Commission européenne : après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard, la France propose Thierry Breton
La candidature de Sylvie Goulard a été définitivement rejetée par les eurodéputés ce jeudi. Soutenue par Emmanuel Macron, qui l'a désignée pour siéger dans la future Commission européenne, l'ex-ministre des Armées briguait l'important portefeuille du Marché Intérieur.

Emmanuel Macron a proposé à Thierry Breton, 64 ans, actuel PDG du groupe Atos et ex-ministre de l'Economie, d'être le nouveau membre français à la Commission européenne. L'Elysée l'a annoncé jeudi, deux semaines après le rejet de la précédente candidate, Sylvie Goulard, par les députés européens.
Le portefeuille français reste inchangé
Le vaste portefeuille obtenu pour le Commissaire français (politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et espace) restera inchangé. Emmanuel Macron en a obtenu l'assurance d'Ursula von der Leyen, la présidente de la nouvelle Commission.
Sitôt après l'annonce de l'Élysée, Thierry Breton a fait savoir qu'il se consacrait "dès à présent à la préparation des auditions auprès des commissions compétentes du Parlement européen". "Je suis très honoré de la confiance qui m'est accordée par le président de la République M. Emmanuel Macron et par la présidente élue de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen", a-t-il ajouté. "Je mesure, pour l'Europe et pour tous nos concitoyens européens, l'importance des enjeux associés à ce portefeuille pour l'avenir de notre continent."
Écarter tout risque de conflits d'intérêts
D'ici fin novembre, Thierry Breton doit convaincre des eurodéputés particulièrement soucieux de transparence. Il devra d'abord passer devant la commission parlementaire des affaires juridiques, chargée de se prononcer sur les éventuels conflits d'intérêts des futurs commissaires. Puis il sera soumis, comme avant lui Sylvie Goulard, à l'audition des eurodéputés qui doivent donner leur aval.
La tâche ne sera pas simple, car Thierry Breton, patron d'un groupe de fournisseur de services informatiques de l'Union européenne, devra écarter tout risque de conflits d'intérêts.
La France, premier pays à voir son candidat recalé
Le 10 octobre, ces derniers avaient rejeté la candidature de Sylvie Goulard, estimant que l'ex-députée européenne centriste du Sud-Est n'avait pas toutes les compétences requises pour l'important portefeuille regroupant le Marché Intérieur, l'Industrie, la Défense, l'Espace, le Numérique et la Culture et qu'elle ne présentait pas toutes les garanties d'intégrité personnelle et d'indépendance.
Lors d'une première audition, le 2 octobre, les eurodéputés avaient déjà fait part de leurs réserves alors que Sylvie Goulard est citée dans deux enquêtes en cours. La justice française et l'office anti-fraude de l'UE (Olaf) suspectent son parti, le MoDem, d'avoir utilisé des fonds européens pour rémunérer certains de ses salariés.
Certains parlementaires européens s’interrogeaient en outre sur ses activités de "consultante" pour l'institut Berggruen, un "think tank" fondé par le milliardaire américano-allemand Nicolas Berggruen. Entre 2013 et 2016, alors qu'elle était députée européenne, Sylvie Goulard a touché d'importantes rémunérations pour son travail auprès de cet institut. L'Olaf a confirmé à l'AFP enquêter sur "d'éventuelles irrégularités concernant les activités que Mme Goulard a menées pour l'Institut Bergruen alors qu'elle était députée européenne".
L'ancienne ministre avait refusé de retirer sa candidature, rappelant qu'elle n'a pas été mise en examen. C'était la première fois qu'un candidat présenté par la France pour un poste de commissaire était recalé par le Parlement européen, qui doit voter l'investiture de la nouvelle commission le 1er décembre lors de sa session plénière à Strasbourg.