Chute du mur de Berlin : le hockeyeur polonais avait profité d'un tournoi pour rester à Caen en 1984
En 1984, Sylvain Grendka a profité des championnats du monde juniors de hockey sur glace pour rester en France. Le jeune Polonais avait presque 20 ans. Il n'a jamais revu son père et n'a retrouvé sa mère que sept ans plus tard. Mais il a construit sa vie à Caen et ne regrette rien. Témoignage.
Sylvain Grendka s'appelait encore Slawomir Grendka. Il allait avoir 20 ans deux mois plus tard. Et ce soir de 1984 où avec son équipe il gagne le championnat du monde de hockey sur glace des moins de 20 ans à la patinoire de Caen, il a un flash. Après avoir fait la fête, il rentre à l'hôtel. Et avec deux co-équipiers, ils se disent que le groupe va repartir sans eux.
"Dans les administrations ils ne comprenaient pas mon prénom"
"La première année est difficile" avoue Sylvain Grendka. Seul, sans parler un mot de français, "heureusement on a été bien entouré, il y a des gens gentils et des méchants, sourit-il, nous on a connu plus de gentils". Pour s'intégrer, et "parce que dans les administrations il ne comprenait pas mon prénom", Slawomir devient Sylvain et est naturalisé français en 1990. Un an plus tard, il revoit sa mère pour la première fois depuis son exil. Son père est malheureusement décédé entre temps.

Sylvain a joué de 1984 à 1998 au Hockey Club de Caen. Deux de ses fils sont hockeyeurs également. Damien vient de raccrocher les patins à 26 ans, son plus jeune, Léo, est en section sports étude et évolue dans l'équipe des U15. Il a créé son entreprise d'électricité en 2006 à Fontaine-Etoupefour près de Caen où il vit. Ce père de quatre enfants ne regrette pas la décision qu'il a pris il y a 35 ans, même si reconnait-il, " les sportifs comme moi avaient plus de liberté en Pologne, on voyageait etc, mais le régime était malgré tout très strict".
"En cas de match France Pologne, je suis gagnant à tous les coups !"
Alors aujourd'hui Sylvain Grendka se sent-il Français ou Polonais ? "C'est ici que j'ai passé le plus de temps", commence-t-il... avant d'hésiter "quand il y a des matches, si la France joue, je suis pour la France, si la Pologne joue, je suis pour la Pologne, et si les deux s'affrontent, alors je suis gagnant quoi qu'il arrive !"
Sylvain Grendka raconte son histoire hors du commun