Violences intra-familiales : une cellule de gendarmerie spéciale créée au Pays Basque
La compagnie de gendarmerie de Bayonne vient de créer une cellule dédiée à l'accompagnement des victimes de violences intra-familiales. Une première en Nouvelle-Aquitaine.
Sécurisation et Accompagnement de la Famille et de l'Enfant. SAFE. C'est le nom donné à cette cellule créée par la compagnie de gendarmerie de Bayonne. C'est une première en région Nouvelle-Aquitaine. Il existe, depuis un certain temps déjà, des référents dans les brigades où des militaires se sont portés volontaires. Là, c'est la première fois qu'une cellule y est dédiée. Composée de quatre titulaires et de trois suppléants, elle est chargée - au-delà des auditions - d'accompagner les victimes de violences intra-familiales. Nous avons rencontré les acteurs de cette cellule à l'occasion de la Journée mondiale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes célébrée ce mercredi 25 novembre 2020.
Formation spéciale
Les membres de la cellule SAFE ont été spécialement formés pour accompagner les victimes de violences "et on continue de suivre des formations" explique l'adjudant Xavier Leroux, référent de la cellule. Car c'est un sujet sensible. "Là où une audition normale prend une demi-heure, nous allons passer trois heures avec la victime pour installer un lien de confiance et pouvoir l'accompagner comme il se doit."
Depuis la création de la cellule SAFE le 1er juillet dernier, une permanence est mise en place 24h/24 et 7 jours sur 7 : à chaque fois qu'il y a une intervention pour des violences intra-familiales sur le territoire couvert par la compagnie de gendarmerie de Bayonne, un membre de la cellule est appelé en renfort.
Nous recueillons les plaintes et nous accompagnons les victimes - Adjudant Xavier Leroux
"Les gens n'ont pas conscience des drames qui se jouent lorsque les volets se ferment" déplore Xavier Leroux. L'adjudant se souvient des cauchemars d'un jeune garçon témoin des violences infligées par son père à sa mère qui lui faisait du chantage au suicide. "Avec sa sœur, il imaginait son père pendu dans la salle à manger. Il en faisait des cauchemars récurrents. On appelle cela de la violence psychologique. On n'a pas le droit de laisser ces enfants seuls et avec ces cauchemars-là."
"Nous accompagnons les victimes, et ça, c'est quelque chose de nouveau au niveau de la gendarmerie" — Adjudant Xavier Leroux, référent de la cellule SAFE
200 plaintes pour violences au parquet de Bayonne
En 2019, le parquet de Bayonne a traité 200 dossiers pour des violences conjugales, soit quatre par semaine en moyenne. Parallèlement, le "Réseau violence" du Pays Basque (qui réunit neuf associations et structures d'aide aux victimes) a accompagné 448 femmes victimes de violences au sein de leur couple, qu'elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, économiques ou administratives.
Une quarantaine d'hébergements d'urgence
Depuis le Grenelle sur les violences, l'association Atherbea qui coordonne le "Réseau violence", a bénéficié d'un financement supplémentaire de l'Etat pour augmenter le nombre d'hébergements d'urgence au Pays Basque. On en compte désormais une quarantaine situés sur le BAB, le sud Labourd mais également en Amikuze. Par ailleurs, l'Etat peut financer des nuits d’hôtel à hauteur de 25 euros par jour. Mais cela n'est pas toujours suffisant. Pendant le premier confinement, le réseau a dû faire appel à la solidarité citoyenne : des habitants ont ouvert leur porte pour mettre à l'abri des femmes avec enfants qui subissaient des violences au sein de leur couple.