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Père adoptif d'un petit garçon ukrainien, ce Manceau se mobilise pour aider son pays d'origine

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Petit-fils d'une déportée ukrainienne et père adoptif d'un petit garçon né là-bas, le Manceau Alexis Millet se mobilise, avec l'aide de son entourage, pour réunir et convoyer vers ce pays en guerre du matériel militaire à destination des civils combattants.

Alexis et son entourage s'organisent pour envoyer des équipements militaires en Ukraine Alexis et son entourage s'organisent pour envoyer des équipements militaires en Ukraine
Alexis et son entourage s'organisent pour envoyer des équipements militaires en Ukraine © Radio France - Ruddy Guilmin

La guerre qui a éclaté en Ukraine le 24 février touche de nombreux Sarthois. Il suffit de voir les actions de solidarité qui germent ici et là. Mais pour certains, ce qui se passe là-bas est encore plus crucial. C'est le cas pour Alexis Millet, un Manceau de 46 ans, dont l'histoire familiale est intimement lié à ce pays. Sa grand-mère en était originaire. Il y a adopté son fils il y a un peu plus d'un an. "Il était impossible pour nous de rester les bras ballants", résume-t-il. Avec sa femme et ses amis du moto-club Polaroil, ils se mobilisent pour réunir et convoyer à la frontière ukrainienne du matériel militaire à destination des civils combattants.

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Une adoption à Kharkiv il y a un an

En février 2021, Alexis et sa femme nageaient en plein bonheur dans les rues de Kharkiv. Un séjour de trois semaines pour rencontrer, adopter et ramener leur fils adoptif, Maxim. Aujourd'hui, "c'est une ville martyre", pilonnée par l'armée russe depuis les premiers jours de l'invasion. Un sentiment étrange pour Alexis : "C'est la ville qui nous a réunis, notre fils et nous. On a l'habitude d'entretenir les souvenirs de Kharkiv puisque c'est son histoire, qu'on l'a beaucoup documentée et qu'on souhaite qu'il se souvienne de tout ça. Et aujourd'hui, les images qui nous parviennent de la ville sont atroces... Les rues dans lesquelles nous nous sommes promenés, parfois, n'existent plus. Les immeubles des administrations que nous avons fréquentées pour les procédures d'état civil n'existent plus. Tout ça est parti en fumée... Alors quand je pense à Kharkiv, j'ai des sentiments très contradictoires qui m'assaillent." 

Mais l'histoire d'Alexis avec l'Ukraine va bien plus loin. Depuis 2004, il s'est rendu dans ce pays de nombreuses fois pour renouer le contact avec la famille de sa grand-mère. Originaire du pays, elle fut déportée en Allemagne en 1942, avant de faire sa vie en France. Dans les années 60, la guerre froide a coupé ses liens avec la famille... Jusqu'au début des années 2000, lorsqu'Alexis s'y rend et retrouve huit grands cousins et cousines dans la région de Lviv. C'est d'ailleurs par ce biais qu'il a pu rapidement acheminer de l'aide ces dernières semaines : "On est en contact avec un élu local de la ville où réside ma famille. On essaie d'apporter ce qui nous est demandé, à savoir principalement du matériel de protection comme des casques, des gilets pare-balles, à destination des volontaires territoriaux qui se battent pour défendre le pays." Début mars, Alexis, sa femme et leurs amis du moto-club ont réussi à lever en six jours plus de 8 000 € pour acheter du matériel. Et ils se sont organisés pour l'amener le temps d'un week-end à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine : "Ça a été dispatché sur place à la fois par des volontaires et par l'administration militaire ukrainienne. On sait que c'est utilisé à bon escient. Et là, on va essayer d'alimenter un deuxième point dans la banlieue de Kiev."

L'ancien orphelinat de Maxim évacué vers une autre ville 

Si la situation échappe pour le moment à son fils, Maxim, âgé de trois ans et demi, le petit bonhomme comprend tout de même parfois qu'il se passe quelque chose : "Il nous a vu stocker beaucoup de matériel et charger des camions, alors on lui a dit qu'en Ukraine, on avait besoin de chaussettes et qu'on faisait des cartons de chaussettes. Il a lui même transporté des petits cartons de lait. Mais je crois que c'était davantage un jeu qu'autre chose..." En revanche, cette réalité de la guerre le rattrapera forcément un jour, redoutent ses parents : "On a très peur de ce qu'il découvrira plus tard, quand il comprendra que le pays qui l'a vu naître, que la ville qui l'a vu naître, a été ravagée peu de temps après son arrivée en France. On a peur de ce moment là." 

Il apprendra peut-être, par exemple, comment l'orphelinat n°3 de Kharkiv, où ses parents étaient venus le chercher, a dû être évacué en urgence suite aux bombardements survenus dans son quartier : "Ils sont dans une ville de l'oblast de Poltava, à mi-chemin entre Kiev et Kharkiv. Ils sont regroupés avec deux autres structures, ce qui fait environ 120 enfants dans une école maternelle, structure assez peu adaptée à la vie quotidienne de ces enfants. Le médecin-directeur de la structure est avec eux, ainsi qu'un peu de personnel, mais c'est très précaire comme situation." Toujours en contact avec l'établissement, ils ont pu lui faire parvenir 1 600 € de dons : "On a tout tenté pour leur faire parvenir du matériel, mais la logistique est impossible au-delà de Kiev. On espère qu'ils pourront utiliser cet argent parce que le système bancaire est également très précaire."

Bien décidés à apporter leur aide d'une manière ou d'une autre "tant qu'on pourra et tant que ce sera nécessaire", Alexis, sa famille et leurs amis feront partir mercredi un deuxième convoi d'aide à destination des volontaires. Depuis quelques jours, ils accueillent également chez eux Ana et Olena, deux jeunes femmes qui ont fui Kiev. 

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