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Dans l’Indre, le travail des attachés parlementaires « énormément traçable »
L’affaire des soupçons d’emploi fictif de Pénélope Fillon, employée plusieurs années en tant que collaboratrice de son mari, François Fillon, a jeté le doute sur le métier d’attaché parlementaire. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Portrait croisé de deux jeunes collaboratrices indriennes.

Elles tiennent toutes les deux les deux seules permanences d’élus qui donnent sur la rue, à Châteauroux. Alison Paquette travaille avec le député socialiste Jean-Paul Chanteguet, Alexandra Darinot avec la sénatrice Les Républicains Frédérique Gerbaud.
Derrière leur bureau, visible à travers la vitrine, elles décrivent leur emploi de la même façon. Alexandra Darinot "réceptionne les appels téléphoniques et fait l’accueil physique" dans la permanence LR. Alison Paquette tient "un moulin" où chacun peut venir se renseigner sur le travail du député, demander de l’aide ou des conseils.
Alexandra Darinot a aussi "des responsabilités juridiques" quand elle propose des idées de lois à sa sénatrice. Alison Paquette est "très présente sur le terrain" avec son député ou "pour lui faire des comptes rendus" et parfois pour le représenter quand il est à l’Assemblée nationale.
Le travail des collaborateurs indriens, réel et traçable
De leur travail, elles gardent des traces. Pas de soupçons d’emploi fictif à Châteauroux :
Mon travail est énormément traçable. J’ai le même ordinateur depuis 2012 et je n’efface aucun de mes mails. - Alison Paquette, collaboratrice de Jean-Paul Chanteguet
Tout est traçable, qu’il s’agisse des correspondances écrites ou même des mails. - Alexandra Darinot, collaboratrice de Frédérique Gerbaud
La sénatrice LR, en poste depuis le mois de décembre 2016, ajoute qu’avec une permanence dont la vitrine donne sur la rue, "il est facile d’observer qui travaille et qui ne travaille pas". "Tout est parfaitement transparent." Cette permanence est d’ailleurs l’une de ses premières décisions. Frédérique Gerbaud ne voulait pas de bureau "à l’ancienne", à l’étage d’un immeuble.
Jean-Paul Chanteguet assure quant-à-lui qu’il pourrait retrouver des documents datant de son premier mandat de député, en 1988. "Je peux retrouver l’essentiel, des courriers, des petits mots. D’abord parce que nous avons des archives et nous avons les uns et les autres, moi le premier, garder beaucoup de choses." Selon le député PS, la traçabilité de ses dernières conversations avec ses attachés est d’ailleurs très facile à démontrer.
Si vous prenez mon iphone, vous pouvez retrouver les échanges que j’ai eu avec tous mes collaborateurs au cours des 15 derniers jours. - Jean-Paul Chanteguet, député socialiste de la première circonscription de l’Indre
Deux parcours très différents pour un même métier
Les deux collaboratrices n’ont pas reçu de traitement de faveur, comme aucun des douze attachés parlementaires de l’Indre. Elles expliquent volontiers comment elles ont été recrutées.
Alison Paquette passe sa cinquième année aux côtés de Jean-Paul Chanteguet. Il l’a repérée pendant la campagne pour les élections présidentielle et législatives de 2012. A l’époque, elle a 23 ans et s’implique tellement dans la campagne qu’elle prend des jours de congés, dans l’entreprise pour laquelle elle travaille. Elle ne pensait pas à devenir attachée parlementaire mais a répondu aussitôt "oui", lorsque, "après la victoire, le député [lui] a proposé de continuer [leur] collaboration".
Ce n’était pas évident. Quand j’étais en CP, je ne rêvai pas de devenir attachée parlementaire. Même quand je me suis lancée dans la campagne en 2012, je ne savais pas que le député allait recruter un collaborateur. - Alison Paquette, collaboratrice de Jean-Paul Chanteguet
Le député a aimé sa personnalité, confie-t-il. Alison Paquette a dû apprendre le métier au jour le jour et a même décidé de reprendre ses études. "J’ai profité de mes cinq ans de stabilité pendant le mandat" pour valider une licence en management public et commencer un master à Poitiers.
A droite, Alexandra Darinot a 36 ans. Elle vient tout juste de prendre ses fonctions aux côtés de Frédérique Gerbaud, après douze ans d’exercice en tant que clerc de notaire. Selon elle, ses compétences juridiques ont plu à la sénatrice, ainsi que son statut de première adjointe dans la commune indrienne de Migny : elle est "pure souche de l’Indre".
Quand Frédérique Gerbaud a pris ses fonctions, l’élue a entendu dire qu’elle cherchait un nouveau collaborateur et a postulé directement auprès d’elle, avant de démissionner de son emploi. Néanmoins, Alexandra Darinot ne dit pas si elle est aussi de droite, préférant garder ses opinions politiques secrètes.
J’ai eu un déclic en devenant élue. Depuis quelques années, c’était devenu un rêve. - Alexandra Darinot, collaboratrice de Frédérique Gerbaud.
"Ne pas jeter l’opprobre" sur des collaborateurs actifs et efficaces
Toutes les deux ont un temps plein. Alexandra Darinot gagne plus de 3.000 euros brut par mois. Frédérique Gerbaud a deux collaborateur, l’un à Paris, l’autre à Châteauroux, entre lesquels elle partage l’ensemble de sa dotation parlementaire d’environ 7.500 euros brut mensuels (au Sénat).
Jean-Paul Chanteguet a cinq collaborateurs, rémunérés grâce à sa dotation d’environ 9.500 euros (à l’Assemblée nationale) : un en temps plein à Paris, un autre en mi-temps à Paris, un troisième en mi-temps au Blanc, un quatrième en quart-temps au Blanc et un cinquième, donc, en temps plein à Châteauroux. Les collaborateurs ne souhaitent pas révéler leurs salaires, estimant que c’est leur vie privée et que la loi ne les y oblige pas.
Les gens qui me connaissent savent que je roule dans une Ford fiesta datant de 2009 et que je ne pars en vacances qu’une fois par an. - Alison Paquette, collaboratrice de Jean-Paul Chanteguet
Très présente sur les réseaux sociaux, personne ne lui a demandé si elle travaillait vraiment depuis le début de l'affaire Pénélope Fillon. A droite en revanche, la nouvelle attachée a déjà dû expliquer à plusieurs personnes en quoi consistait son métier. Mais la sénatrice LR, aussi co-présidente du comité de soutien de François Fillon en vue de la présidentielle de 2017, estime qu’il ne faut pas "jeter l’opprobre" sur toute une profession.
La plupart des collaborateurs parlementaires sont des gens qui travaillent très bien. Et je crois qu’il faut être très prudent pour ne pas jeter l’opprobre. - Frédérique Gerbaud, sénatrice Les Républicains de l’Indre
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