- Accueil
- Centre-Val de Loire
- Loiret
- Infos
- Politique
- À Orléans, les interventions de la police municipale seront désormais filmées
À Orléans, les interventions de la police municipale seront désormais filmées
C'est un petit boitier ultra-résistant qui est placé depuis ce lundi sur la poitrine des policiers municipaux. Lorsqu'une intervention est sur le point de dégénérer, les agents pourront désormais déclencher l'enregistrement.

C'est un nouvel outil qui a rejoint l'équipement des policiers municipaux d'Orléans. Aux côtés du pistolet, de la matraque, des menottes et de la bombe lacrymogène il y a désormais... une petite "caméra piéton" ultra-résistante aux chocs et aux intempéries.
Depuis début mars, un décret d'application autorise les polices municipales à utiliser ce genre de dispositif. La police nationale et la gendarmerie sont déjà équipées depuis 2016.
Une caméra ou deux par patrouille
Pour le policier, le fonctionnement est tout simple. Ludovic est le deuxième adjoint au responsable de la Brigade d'intervention d'Orléans et il détaille la manipulation : "Vous avez un bouton qui permet d'allumer. Si j'appuie deux fois, elle commence l'enregistrement en conservant les trente secondes qui précédent. Quand j'ai fini, j'appuie quatre secondes et ça l'éteint." Il n'y aura pas une caméra par policier mais environ une ou deux par patrouille.
Lorsque l'intervention est terminée, la caméra est placée par un socle et les images filmées sont automatiquement transférées. Elles sont sécurisées et conservées six mois. Olivier Geffroy est l'adjoint à la sécurité à la mairie d'Orléans : "Vous avez cinq ou six agents municipaux qui sont habilités pour faire les extractions à la demande des autorités judiciaires, pour une enquête administrative ou pour une enquête disciplinaire. À chaque fois qu'il y a une consultation des images un registre informatique trace qui a consulté quoi, et à quelle heure." Comme pour la vidéosurveillance, on ne peut pas refuser d'être filmé. On peut en revanche consulter les images si on est seul à apparaître dessus.
"C'est un très bon moyen sur le terrain de faire baisser les tensions"
L'objectif de ce dispositif est de garder une trace des interventions et d'avoir des preuves supplémentaires. C'est le policier lui même qui déclenchera l'enregistrement. Et selon l'adjoint à la sécurité à Orléans, c'est une sécurité en plus pour les policiers : "Ils peuvent le faire quand ils ont le sentiment que la situation peut dégénérer. Ils préviennent les personnes en face que la caméra a été déclenchée et par conséquent qu'elles sont filmées. D'après les retours, c'est un très bon moyen sur le terrain de faire baisser les tensions."
Certains s'inquiéteront peut-être que dans des cas très particuliers, comme des violences policières, les agents pourraient choisir de ne pas enregistrer. Pour Olivier Geffroy, la question ne se pose pas : "Aujourd'hui qu'on le veuille ou non, tout est filmé notamment par les gens dans la rue. Ce risque est donc très limité."
Le respect de la vie privée en question
Concrètement, les policiers peuvent filmer n'importe où, y compris dans des lieux privés (maisons, restaurants, bars...). Cela avait fait l'objet d'une critique de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) estimant que des règles devraient être prévues pour préserver la vie privée des personnes. La loi n'a pas tenu compte de ses recommandations. Pour Ludovic, le policier municipal orléanais c'est surtout une sécurité supplémentaire : "Notre parole est toujours mise en doute, on voit sur les réseaux sociaux que l'on est souvent critiqué. Au moins avec ces caméras on pourra prouver que l'on ne ment pas."
Au total : 25 000€ dépensés par Orléans pour des caméras
Orléans fait partie des premières villes en France à s'être équipées. Déjà il y a quatre ans, 10 000€ de caméras avaient été achetées. En l'absence de cadre légal elles ont été utilisées pendant un an. Mais en décembre 2016, le gouvernement autorise une expérimentation de dix-huit mois en précisant le type de matériel qui doit être utilisé. Problème : ce n'est pas le même que celui acheté quelques temps plutôt par la ville. Le matériel est donc renouvelé et la facture s'élève à 15 000€ pour les vingt-deux caméras, les accessoires et les abonnements au logiciel dédié. Au total, 300 villes de France ont pris part à cette expérimentation. Orléans n'a pas établi de bilan on ne sait donc pas jusqu'à présent combien de fois les caméras ont été déclenchées, ni si les images ont ensuite été utiles dans des procédures.