R. s'est inscrite dans une délinquance d'habitude, la preuve avec ces deux brise-vitre qu'elle garde précieusement chez elle. Mais j'ai toujours espoir qu'un suivi judiciaire aura le rôle d'une main tendue, ce sera sa dernière chance." Elle requiert dix mois de prison, dont cinq avec un sursis probatoire.
Une peine que l'avocat de la prévenue, Maître Arnaud Bayle, veut voir aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique. "Il faut essayer ce qui n'a jamais été fait pour elle", clame-t-il. "Jade R. a passé une enfance pendant laquelle elle ne va pas à l'école, mais au tribunal des enfants. Ce n'est pas elle qui a choisi cette vie-là." Pour l'avocat, ce délit dévoile "deux réalités qui s'opposent : le monde des riches, qui vivent dans le XVIe arrondissement de Paris et viennent sur la Côte Basque pour passer Noël et le monde beaucoup plus dur dans lequel a vécu ma cliente, avec un père assassiné dans un règlement de comptes et un frère en prison." Maître Bayle aura été entendu sur l'aménagement de la peine, qui s'effectuera bien à son domicile pour "l'empêcher de sortir la nuit". L'audience pour statuer sur les demandes de la partie civile se tiendra le 17 mars 2022.