PORTRAIT - Francis Gaugain, l'emblématique rédacteur en chef de France Bleu Normandie, part à la retraite
Francis Gaugain a effectué ce mercredi 31 mars son dernier jour de travail de rédacteur en chef à France Bleu Normandie à Caen. Après 40 ans de carrière et avoir formé de nombreux journalistes comme Élise Lucet, Denis Brogniart et Thomas Thouroude, l'homme à la mythique moustache prend sa retraite.
C'était son dernier jour à France Bleu Normandie à Caen avant le reste de sa vie. Après son premier reportage radio en 1979, Francis Gaugain a raccroché le micro ce mercredi 31 mars à l'âge de 62 ans. L'heure de la retraite a sonné pour le journaliste à la mythique moustache et à la voix immédiatement reconnaissable par les fidèles auditeurs de France Bleu.
Entré à Radio France en 1982, "le Gaulois" - comme certains le surnomment affectueusement - est devenu rapidement rédacteur en chef à France Bleu Normandie à Caen en 1986. Il est alors âgé de 28 ans. Un poste qu'il ne quittera plus à l'exception de quelques intérims au sein de la "grande maison" qu'est Radio France.
Lucet, Brogniart et Thouroude sous son aile
Né le 22 juillet 1958 à Cheux (Calvados), il occupe toujours la maison de ses parents où il a vu le jour.
En 40 ans de carrière, il a vu passer de nombreux jeunes journalistes et a formé plusieurs d'entre eux à France Bleu et qui sont (désormais) connus : Élise Lucet, Denis Brogniart, Thomas Thouroude.
Francis Gaugain se souvient : "La première qui a frappé à ma porte, c'est Élise Lucet. Elle était totalement passionnée. On sentait que par la porte ou par la fenêtre elle entrerait (dans ce milieu du journalisme, ndlr). Et après elle est devenue ce qu'elle est devenue grâce à elle, grâce à sa pugnacité qu'on lui connaît aujourd'hui avec Cash Investigation et Envoyé Spécial (sur France 2)."
Concernant Denis Brogniart, l'animateur de Koh Lanta sur TF1, Francis Gaugain se remémore : "On l'a envoyé sur le Stade Malherbe, faire des reportages au début, du commentaire ensuite. J'échange toujours avec lui sur les résultats du Stade Malherbe et sur le boulot".
Quant à Thomas Thouroude, journaliste sportif resté longtemps à Canal+, "il est venu ici pendant deux ans pour apprendre le métier de journaliste".
Et Francis Gaugain de préciser : "Cela me fait toujours plaisir de bosser avec des jeunes. Et vous savez, il y a des jeunes qui sont ici en ce moment et croyez-moi qu'on va en entendre parler dans les dix ou quinze ans qui viennent".
Débarquement, SMN et Buzz Aldrin
Passionné par le Débarquement du 6 juin 1944, l'un des souvenirs qui l'a le plus marqué est ce reportage en 1994 aux États-Unis, en Louisiane, où il a rencontré un ancien vétéran américain qui lui a expliqué pourquoi il n'était jamais revenu en Normandie et n'y retournerait jamais : "Il avait été terrorisé et il m'a dit : 'Je n'ai aucune envie d'y retourner là-bas, j'ai un souvenir glaçant de ce 6 juin 44 au matin où tous mes copains se sont fait descendre'".
Autre moment fort de sa carrière : la fermeture de la Société métallurgique de Normandie (SMN) - usine située à Mondeville - avec la dernière coulée le 5 novembre 1993. Le journaliste se rappelle : "Je me souviens très bien d'avoir été dans cette usine ce jour-là où tout le monde défilait. Les sidérurgistes ont jeté leur masque dans cette dernière coulée dans l'acier en fusion avec ces sirènes de l'usine qui ont hurlé toute la journée. Cela a été une page d'un passé industriel de la région qui se tournait chapitre, un livre qui se refermait".
Francis Gaugain présente le journal de 18h du 5 novembre 1993, jour où la SMN a poussé son dernier souffle
Il y a eu aussi de nombreuses rencontres inoubliables comme celle avec l'astronaute Buzz Aldrin. Francis Gaugain s'en souvient encore avec émotion, lui qui a toujours été passionné par l'espace et a vécu en direct à la télévision les premiers pas de l'Homme sur la Lune dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969 : "Pour moi cet homme, avec d'autres comme Neil Armstrong, sont, au sens propre du terme, des extraterrestres. Ce sont les seuls êtres humains à avoir marché sur une autre planète. Et quand je me retrouve face à Buzz Aldrin à Deauville, vous vous dites que le métier que je fais est incroyable".
Des souvenirs à la pelle qui vont accompagner le rédacteur en chef de France Bleu Normandie à la retraite. Et même si son équipe va lui manquer, Francis Gaugain conclut dans un sourire : "Je n'ai aucun regret à partir. J'ai vraiment passé de belles années et il y en a d'autres qui m'attendent."