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- PORTRAIT - André Deljarry, président de la CCI de l'Hérault : "rien n'est impossible dans la vie"
PORTRAIT - André Deljarry, président de la CCI de l'Hérault : "rien n'est impossible dans la vie"
Pendant les fêtes de fin d'année, nous recevons une personnalité de l'Hérault, que l'on fait habituellement réagir sur l'actualité, pour un entretien plus personnel. Qui se cache derrière André Deljarry, président de la CCI, la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Hérault ?

André Deljarry, président de la CCI, la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Hérault se confie au micro de France Bleu Hérault. Le travail qui prend tant de place dans la vie, sa famille et sa fierté des parcours de ses fils Julien et Nicolas. Quel homme se cache derrière la fonction ? Entretien.
Quel était votre rêve quand vous étiez petit ? Est-ce que vous êtes l'homme que vous aviez rêvé d'être ?
Je suis très content et très fier d'avoir réalisé ce que j'ai réalisé. Après, je me demande si j'avais vraiment choisi un chemin. Par mes études, j'avais choisi la comptabilité et le commerce, j'ai fait un bac commercial comptabilité, mais je ne me suis pas posé autant de questions.
Mais vous étiez quel petit garçon ? Est ce que vous jouiez au marchand, par exemple ?
Ah oui ! Mais c'est marrant parce que j'habillais souvent mon petit frère, je faisais le couturier, je lui faisais des habits... Est-ce que j'avais une vocation ?
"J'allais en culottes courtes dans les petits supermarchés de Michel Molor à Mazamet."
Après, comme je venais d'un territoire de La Bruyère Mazamet, il y a l'histoire de Michel Molor, et j'allais en culottes courtes dans les petits supermarchés de Michel Molor. Est-ce que c'est cela qui m'a donné une vocation ? Je n'en sais rien, peut-être.
J'ai regardé votre CV. Vous étiez très jeune, déjà entrepreneur, puisqu'à 17 ans, vous devenez sous-directeur d'un centre de vacances. À 24 ans, directeur d'un Intermarché puis plusieurs à Alès et Nîmes. Vous avez vraiment ça dans le sang.
Exactement. Conquérir, regarder, passionner.
Pourquoi avez-vous avez quitté le Tarn ?
Oui, je suis parti en 1976, j'avais 20 ans. À 20 ans, je me suis dit : "il faut que j'écrive ma route, mon chemin" et j'ai toujours vécu des moments extraordinaires. Pour résumer mes plus de quarante ans de travail, il me semble que je n'ai jamais travaillé alors que j'ai travaillé plus que personne, du matin au soir, de 4 heures du matin parfois à 22 heures, les samedis et dimanches.
"Je suis né pour le travail. Je ne peux pas m'en passer."
Mais je suis un passionné à la base et c'est la passion qui apporte le fait que je puisse travailler. Je ne me suis jamais arrêté, j'ai dû m'arrêter deux jours parce que j'ai eu le Covid en octobre, mais sinon, jamais.
Vous êtes indéniablement un gros bosseur. Qu'est-ce que le travail représente pour vous ?
Honnêtement, je ne peux pas m'en passer. Je suis né pour le travail. Je dois encore faire douze heures par jour, mais je m'éclate. Je me régale, je suis passionné pour l'élaboration d'entreprises, aujourd'hui par rapport à mes fils, que soit Nicolas ou Julien, ma passion, c'est de donner aux autres. À l'époque, ma passion c'était de créer mon propre univers et de faire des rencontres.
"J'ai rencontré mon épouse sur les planches de théâtre."
Mon épouse, je l'ai rencontrée sur des planches de théâtre, mon patron que j'ai connu à Intermarché, je l'ai rencontré en boîte de nuit. Les rencontres me donnent la voie, me donnent mon chemin et ça m'éclaire tout le temps. J'ai eu beaucoup de chance qui est liée à beaucoup de travail.
Vous avez fait du théâtre ?
Oui, c'était mon patron avec son épouse en 80, qui avaient monté une troupe de théâtre bénévole sur Alès, dans le Gard. Ils avaient monté la comédie musicale Mayflower. Au départ, je n'étais pas programmé pour être sur les planches, on m'avait appelé pour chercher des financements pour la troupe. Et puis, le jeune homme qui jouait l'amoureux a eu un accident, il avait un plâtre, et donc il ne pouvait pas jouer la pièce. Je l'ai remplacé au pied levé et c'est comme ça que j'ai connu mon épouse puisque c'était elle qui me donnait la réplique sur les planches.
C'est une jolie histoire à raconter à vos enfants et petits enfants. Ce sont les noces d'émeraude bientôt ?
Oui, on va fêter nos 40 ans de mariage en août prochain.
La famille, c'est important. Comment s'organise-t-on pour lui laisser de la place quand on travaille douze heures par jour minimum ? Étiez-vous un papa lointain ?
Aujourd'hui, je suis un papa proche, mais j'ai été un papa lointain à cause du travail. Mais, mes enfants voient ce qu'on a, ce que j'ai réalisé et ils sont très fiers. Je sens qu'ils veulent prendre cette graine pour montrer qu'eux aussi ils peuvent aller loin et faire de très belles choses. Ils sont tous les deux chef d'entreprise ou cadre dirigeant. Mais vous savez, la présence ce n'est pas le nombre d'heures, c'est la présence importante au moment où l'enfant en a besoin.
Quels sont ces moments ? Lorsque c'est compliqué pour eux ?
J'en ai un avec qui ça a été plus compliqué parce qu'il travaillait moins bien à l'école, il fallait plus le suivre et j'en ai un qui a fait l'école parfaite. Mais maintenant, il y a les belles-filles qui arrivent et les petits enfants, c'est une belle histoire de vie que l'on vit au quotidien et que je trouve formidable.
"Ce que je n'ai peut-être pas fait avec mes enfants sur le départ de vie, je pense qu'avec mes petits enfants, il ne faut pas louper."
Une petite-fille et un petit-fils, c'est la vie. Et ce que je n'ai peut-être pas fait avec mes enfants sur le départ de vie, je pense qu'avec mes petits-enfants, il ne faut pas louper.
Vous avez des regrets par rapport à vos fils?
Non, pas de regrets. J'en aurais s'ils avaient une carrière qui ne correspondait pas à ce que j'aurais souhaité.
Quand même, vous avez eu des exigences de père ?
Ah oui ! Je suis chef d'entreprise depuis toujours et je pense qu'être chef d'entreprise, créer sa société, créer sa boîte, employer des personnes, participer à la vie active d'un territoire, c'est prépondérant. Alors après, si l'un d'eux n'avait pas choisi cette voie, s'il avait choisi le théâtre ou autre chose, on l'aurait suivi, on l'aurait accompagné de la même façon. Mais par chance, ils ont suivi le même cursus que moi. Et pourtant au départ, j'ai mon fils Nicolas, qui était parti DJ à Miami pendant cinq ans, mais il est revenu et maintenant il a un restaurant, trois salles de sport et tout va bien. Je suis fier, il a quand même mixé à Mansion, une des plus grosses boîtes de Miami avec 3.000 personnes. C'est bien.
Vous avez le sens du défi dans la famille ! C'est quelque chose que vos parents vous ont légué ?
Non, pas du tout. Mon père m'a légué la valeur du travail. Et ma maman, c'est surtout ce qu'elle n'avait pas pu faire.
Qu'est-ce qu'elle n'a pas pu faire ?
Tout ce que je fais, tout simplement ! Elle avait envie de voir des grands commerces, de diriger, mais quand vous avez cinq enfants, c'est très compliqué, mais elle se voyait beaucoup en moi par rapport à ce que je réalisais. Donc, je pense que cette force que j'ai en moi, je la tiens de ma maman et de mon père au niveau du travail.
Vous disiez que vous êtes plus présent pour les petits-enfants. Concrètement, vous organisez-vous ?
Je me suis mis une règle qui a été claire quand j'ai arrêté le groupement Intermarché, c'est de prendre les vacances scolaires pour être bien et les week-end, le samedi et le dimanche. Vous pouvez être président de chambre de commerce et déléguer les missions de représentation aux vice-présidents les week-ends. D'ailleurs, tous les dirigeants le savent, tout le monde sait comment je fonctionne et ça fonctionne très bien.
C'est comme ça que vous vous assurez un certain équilibre ?
Il est impératif. Moi, j'ai toujours prôné trois équilibres, la cellule familiale, la cellule amicale et la cellule du travail. Pour moi, c'est trois fois trente et les dix restant, c'est le jardin secret de chacun. On fait un peu ce qu'on a envie de faire au niveau de sa pensée et de sa lecture.
Et que faites-vous ?
C'est l'été, la plage, le farniente, les balades en bord de mer avec mon épouse, on marche dans l'eau, on se parle ou on ne se parle pas et c'est bien. Notre coin, c'est le Cap d'Agde, mais aussi la côte basque et de l'autre côté, Cannes, Monaco. Et puis, il y a la montagne à Val Thorens.
"La nature me permet d'entendre le silence que je n'ai pas toute l'année."
La nature est importante, elle me permet de me ressourcer et d'entendre le silence que je n'ai pas toute l'année. C'est un lieu de repos et de réflexion. Ça permet de faire un arrêt sur image et de pouvoir encore mieux repartir après la saison. Jusqu'en 2006, c'était tout le temps, il n'y avait pas d'arrêt, rien. En 2006, quand j'ai vendu mon magasin, quand j'ai arrêté la grande distribution, j'ai eu un déclic, j'ai dit oui pour continuer, mais pas de la même façon. Depuis, on prend toutes les vacances scolaires.
On dit de vous que vous êtes dur en affaires.
Oui, c'est ce que j'ai appris sur les bancs d'école, ce sont les règles de négociation. C'est vrai que j'ai un faciès qui n'est pas toujours rigolo avec un certain aplomb. Dans la négociation, vous êtes deux, il faut que personne ne se sente volé. Il faut que les deux personnes partent contentes de l'affaire qu'elles ont signée. J'avoue que pendant que j'étais à la grande distribution, c'était un peu moins le cas. Et j'avoue que maintenant, je le traite d'une autre façon en essayant d'être un petit peu moins dur dans l'approche par elle-même et d'essayer de regarder que l'autre aussi s'en sorte.
Faites-vous partie des gens qui travaillent même la nuit ?
Oui ! D'ailleurs, dans toutes les pièces, dans mon dressing, la cuisine, mes bureaux, il y a un bloc-notes avec un stylo dessus et ça m'arrive de me lever la nuit, d'aller écrire quelque chose et me recoucher, pas de problème pour me recoucher. Il y a des idées qui passent comme ça dans la nuit, il ne faut pas les louper. La nature nous a donné tellement de belles choses, un cerveau bien fait avec lequel on peut créer, être imaginatif. Regardez par exemple, quand on a créé la Fête des Lumières à Montpellier, c'est la chambre de commerce et aujourd'hui, c'est plus de 400 000 personnes qui viennent sur trois jours. Je voulais une grosse animation pour Noël, quand on est allé voir la Fête des Lumières à Lyon, j'ai trouvé ça tellement extraordinaire. Et là, on peut faire travailler les écoles de Montpellier sur des édifices tellement magnifiques.
Quelle est votre plus belle victoire ?
D'abord, ce sont mes enfants et mon épouse. C'est aussi d'avoir créé mon premier magasin à l'âge de 30 ans. J'ai plein de victoires, c'est mon fils qui est président du MHB, on a sauvé le Montpellier Handball il y a sept ans avec, rappelons nous, les affaires Karabatic, on l'a sauvé avec une quinzaine de chefs d'entreprise. Moi, je trouve que c'est super. J'aurais aimé animer un club, c'est mon fils qui le fait et c'est très bien. Julien a son histoire, Nicolas a son histoire, mon épouse a la sienne, elle fait beaucoup la décoration. Voilà. Chacun a son histoire et on se retrouve tous pour vivre ensemble et on se raconte de très belles histoires que nous vivons ensemble, au quotidien, tout simplement.
Quel est votre plus grand échec ?
Mon plus grand échec, c'est d'avoir fermé les entreprises, ça m'est arrivé deux fois à Juvignac et à Lodève. C'est toujours dur pour les employés. C'est toujours des moments pénibles parce que lorsqu'on a cet esprit conquérant, on n'aime pas fermer. L'objectif, c'est de savoir rebondir.
"Trébucher, ce n'est pas grave. Ce qui est important, c'est de se relever."
Vous avez le droit de trébucher, mais vous avez le droit de vous reprendre et de recréer quelque chose et de rebondir de façon très belle au niveau du monde de l'entrepreneuriat. Trébucher, ce n'est pas grave. Ce qui est important, c'est de se relever et de faire encore et encore de belles choses.
Vous avez des regrets ?
Je ne sais pas. Je n'en ai pas beaucoup parce que je souhaiterais à tout le monde de vivre la vie que je vis. Je suis très heureux. Marié depuis 40 ans, j'adore ce que je fais. Je n'étais pas prévu pour être président du Medef il y a 14 ans et pourtant, je suis devenu président du Medef. Je n'étais pas prévu pour être président de la chambre de commerce, ça fait dix ans que l'histoire dure, d'abord en tant président de Montpellier, après président de l'Hérault et aujourd'hui, premier vice-président de l'Occitanie, je m'éclate dans tout ce que je fais.
"Avec Georges Frêche, Montpellier m'a donné beaucoup."
Avec Georges Frêche, Montpellier m'a donné beaucoup. J'ai pu créer plus de dix supermarchés à l'époque et aujourd'hui, il me semble que c'est le moment de redonner au territoire qui m'attend donné. J'aurais pu partir à l'époque. J'avais reçu un gros chèque (en 2006, au moment de la vente de son magasin) et j'aurais pu partir au Luxembourg. Certains de mes copains l'ont fait, au Luxembourg ou au Portugal, moi j'ai envie de redonner à mon territoire. C'est pour cela par exemple que je donne mes émoluments de président de chambre de commerce pour les domaines du sport et de la culture.
Des regrets de ne pas avoir fait de la politique ?
Mon épouse était complètement vent debout contre la politique.
Pourquoi ?
Parce qu'elle sait très bien que la politique vous mange complètement, que c'est vraiment un sacerdoce. C'est du temps. Je pense d'ailleurs que nos élus ne sont pas assez reconnus par leurs missions qu'ils mènent au quotidien. Je n'ai pas de regret là-dessus, car je n'ai eu que des cadeaux de la vie, j'ai eu la chance d'avoir de très belles rencontres, mon patron en boîte de nuit, mon épouse sur les planches... Mais les rencontres, il faut savoir les provoquer, il faut aller au combat. Vous savez, quand j'ai été pris par le patron d'Intermarché à Alès en 1980, il m'a dit " Je t'embauche, mais il faut que tu rencontres mon beau-père". Je rencontre le beau-père et il me dit "Pourquoi tu es venu dans notre groupement ?" "Pour travailler. Pour essayer de manager les magasins de votre genre." "Oui, mais encore plus précisément. Est-ce que tu es venu pour créer ton entreprise ?" " Mais monsieur, je n'ai pas d'argent." " _Sache que dans le groupement des Mousquetaires, on ne parle jamais d'argent. Donc, il faut que tu te dises que tu créeras ton entreprise dans cinq ans et on t'aidera pour le faire !"_Et ça, ce sont des messages et des rencontres qui sont plus forts que tout le reste. Rien n'est impossible.
Aujourd'hui, je m'éclate de redonner aux autres. 88.000 entreprises dans l'Hérault que l'on manage, on est passionné par ce qu'on fait, là avec le président de la République sur l'hydrogène vert à Genvia, je trouve ça extraordinaire. Ce sont des rencontres que jamais je n'aurais pensé faire à une époque de ma vie. Quand je jouais au marchand à cinq ans, j'étais loin de penser à tout ça.
"Si la vie s'arrêtait là, peu importe la raison, dites-vous bien que j'ai très, très, très bien vécu."
Moi, je dis parfois à certaines personnes, vous savez si la vie s'arrêtait là, peu importe la raison, dites-vous bien que j'ai très, très, très bien vécu. Ma vie est tellement remplie que je suis déjà très content du chemin que je réalise. Et j'espère encore vivre très longtemps et faire encore de très belles grandes choses. Mais aujourd'hui, ma vie est tellement remplie que je suis très content du chemin que je réalise.
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