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Anne Hidalgo à Saint-Étienne : "Le moment est propice pour revaloriser le SMIC et l'ensemble des salaires"
La candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo fait escale à Saint-Étienne ce 24 novembre dans le cadre de son tour de France. Au micro de France Bleu Saint-Étienne Loire, elle défend une revalorisation du SMIC et des augmentations de salaire dans la fonction publique.
La candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, est de passage ce mercredi 24 novembre dans la Loire dans le cadre d'un tour de France afin de relancer sa campagne à l'élection présidentielle. Cette visite se déroule sur les thèmes du travail et de la santé au travail. Anne Hidalgo a accepté de répondre aux questions de France Bleu Saint-Étienne Loire sur ces sujets.
France Bleu Saint-Étienne Loire : L'ancienne inspectrice du travail que vous êtes a commencé sa carrière dans la Loire, d'abord comme stagiaire à la verrerie de Veauche et aux cycles Mercier. Puis vous avez commencé à travailler dans le Roannais. Entre les années 80 et aujourd'hui, ce monde industriel, comment vous l'avez vu changer?
Anne Hidalgo : C'était une très grande mutation déjà à l'époque. Quand j'ai fait tous mes stages ici dans la Loire et jusqu'à Roanne également, je voyais ce monde industriel, celui de la métallurgie, de la sidérurgie, de toutes ses activités traditionnelles. Et celui de la mine aussi, puisque j'ai eu la chance de pouvoir descendre au fond de la mine avant sa fermeture. J'ai vu changer ce monde. Ensuite, je me suis aussi occupé de ces mutations industrielles et aujourd'hui, je reviens avec à la fois de la nostalgie parce que c'est vrai que j'essaye de retrouver, de repérer les lieux, mais Saint-Étienne a beaucoup changé, s'est modernisée et c'est quelque chose de très positif aussi. [...] J'ai tous ces bons souvenirs qui qui font que je reste très attachée à cette région.
Vous allez visiter l'entreprise stéphanoise Focal, qui est leader dans son domaine, celui des enceintes acoustiques et des casques audio de luxe. En tant que candidate socialiste à la présidentielle, est-ce que ça peut être un modèle de ce qui peut se faire en termes de réindustrialisation ?
Anne Hidalgo : Oui, parce qu'on a un vrai sujet partout, sur tous les territoires en France de réindustrialisation. D'abord, on a perdu beaucoup d'emplois industriels. Ça a même été une stratégie française ces trente dernières années, de dire qu'on devient un pays de services et on oublie l'industrie. Je pense que c'était une erreur [...] Je pense que c'est ce type de choix qu'il nous faut faire aujourd'hui : réindustrialiser, s'appuyer à la fois sur des industries qui vont être en grande mutation, mais encore qui vont encore connaître des mutations. Je pense au secteur automobile qui, évidemment, dans les secteurs qui doivent sortir du carbone et la fin des moteurs thermiques, va connaître des mutations très importantes. Donc ça veut dire accompagner les travailleurs de ces secteurs-là. Et puis, il y a des secteurs nouveaux, des secteurs qui sont des secteurs à haute valeur ajoutée. Des secteurs aussi, par exemple, de la santé. [...]
Dans le domaine du travail, on a aussi encore beaucoup de travail précaire, de temps partiel, de travail ubérisé. Chez nous, les livreurs de repas stéphanois avaient fait grève il y a un an, en fin d'année dernière, pour tenter d'être payés un peu plus par les grandes plateformes. Elle s'était soldée par un demi échec. Qu'est ce que vous proposez pour ces salariés maltraités?
Anne Hidalgo : Il faut absolument des protections. Je ne crois pas qu'on puisse faire le choix dans notre pays du low-cost, du sous-droit, de l'ultra exploitation qui ne permet pas de s'en sortir. Ce matin, je faisais une table ronde avec des experts, des questions de travail, mais aussi un professeur de management. Et tout le monde s'accorde à dire qu'on ne peut pas vivre dans une société où il n'y pas un équilibre. [...] Le droit du travail est là pour rééquilibrer les choses, permettre la performance économique, mais sans nuire à la santé, au travail et sans nuire évidemment non plus à la question du salaire et de la rémunération que doivent avoir les salariés.
En parlant de rémunération, il y a aussi des mouvements de grève en ce moment chez nous, notamment chez Michelin et dans la plasturgie, en Haute-Loire. Les salariés demandent l'augmentation des salaires de base, à peine plus importants que le SMIC. Vous soutenez vous ces revendications de hausses de salaire?
Anne Hidalgo : Oui, bien sûr. Parce que si vous regardez là aussi l'évolution en France, on a des salaires anormalement bas dans le secteur public comme dans le secteur privé qui sont la cause aussi de beaucoup de tensions. Et donc, il faut rétribuer le travail fourni à sa juste valeur. Donc, ça veut dire des augmentations de salaires.
Le moment est propice aussi dans la fonction publique ? On se souvient de de votre proposition d'augmenter le salaire des professeurs. Vous la maintenez ?
Anne Hidalgo : Oui, d'ailleurs, il y a des rapports encore récents publiés par un de vos confrères du Monde cette semaine, qui montrent à quel point la situation de nos enseignants s'est dégradée quand même. Les profs en Allemagne sont payés deux fois plus qu'en France. Et nous, on dit qu'on mise sur l'avenir de nos enfants en maltraitant ceux qui sont là pour leur transmettre les savoirs. Ça, ce n'est pas acceptable. Et puis, vous avez aussi un autre pilier des services publics qu'est l'hôpital. [...] Moi, je fais le choix du soutien des services publics parce que c'est ce qui permet à un pays de tenir. Ce n'est pas le fameux ruissellement ou "traversez la rue pour trouver un travail". Ça se voit que celui qui a dit ça n'est pas vraiment beaucoup sorti de son univers.
Un dernier mot plus politique : la gauche est sortie très affaiblie des départementales ici dans la Loire. Au niveau de la région, ce sont les Verts qui se sont affirmés comme principale force d'opposition à Laurent Wauquiez. Le député de la Loire Régis Juanico, ancien partisan de Benoît Hamon, soutient Yannick Jadot. La conclusion, c'est qu'il va falloir finir par s'unir avec eux si la gauche veut peser en 2022 ?
Anne Hidalgo : Je crois que pour que la gauche pèse, il ne faut pas qu'elle soit dans des calculs politiciens auxquels pas grand monde ne croirait. Et qu'en revanche, les propositions que je formule, qui sont des propositions écologiques [...], c'est nous qui les portons, les sociaux démocrates et moi qui les porte, en l'occurrence dans cette campagne présidentielle.
Une réunion publique avec Anne Hidalgo est organisée ce mercredi 24 novembre à 19h30, à la maison de quartier de Solaure à Saint-Étienne.
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