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"Ca nous pourrit la vie", le cri du maire de Féchain contre un rocher classé monument historique
Tous les chantiers de la commune de Féchain (Nord) doivent être approuvés par les Architectes des Bâtiments de France, à cause d'un polissoir, classé monument historique. Le maire pousse un coup de gueule, mardi 19 octobre 2021, car le chantier de la cantine scolaire est à l'arrêt.

À Féchain (Nord), l'expression "avoir un caillou dans sa chaussure" prend une toute autre dimension. Une roche de sept tonnes et d'un mètre de haut empêche la commune de réaliser des travaux d'aménagement. Posé à côté de l'église, sous une protection de verre, ce gros caillou est en fait classé monument historique depuis 1980.
Il s'agit d'un polissoir, datant du Néolithique et qui servait à polir des outils en silex. Redécouvert en 1968, lors du creusement du canal d'Aubencheul-au-Bac, il a été placé à Féchain par deux habitants considérant que cet objet historique constituerait une curiosité touristique.
Le chantier du restaurant scolaire à l'arrêt
Mais aujourd'hui, le maire de la commune, Alain Wallart, ne sait plus quoi faire. "C'est l'objet de tous nos soucis", glisse-t-il. Comme le polissoir est un monument historique, il est impossible à l'élu de réaliser des travaux dans sa commune sans en avertir les Architectes des Bâtiments de France (ABF). Ces derniers, soucieux de maintenir la cohérence et la mise en valeur du monument, posent des conditions très strictes.
À quelques dizaines de mètres du polissoir, sur le trottoir d'en face, Alain Wallart tente depuis plus de trois ans de construire un restaurant scolaire pour les enfants de la commune. Cela nécessite de détruire quatre anciens logements, inhabités et insalubres.
Les Architectes des Bâtiments de France me disent : on consent à détruire les bâtiments mais vous en refaites un au même endroit, en front à rue, avec deux niveaux comme ceux que vous démolissez, sauf que ça ne va pas du tout avec le projet qu'on doit faire.
Cette option coûte 600 000 euros de plus que le projet initial. Le maire ne comprend pas pourquoi cette insistance d'autant que selon ses dires "certains bâtiments de la rue ne sont pas non plus alignés, en front à rue".
Tous les particuliers doivent faire une demande
Cela va même plus loin puisque cette autorisation préalable des ABF ne concerne pas que la mairie. Mais également tous les particuliers qui habitent dans un rayon de 500 mètres autour du polissoir. Cela représente 80 % du territoire de la commune. "Il y a quelques années, une amie a voulu refaire sa façade, raconte Cathy qui tient le tabac-presse. Mais elle devait le faire d'une couleur particulière, les fenêtres devaient avoir une certaine forme. C'est assez contraignant !"
Alain Wallart ajoute même :
_"_Il y a des habitants qui ne demandent plus de permis de construire pour faire des petits travaux, et je les comprends !
Et pour couronner le tout, il n'est pas possible de déplacer le polissoir puisque le monument historique est considéré comme un bien immeuble. Alors que le maire voudrait qu'il trouve sa place au musée archéologique de Douai, par exemple.
Féchain est une commune de 1 730 habitants, qui est en plus dynamique. Un cabinet médical va s'installer, il y a encore beaucoup de commerces. "On est bien ici, assure Barbara qui s'occupe du Café de la mairie. Je ne comprends pas pourquoi les ABF embêtent le maire avec cette histoire, surtout que c'est pour les enfants." Les habitants rencontrés se disent attachés à leur patrimoine mais un homme rit de la "connerie" que représente ce refus des autorités culturelles.
Une réunion avec la préfecture le 25 octobre
Loin de rire, lui, Alain Wallart est surtout stupéfait de l'inflexibilité des ABF : "C'est l'avis de personnes qui ont sans doute passé deux heures de leur vie dans la commune alors que moi je suis là depuis 26 ans. Finalement, on dit que les élus ne savent pas y faire en matière d'architecture."
Ce restaurant scolaire, les gens le veulent, les parents, les élus. Je ne vois pas pourquoi on s'oppose à leur décision.
Contactés, les ABF précisent que, entre 2016 et septembre 2021, 68 demandes d'autorisations de travaux ont été transmises et instruites par l'Unité départementale de l'architecture et du patrimoine du Nord, au sein de laquelle sont affectés les ABF. Sur ces 68 dossiers, 18 ont fait l'objet d'un avis car aux abords du polissoir, dont environ 7 depuis 2019, et aucun refus d'accord.
Alain Wallart a rendez-vous le lundi 25 octobre avec la préfecture du Nord et un représentant des ABF pour tenter de faire bouger les choses.
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