Royaume-Uni : les Londoniens révèlent leurs secrets de confinement par cartes postales
Rapport avec la famille, pilosité, achats massifs de sex-toys ou encore désirs tabous : des centaines de Britanniques ont confié leurs petits secrets de confinement à une papetière londonienne.
C'est au cours du dernier confinement qu'Eleanor Tattersfield a commencé à distribuer aux clients de sa boutique londonienne, des cartes postales vierges d'un côté, timbrées et estampillées "Lockdown Secret" (secret de confinement) de l'autre, avec l'adresse de son commerce, pour leur permettre de se défouler. "Je me suis dit que ce serait génial, en période de confinement, d'avoir un exutoire pour cette étrange année", a expliqué la jeune femme.
300 cartes en six semaines
Le succès a été immédiat, et elle a reçu plus de 300 cartes en six semaines. Certaines couvrent désormais une table entière de la boutique, d'autres sont soigneusement rangées dans des boîtes. De nombreuses cartes ressemblent à de petites oeuvres d'art miniatures - décorées à grand renfort de collages et paillettes. Mais le plus saisissant restent encore les messages écrits dessus, qu'ils soient réconfortants, drôles, ou même parfois effrayants. Les thèmes qui reviennent le plus souvent sont le sexe, les liens avec la belle-famille, la pilosité, les habitudes alimentaires bizarres et les appels sur Zoom.
Amours et tabous
Certains avouent une idylle naissante : ici, l'auteur d'une carte explique avoir envoyé une missive à un "médecin plutôt séduisant", là un locataire admet : "j'ai donné à mon propriétaire beaucoup plus que mon loyer pendant le confinement". Une autre confie même avoir développé un "béguin déplacé" pour Patrick Vallance, le conseiller scientifique du gouvernement, personnage professoral au visage devenu familier depuis qu'il participe régulièrement aux points presse télévisés sur la pandémie, souvent aux côtés du Premier ministre Boris Johnson.
Et l'autrice d'une carte ornée de photos de sex-toys d'expliquer qu'elle n'a "eu d'autre choix qu'améliorer ses options _de plaisir solitaire_" après son divorce. Certaines cartes brisent des tabous, notamment sur les liens familiaux. Exemple avec ce londonien qui écrit à sa famille "Je suis désolé, mais aucun d'entre vous ne me manque". D'autres cartes vont parfois jusqu'à confesser des actes illégaux, comme la falsification de "milliers de livres sterling de billets de trains"
Bientôt une exposition ?
Eleanor Tattersfield espère réunir toutes ces cartes dans un livre et aimerait les présenter lors d'une exposition. La commerçante dit avoir déjà reçu plusieurs offres de galeries. "Toutes ensemble, elles représentent un formidable fragment d'histoire sociale", estime-t-elle. Plusieurs grands musées cherchent déjà à documenter l'ère du Covid-19 grâce à des objets du quotidien.
Le Musée de Londres a ainsi demandé aux visiteurs de lui envoyer leurs rêves et leurs journaux intimes, tandis que le Victoria and Albert Museum a consacré un blog à la pénurie de papier toilette survenue lors du premier confinement.