Foëcy : ils posent nus pour se redonner du courage
IIs sont douze commerçants, artisans ou artistes du Cher, et viennent de poser nus pour un calendrier. "A poil" parce que les deux confinements, malgré les aides de l'Etat, ont largement entamé leurs trésoreries.
Ils sont traiteurs, coiffeuses, artistes au national Palace de Vierzon ou encore professeurs de zumba. Ce calendrier tiré à 20 000 exemplaires est distribué dans une soixantaine de points de vente, au prix de 20 euros. Au final, une fois déduits les frais, chacun devrait recevoir un peu plus de 1 100 euros. De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards pour Noël.
L'idée vient de Caroline Lantrès. La photographe de Foëcy n'a eu aucun mal à trouver des volontaires parmi son réseau : " Seule une personne a refusé, mais je n'ai eu aucun mal à trouver des volontaires. C'est avant tout une entraide. Un coup de gueule, évidemment, mais tout le monde en France sait qu'on n'est pas content d'avoir dû fermer nos activités lors des confinements. C'est surtout un acte de solidarité entre nous, les gens d'en bas. Il ne nous reste plus que cela finalement. Si on arrive à vendre tous les calendriers, on touchera chacun environ 1 100 euros."
Car beaucoup ne se versent plus aucun salaire depuis la fermeture de leurs commerces. Lucie est esthéticienne à Foëcy : "Caroline m'a photographiée sur un fond, avec presque tous mes accessoires. Mes accessoires pour épiler, pour maquiller et le résultat est magnifique. Je suis fière d'avoir posé pour Caroline, je suis fière d'être artisane, et je suis fière d'avoir posé à poil !"
D'autant que beaucoup de ses clientes, depuis, lui témoignent leur sympathie : "Certaines ont vu la photo dans le journal et m'ont félicitée. J'en tremble tellement ça fait chaud au coeur. Ça me donne encore plus envie de me battre pour mon entreprise. C'est vrai que j'ai la rage. Cette année, j'ai l'impression de ne pas avoir travaillé. C'est terrible."
Panda est tatoueur à Bourges : lui aussi a posé, en compagnie de sa conjointe qui tient le bar, adossé au salon de tatouage : " On s'est mis en scène vraiment dans nos conditions de travail. Je fais semblant de tatouer ma compagne. Sauf qu'on est nus. On va évidemment encadrer cette photo dans notre commerce. Beaucoup croient qu'avec _les aides de 1 500 euros_, on s'en sort, mais cet argent ne va pas dans notre poche : il sert à payer les charges qui courent toujours. Sur ce mois de reconfinement, on ne se dégage pas de salaire. L'argent issu de ce calendrier adoucira un peu Noël. Personnellement, j'essaie de positiver. je n'ai pas fait cela dans un esprit négatif. La colère, ça ne sert à rien ! "
Pas de rage, non plus chez Sacha, artiste au National Palace, le cabaret de Vierzon : "On avait pu réouvrir le 19 septembre. On était tellement contents parce qu'on sentait une tension dans la salle. Le public était une éponge. Il avait tellement besoin de recevoir ce qu'on donnait, et puis on a dû fermer à nouveau. c'est un peu comme le baby blues. On a accouché et maintenant c'est la tristesse." Un sentiment que chacun exprime au travers d'une petite phrase en parallèle à la photo du calendrier.