VIDEO - Le procès de l'affaire Merah s'ouvre lundi, ce qu'il faut savoir
Le procès d'Abdelkader Merah et de Fettah Malki s'ouvre ce lundi 2 octobre devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Au cœur du procès : les complicités dont aurait bénéficié Mohamed Merah dans sa folie terroriste à Montauban et à Toulouse, à commencer par celles de son frère aîné Abdelkader.

Il y a cinq ans et demi, entre le 11 et le 22 mars 2012, le jihadiste Mohamed Merah semait l'effroi en tuant sept personnes - trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs - à Montauban et à Toulouse.
Si le "tueur au scooter", abattu par le Raid le 22 mars 2012, ne répondra jamais de ses actes, le procès de deux de ses complices présumés, Abdelkader Merah et Fettah Malki, s'ouvre ce lundi 2 octobre devant la cour d'assises de Paris. Verdict attendu le 3 novembre.
Qu'est-il reproché à Abdelkader Merah, le frère aîné ?
Incarcéré depuis mars 2012, le frère de Mohamed Merah est poursuivi pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste".
Abdelkader Merah est soupçonné d'avoir aidé son frère à préparer ses tueries, "au nom d'un groupe affilié à Al Qaida", notamment en participant au vol du scooter de grosse cylindrée utilisé par Mohamed Merah pour les crimes à Montauban et à Toulouse, quelques jours avant la tragédie.
Abdelkader Merah est aussi jugé pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes". Il est en fait soupçonné d'avoir été le mentor de son frère cadet.
L'homme aujourd'hui âgé de 34 ans faisait partie d'un "groupement affilié à Al Qaida prônant un islamisme jihadiste" et aurait délivré des "conseils opérationnels" à son frère. L'un des enjeux du procès est de savoir si Mohamed Merah a agi dans l'ombre de son frère.
L'enquête a mis en lumière les nombreuses rencontres entre les deux hommes "les jours ou veilles de jours où Mohamed Merah commettait ou préparait" ses attaques : au moins cinq rencontres entre le 11 mars, jour du premier assassinat, et le 18 mars, veille de la tuerie à l'école juive de Toulouse.
Que risque-t-il ?
Abdelkader Merah encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Son avocat Maître Dupont Moretti compte démontrer au procès qu'aucun élément matériel ne le relie aux crimes de son frère.
De quoi Fettah Malki, l'autre accusé, est-il soupçonné ?
Autre accusé : Fettah Malki, un délinquant toulousain du quartier des Izards âgé de 33 ans, est lui renvoyé aux assises pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Il a reconnu avoir fourni à Mohammed Merah, "dont il connaissait l’idéologie radicale" selon l'accusation, un pistolet mitrailleur Uzi, des munitions et le gilet pare-balles que portait Mohamed Merah lors de l’assaut des policiers du Raid.
Fettah Malki encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Pour ses avocats, Fettah Malki n'était pas au courant des folles intentions de Mohamed Merah.
Un non-lieu a en revanche déjà été rendu pour Mohamed Meskine qui était soupçonné d’avoir aidé les deux frères à voler le scooter.

En quoi ce procès est-il exceptionnel ?
Le procès de l'affaire Merah, qui se tient du 2 octobre (lundi prochain) au vendredi 3 novembre devant la Cour d'assises de Paris, va durer cinq semaines.
C'est le 1er procès de cette nouvelle forme de terrorisme islamiste en France.
La Cour sera exclusivement composée de magistrats professionnels et non d'un jury populaire, conformément à ce que prévoit la loi pour les actes de terrorisme.
Un procès hors-norme de par ces chiffres :
- 24 jours d’audience
- 117 tomes de procédure
- 232 parties civiles
- 23 avocats
- 49 témoins et 11 experts cités
- 139 journalistes accrédités.
Le procès Merah sera-t-il finalement filmé ?
Non. Trois familles de victimes de Mohamed Merah avaient demandé le 8 septembre que le procès du frère du tueur au scooter soit filmé et enregistré pour "sa portée historique".
Cette requête a été rejetée 15 jours plus tard par la première présidence de la cour d'appel de Paris, qui considère que le procès "ne présente pas un intérêt proprement dit pour les archives historiques de la justice", le procès ayant à juger "un complice présumé", et non Mohamed Merah lui-même.
Me Olivier Morice, l'avocat de la famille de l'une des sept victimes de Merah, a annoncé qu'il déposerait un recours en cassation.
Depuis la loi Badinter de 1985, qui autorise "l'enregistrement audiovisuel ou sonore de l'intégralité des débats", seuls les procès de Klaus Barbie, Paul Touvier, Maurice Papon, du sang contaminé, de l'usine AZF, de 14 militaires de l'ex-junte chilienne en 2010 et d'un génocidaire rwandais en 2014 ont ainsi été filmés.
