Procès Lelandais : ce que l'enquête doit à la ténacité des parents d'Arthur Noyer
Ce 3 mai débute, à Chambéry, le premier procès de Nordahl Lelandais, accusé du meurtre d'Arthur Noyer, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017. C'est le début d'une très longue quête pour les parents du jeune caporal, Cécile et Didier Noyer.
Le 12 avril 2017, au petit matin, le jeune caporal Arthur Noyer est absent de son tour de garde, au 13e BCA (Bataillon des Chasseurs Alpins) basé à Balby, en Savoie.
Sa disparition est immédiatement signalée à la gendarmerie, une enquête pour "disparition inquiétante" est ouverte. Dès l'annonce de la nouvelle, sa famille se mobilise et particulièrement ses parents, Cécile et Didier Noyer. Depuis le premier jour, ils sont persuadés que leur fils ne serait pas parti seul, ni n'aurait déserté l'armée qu'il aimait tant. Il a du lui arriver quelque chose de grave.
Alors ils se mobilisent. Originaires de Bourges, ils viennent s'installer à Chambéry, où ils collent partout dans la ville des affichettes avec la photo de leur fils.
En mai, la mobilisation constante
Un mois après, ils n'ont aucune nouvelle de l'enquête, alors Cécile Noyer lance cet appel, le 17 mai, sur France Bleu Pays de Savoie : "c'est difficile, on attend tous les jours. Ils vont nous appeler, on va avoir un coup de fil, ils l'ont retrouvés... C'est interminable !" témoigne-t-elle, la voix plein d'émotion.
Quelques jours plus tard, ils organisent une marche blanche autour du Carré Curial, là où Arthur a passé sa dernière nuit en discothèque. Les copains chasseurs alpins sont présents, à l'image du sergent Antoine Parioleau. "C'est l'un d'entre nous, on est tous touchés. On attend des nouvelles, on fait le deuil de personne ! Et quand il reviendra, ou quand on le retrouvera, on sera là!" dit-il.
Septembre, cinq mois sans nouvelles
Enlèvement... trafic d'organes.. les rumeurs les plus folles circulent, mais rien de concret. Les parents et Quentin, le frère, ne croient toujours pas à une disparition accidentelle. Didier, le papa : "C'est le grand vide, c'est le néant, c'est le désespoir. C'est le sentiment qu'on nous leurre" confie-t-il, la voix éteinte. "On n'en peut plus" renchérit la maman, Cécile, "on se dit, est-ce qu'ils font leur boulot ? ça va faire cinq mois et il est toujours disparu" sanglote-t-elle.
Et, comme si ce n'était déjà pas assez douloureux, l'armée considère Arthur Noyer comme un déserteur. "L'armée se comporte mal !" s'emporte Didier Noyer, le papa, "par contre, ses frères d'armes, jusqu'au colonel, on sait qu'on est reçu" s'effondre-t-il, en larmes.
Décembre, la terrible nouvelle
Il faut attendre le 21 décembre 2017, pour enfin comprendre qu'Arthur Noyer n'a pas croisé n'importe qui la nuit de sa disparition. À la stupéfaction générale, on apprend qu'il a été pris en stop par l'homme qui est incarcéré après la mort de la petite Maëlys.
Thierry Dran, le procureur de Chambéry : "Durant sa garde à vue, Nordahl Lelandais contestait l'ensemble des faits qui lui sont reprochés".
"Arthur mon grand, nous sommes fiers de toi et nous t'aimons tellement fort !"
Pour les parents, le choc est immense. "Arthur mon grand, nous avons toujours eu l'espoir de te revoir un jour, mais là nous savons que nous ne te reverrons plus jamais. Une dure et douloureuse réalité. Je ne trouve pas de mot ni le courage pour exprimer notre immense chagrin. Nous allons continuer à nous battre pour toi, pour que la vérité éclate. Nous sommes fiers de toi et nous t'aimons tellement fort ! Alors essaie de reposer en paix" déclare sa maman, en larmes, le soir même.
Un combat pour la vérité
Leur combat n'est pas terminé. C'est un combat pour la vérité.
En février 2018, Cécile et Didier Noyer interpellent, par médias interposés, l'homme qui nie avoir tué leur fils : "cette toute puissance là, il est hors de question qu'on te la laisse. T'arrête de narguer. On ne va pas donner une autre victoire à quelqu'un qui nous a détruit" prévient Didier Noyer.
Le 29 mars 2018, presqu'un an après les faits, après avoir menti lors de huit interrogatoires, Nordahl Lelandais finit par avouer qu'il a tué Arthur Noyer. Ce 3 mai, devant la cour d'assises de la Savoie, à Chambéry, va s'ouvrir son procès. Cette fois encore, Didier et Cécile Noyer seront là, dignes, pour e battre pour leur fils, encore une fois.