Des slips enterrés dans les champs normands pour tester la qualité des sols
Enterrer un slip dans son champ, seul l'élastique dépassant de la terre : l'idée peut sembler loufoque, mais dans toute la France, des agriculteurs utilisent maintenant cette technique pour évaluer la "vie" du sol.

Du slip en coton bio blanc enterré dans le champ de Laurent Macaigne, il ne reste plus que les élastiques et de minces lambeaux de tissu. "Une grande partie du coton est complètement désagrégée, explique-t-il,_les bactéries et les champignons ont dégradé la cellulose_, qui est une fibre naturelle". C'est bien l'objectif du dispositif : évaluer la présence ou non des micro-organismes indispensables à la vie du sol, et donc aux cultures.
L'état des slips varie selon le mode de culture
Au total, l'organisme Cerfrance a "planté" une cinquantaine de slips cette année en Eure et Seine-Maritime. "On voit assez facilement que _la dégradation est plus importante dans les parcelles où le travail est plus léger que dans celles où un labour en profondeur est effectué_", explique l'animatrice Mélanie Lamy.
Au-delà de la partie comique, les agriculteurs comparent la dégradation de leurs slips et ça suscite des questions !
"Ils se demandent pourquoi tel ou tel slip est plus dégradé : c'est un outil assez parlant visuellement pour s'intéresser à la qualité des sols", estime Mélanie Lamy. "Ça permet de mettre en avant les pratiques qui permettent plus de vie du sol", ajoute Eline Langlois.

Des micro-organismes facilitateurs de cultures
"À partir du moment où des bactéries et champignons se développent, ils vont nourrir la plante, indique Eline Langlois. Du coup, elle se défend mieux et il y a moins besoin d'engrais chimiques ou produits phytosanitaires". Limiter le travail du sol est indispensable selon elle pour préserver ces micro-organismes : "quand on laboure, on emmène les micro-organismes de surface vers le fond, donc ils meurent".
Leur développement dépend aussi des conditions météorologiques. Certains slips enterrés dans les mêmes champs, année après année, n'en ressortent pas dans le même état. "On se rend compte que _la dégradation n'est pas la même cette année car il a fait beaucoup plus sec_", conclut Eline Langlois.