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À Rennes, "on m'a sauvé la vie" confie la double championne olympique Clarisse Agbégnénou

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Mise à l'honneur, comme tous les athlètes olympiques et paralympiques rennais ce jeudi 25 novembre, la double championne olympique de judo Clarisse Agbegnenou se confie à France Bleu Armorique. La judokate évoque son attachement sans faille à la ville de Rennes, avec qui elle est intimement liée.

La double médaillée d'or aux JO de Tokyo Clarisse Agbegnenou. La double médaillée d'or aux JO de Tokyo Clarisse Agbegnenou.
La double médaillée d'or aux JO de Tokyo Clarisse Agbegnenou. © Radio France - Sarah Mansoura

Elle est née grande prématurée à Rennes il y a 29 ans. D'un nourrisson tombé dans le coma, pour qui tout semblait perdu, elle a grandi pour devenir une immense championne de judo. La Rennaise Clarisse Agbégnénou, doublement médaillée d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo, confie à France Bleu Armorique se sentir "liée à jamais" à sa ville natale.

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Clarisse, vous êtes redescendue de votre petit nuage de Tokyo ?

Toujours pas. Je pense que descendre de ce nuage, cela va prendre du temps. Et c'est vrai que je n'ai toujours pas eu le temps de vraiment me poser. Donc, je pense que je vais laisser l'année s'écouler, et profiter de cette belle médaille jusqu'à la fin de l'année. Ou... toute ma vie ! Ce n'est pas très grave si je ne descends pas, hein !

Vous avez le plus beau palmarès du judo féminin français, vous étiez porte drapeau.. Vous êtes une grande championne. Vous le mesurez maintenant ? 

Je le mesure à travers les regards, les sentiments et les émotions que les autres peuvent procurer. Et c'est vrai que oui aussi, ça me touche beaucoup. Je me dis wow, "comment j'ai pu faire tout ça de choses ?". Et je n'ai pas terminé. J'ai fini un cycle , mais je compte bien en ouvrir un autre, pour amener encore plus d'émotions, et de belles médailles.

Vous êtes liée particulièrement à la ville de Rennes, puisque vous y êtes née ?

Alors oui, je suis née à Rennes, à l'hôpital sud, en néonatologie. Donc, c'est compliqué parce que je suis née avec mon frère jumeau. Mais je suis née prématurée. J'ai eu un problème aux reins, et on a dû m'opérer d'urgence. Je suis tombée dans le coma, et de ce coma, je n'en revenais pas. Ça a été assez compliqué pour mes parents, qui devaient aussi faire des allers-retours, ils avaient seulement des photos parce qu'ils ne pouvaient pas rester avec moi. À un moment, les médecins ont demandé s'ils devaient me débrancher. Mes parents ont dit, "non, s'ils vous plait, elle va se battre, c'est une battante". Ils ont dit, "d'accord, on va attendre quelques jours, mais après, si elle ne revient pas, on ne pourra rien faire". Ils sont revenus un jour, et je n'étais toujours pas sortie du coma. Et quand ils ont décidé de me débrancher, je me suis mise à respirer. Donc je pense que c'était le second souffle en se disant que c'était maintenant ou jamais. Et c'est ce qui fait que je serai liée à jamais à Rennes, à cette ville. Et surtout, je remercie toutes les personnes qui, surtout le médecin qui m'a sauvée et toutes ces sages-femmes, ces personnes qui m'ont aidé à grandir, qui m'ont pouponnée, et qui ont fait de moi la femme que je suis aujourd'hui. 

Vous avez déjà pu les revoir, ces personnes là ?

Oui, je suis venue il y a trois ans. Je suis allée à l'hôpital il y a trois ans, à la néonatalogie, pour pouvoir les voir. Et ça a été un moment qui a été incroyable. En amont, on avait essayé de retrouver le médecin qui n'a pas pu venir, mais il y avait encore quelques sages-femmes qui étaient là. On était toutes en pleurs. C'était incroyable, une émotion folle, et je pense qu'elles étaient contentes, aujourd'hui, qu'il y ait quelqu'un qui revienne les voir, après 20 années. 

Vous diriez que vous êtes attachée à Rennes pour cette raison là ?

Oui, je dirais que c'est pour cette raison là. Parce qu'après, je suis partie en région parisienne. Je n'ai pas grandi ici. Je n'ai pas été à l'école, mais en tout cas, j'y suis née et on m'a sauvé la vie.

Justement, vous êtes allée à l'école ce jeudi, rencontrer des écoliers. Comment cela s'est passé ?

Oui, je suis allée à l'école Clemenceau. Ça a été un moment vraiment de partage, incroyable. Ils ont été très perspicaces. Ils ont posé de très bonnes questions et ils étaient vraiment à l'écoute, plein de plein d'émotions, très contents. Je dirais même, c'est bizarre de dire ça, mais même calmes, ils étaient vraiment à l'écoute. Ça a été vraiment un beau moment et ça m'a permis aussi de pouvoir partager avec eux en leur posant des questions, en sachant aussi qui ils sont, et qu'est ce qu'ils voudraient faire, peut être plus tard ou ce qu'ils sont en train de faire du sport ou autre chose, des choses qui les animent. Ça a été vraiment super. Je remercie encore la directrice et tous les enseignants qui ont fait un travail de maître, parce qu'ils avaient aussi tous lu mon livre. J'espère qu'ils vont grandir comme ils le souhaitent et qu'ils feront des choses dont ils auront envie. 

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