Au musée d'Orsay, quelques Parisiens rendent un hommage sobre et discret à Valéry Giscard d'Estaing
Au musée d'Orsay ce mercredi, les Parisiens pouvaient rendre un dernier hommage à Valéry Giscard d'Estaing en signant des registres placés au sein du musée, dont les portes étaient exceptionnellement ouvertes. L'événement n'a pas rassemblé les foules, mais l'émotion était très présente.
Quelques mots sur des pages d'un registre pour dire un dernier au revoir à Valéry Giscard d'Estaing. Pendant deux jours, le musée d'Orsay a exceptionnellement ouvert ses portes pour proposer aux Parisiens de signer un livre d'or en hommage à l'ancien chef de l'Etat, mort la semaine dernière. Ils étaient une petite poignée seulement à braver le froid pour saluer un président "moderne", "discret", "un grand homme au service de l'Europe et de la France". Le choix du musée d'Orsay n'est pas anodin, c'est VGE lui-même qui a eu l'initiative en 1977 de sauver la gare menacée de destruction pour en faire un musée dédié aux artistes du XIXe siècle.
Un moment solennel mais émouvant
Le portrait de VGE surplombe la grande halle du musée, placé entre deux bureaux où sont posés deux registres. Le moment est solennel, sobre, sous les yeux de deux soldats de la garde républicaine. Peu de Parisiens se pressent à l'intérieur, mais tous le font avec une certaine émotion. Marc, aujourd'hui âgé de 64 ans, était adolescent quand Valéry Giscard d'Estaing était chef de l'Etat et il garde en mémoire "sa volonté d'abaisser l'âge de la majorité à 18 ans, c'était révolutionnaire, dans le sens de la modernité". C'est la première fois qu'il signe un registre, alors c'est les larmes aux yeux, la voix tremblante qu'il est venu ce mercredi signer le livre d'or et "remercier" VGE. C'est l'occasion pour lui de se remémorer "les souvenirs de ces années-là" : "Bien sûr, il y a eu les crises pétrolières qui étaient assez difficiles à traverser, mais c'était des années où on avait encore la joie de vivre", indique-t-il.
"J'ai le souvenir des repas qu'il avait partagé chez des habitants, c'était quelque chose de nouveau, qui permettait de rapprocher les instances dirigeantes de la population"
Aux alentours de midi, une bande de jeunes arrivent au musée plein d'entrain. Certes ils n'ont pas connu le mandat de Valéry Giscard d'Estaing, mais ils profitent d'une pause entre deux cours de khâgne au lycée Stanislas (6e arrondissement) pour rendre hommage à "un président oublié". "Quand on pense aux présidents qui ont le plus marqué la Ve République, on ne pense pas à Valéry Giscard d'Estaing en premier, c'est un président qui a été mis de côté parce qu'on a associé ce qu'il a fait aux mutations de la société en général", regrette l'une des étudiantes. A ses côtés, Madeleine, 19 ans, admet qu'elle est venue "au début par curiosité" avant d'être happée par l'instant solennel : "On a écrit que nous ne l'oublions pas, on n'a pas une mémoire qui date de notre naissance, on est capable de se rappeler l'héritage de ce qu'il s'est passé avant nous", explique-t-elle.
D'autres Franciliens saluent la politique culturelle de Valéry Giscard d'Estaing et notamment son rôle dans l'édification du musée. C'est le cas ainsi de David, 49 ans, qui tient remercier VGE d'avoir sauvé, dans les années 70, le musée d'Orsay, son musée préféré. Sur le registre, il écrit "ni jeune ni vieux giscardien je souhaite saluer la mémoire du président qui a sauvé la gare d'Orsay et qui l'a transformée en musée, dont je visite chaque exposition depuis de longues années".
"C'est mon enfance qui part un peu"
Dans son hommage, David fait par ailleurs part de son envie de rebaptiser le musée d'Orsay du nom de Valéry Giscard d'Estaing, "un peu à l'image du musée du Quai Branly Jacques Chirac". Une demande initiée par Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et qui a fait son bout de chemin jusqu'à la famille même de l'ancien président. Son fils Louis Giscard d'Estaing estimait ce mercredi matin chez nos confrères de franceinfo que donner le nom de son père au musée serait un hommage "légitime".
Un hommage en peinture
A l'extérieur du musée, depuis 6h ce mercredi matin, Roger Perez peint un grand portrait de 2 mètres de haut de Valéry Giscard d'Estaing sur une bâche scotchée sur un mur en face du musée d'Orsay. Il ne veut pas signer le livre d'or, il préfère rendre un hommage plus personnel au président.
"Même s'il ne me voit pas le faire, c'est pour remplir mon cœur"
"Ce musée est très personnel pour moi, quand je suis arrivée en France du Pérou à 15 ans c'est le premier bâtiment que j'ai visité", explique l'artiste.