Cathy Cognetti « La Collectivité de Corse est à l’arrêt »
Résultats des élections sénatoriales, élections territoriales de 2021, bilan de la majorité territoriale à la tête de la Collectivité de Corse ou encore difficultés des communes de montagne, Cathy Cognetti était l’invitée de Vinti minuti et a exposé sa vision de la politique insulaire.

Cathy Cognetti, conseillère territoriale aux côtés de Jean-Charles Orsucci au sein du groupe « Andà per dumane » (LREM), est également une élue de l’intérieur de la Corse, comme en témoignent ses mandats de 1ère vice-présidente de la communauté de communes Pasquale Paoli (la plus étendue de l’île regroupant 42 communes) et de conseillère municipale du village de Morosaglia. Un enracinement dans l’intérieur de l'île qui l’amène à critiquer le bilan de la Collectivité de Corse, tout en évoquant les prochaines échéances territoriales. Une émission à retrouver dans son intégralité à la fin de cet article.
Paulu Santu Parigi, un élu que vous connaissez bien puisqu’il était président de la communauté de communes à laquelle vous appartenez, vient d’être élu sénateur de la Haute-Corse. C’est le premier nationaliste à accéder au Palais du Luxembourg. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
« Tout d’abord, je lui adresse mes félicitations. Je souhaite que cette nouvelle fonction au sein de la chambre haute lui permette de défendre les territoires ruraux. Lui aussi est élu au sein d’une petite commune, et de la communauté de communes Pasquale Paoli, il en connait donc les attentes et les difficultés. »
Parlons à présent d’une autre échéance politique, celle des élections territoriales qui devraient avoir lieu en mars prochain si la situation sanitaire le permet. Laurent Marcangeli le maire d’Ajaccio a annoncé son intention d’être candidat. Un candidat du centre droit qui veut s’ouvrir à la gauche et à LREM, une force politique à laquelle vous appartenez à l’Assemblée de Corse. L’aventure des territoriales de 2021 aux côtés de Laurent Marcangeli, ça vous tente ?
C’est une candidature qui a toute son importance dans le paysage
« Pour le moment, il y a un appel au rassemblement, et il est donc un peu prématuré de vous donner une réponse. Le temps est à la consultation et il y a des discussions comme dans toutes les familles politiques. Pour ce qui est des déclarations de candidature, le temps viendra mais je pense qu’il est grand temps de sortir des clivages, et en ce qui me concerne, j’irai vers un programme qui sera en faveur d’une ruralité moderne à laquelle j’appartiens. »
Certains disent toutefois qu’il est le seul à pouvoir faire tomber l'actuel président du Conseil Exécutif Gilles Simeoni et les nationalistes…
« Je pense que c’est une candidature qui a toute son importance dans le paysage, et donc que d’autres mouvements pourront peut-être le rejoindre. Toutes les candidatures sont à évoquer pour l’avenir de la Corse. »
Mais vous ne fermez pas la porte ? « Non »
Changeons de sujet. Cathy Cognetti, un centre d’enfouissement des déchets à Moltifao, le projet n’est pas écarté par Don Georges Gianni le nouveau président du SYVADEC. Cela inquiète l’élue du centre Corse que vous êtes ?
« Tout à fait, et c’est aussi une des raisons de mon engagement au sein de la communauté de communes Pasquale Paoli. Nous sommes conscients du danger pour notre territoire, c’est-à-dire la création d’un site d’enfouissement situé près de nos réserves d’eau qui alimentent toute une microrégion. Cela nous fait peur et à juste titre, on nous annonce 600 000 tonnes de déchets sur notre territoire, cela aura une incidence économique mais aussi sanitaire sur ce dernier. Comme je l’ai dit à Mr Gianni, nous ne pouvons pas tolérer d’être le réceptacle des déchets de la Corse. Nous plaidons pour une gestion territorialisée des déchets. »
Plus généralement Cathy Cognetti, comment jugez-vous le bilan de la Collectivité de Corse depuis que les nationalistes sont arrivés aux responsabilités il y a 5 ans ?
La collectivité de Corse est à l’arrêt
« La Collectivité de Corse est à l’arrêt. Moi qui étais conseillère départementale, je me pose des questions. Où sont les grands investissements ? Où sont les chantiers routiers ? Je ne dis pas qu’il n’y a rien de bon, il y a eu des difficultés de mise en place. Mais j’estime qu’au bout de 5 ans, des solutions auraient dû être trouvées. En ce qui me concerne je trouve que les territoires ruraux sont à l’abandon. Je l’ai évoqué à l’Assemblée de Corse, en 2019, le montant qui était alloué aux routes départementales de la part de la Collectivité de Corse, est le même montant qui était attribué par le seul conseil départemental de la Haute-Corse en 2017. Il faut aller vers plus d’investissements. On nous avait promis un développement du rural, il ne voit pas le jour… Nos réseaux routiers qui sont la première source de développement d’une microrégion sont à l’abandon ! »
Quelles sont justement les difficultés pour les élus du rural ? Il est difficile d’être un élu de l’intérieur en 2020 ?
« C’est difficile parce que les maires représentent le premier échelon social. C’est chez eux que l’on vient, que l’on frappe à la porte. Nous sommes tous des élus de petites communes qui cumulent les handicaps, les inégalités économiques et sociales. Nous avons une perte des services publics, des problèmes d’accès, et ces handicaps ne sont pas gommés sur notre communauté de communes, comme dans les autres communes rurales. »
Aujourd’hui un certain nombre de maires et d’élus ruraux regrettent les conseils départementaux. Selon eux, la collectivité unique n’est pas assez proche des territoires. En tant qu’ancienne conseillère départementale de Haute-Corse, on suppose que vous partagez ce constat ?
« Je partage ce constat car nous avons enlevé un échelon de proximité, il ne reste plus que le maire et la Collectivité de Corse. La chambre de territoires mérite un autre développement, de donner plus la parole aux élus. Même si elle est mise en place, elle n’a pas encore cette représentativité qui lui permet d’œuvrer pour les territoires. »
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