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Débat présidentiel : "Un quart d'indécis à convaincre", estime le politologue grenoblois Olivier Ihl

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Le débat d'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen aura lieu ce mercredi soir. "Les trois quarts des téléspectateurs sont déjà convaincus", estime sur France Bleu Isère Olivier Ihl. Mais le quart restant peut faire basculer l'élection.

L'affiche est la même qu'en 2017, mais le résultat sera-t-il le même ? Réponse ce mercredi 20 avril avec le face-à-face télévisé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, à 21h. Les deux candidats seront questionnées sur le pouvoir d'achat, la situation internationale puis l'écologie et la santé. Un quart de l'électorat peut basculer, estime l'invité du 6-9 France Bleu Isère, le politologue Olivier Ihl, professeur à l'IEP de Grenoble.

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France Bleu Isère : Est-ce que c'est un débat peut faire basculer l'élection ?

Olivier Ihl : Les débats font rarement basculer une élection, mais ce débat-ci a de l'importance puisqu'on a été privé lors du premier tour de toute rencontre réelle, concrète, entre ces deux adversaires présents au second tour. Donc, ce sera scruté avec beaucoup d'attention.

Qui prend le plus de risque ? Ça semble être Emmanuel Macron. On se dit que Marine Le Pen ne peut pas vraiment faire pire qu'il y a cinq ans...

Oui, c'est un raisonnement qui se tient. C'est vrai aussi que dans les enquêtes de sondages, l'avance légère dont bénéficie Emmanuel Macron semble effectivement le placer comme le candidat ayant le plus à perdre dans ce débat. Marine Le Pen étant outsider, elle a évidemment là une position plus favorable.

Et ça se joue sur quoi ces débats ? On se rappelle souvent de petites phrases (l'anaphore de François Hollande en 2012, ou encore le "Vous n'avez pas le monopole du cœur" de Giscard d'Estaing). Le débat se résume à des petites phrases ?

Alors, les punchlines, on les adore quand on en est un observateur professionnel ou vraiment fervent de la chose politique. En réalité, c'est plus une impression d'ensemble qui joue. C'est l'occasion pour les deux candidats de conforter leurs bases électorales et de mettre en difficulté leur adversaire. Et donc, c'est au fond, tout au long des deux heures et demie de débat, que la prestation doit être évaluée. Et c'est là que ça joue.

Et globalement, les candidats peuvent-ils séduire au delà de leur base ou est-ce que chacun s'exprime d'abord pour son électorat ?

Alors, les enquêtes montrent, dans tous ces débats d'entre-deux-tours, que les trois quarts des téléspectateurs sont déjà convaincus et ne viennent finalement chercher là que l'assurance qu'ils ont fait le bon choix. Ce qui veut dire qu'il y a quand même encore un quart d'indécis ou de gens qui sont prêts à changer de position. Et c'est évidemment sur ce segment, réduit mais important, que vont se concentrer les deux candidats en lice.

Quels sont les enjeux pour les deux candidats ? Pour Macron, c'est convaincre les gens de gauche d'aller voter et pour Marine Le Pen, c'est rassurer ?

Oui, je dirais que pour Emmanuel Macron, c'est d'abord de défendre son bilan, ce sera un point central. C'est la différence avec Marine Le Pen, la candidate d'extrême droite, qui aura pour elle "le ministère de la parole", elle n'a pas de passif. En revanche, l'essentiel pour elle sera de montrer qu'elle est une femme d'Etat, qu'elle est capable d'assumer une fonction. Ce sont, si l'on en croit les enquêtes, une partie de l'électorat doute encore. Et c'est là-dessus, sur ces stratégies-là, que les choses vont vraiment se décanter.

Le débat, c'est souvent plus compliqué pour le sortant ? Qui est attaqué sur son bilan...

Oui et là, en l'occurrence, c'est un bilan qui est complexe voire compliqué : la Covid, la guerre en Ukraine, les nouvelles dispositions de l'assurance chômage, la retraite, etc... Bref, une partie de l'électorat, on le sait, en veut au chef de l'Etat sortant. Et donc, évidemment, c'est un point qui va être beaucoup surveillé.

A quel point la forme du débat est importante ? On sait que les négociations ont été compliquées entre les candidats sur la manière de filmer, sur les plans de coupe et puis même la température du studio !

Quand vous avez 16 à 17 millions de gens qui vous regardent le soir devant leur poste de télévision, forcément, le diable se cache dans les détails. Une couleur, un plan de coupe mal réglé, un geste malencontreux, un énervement mal déguisé ou mal dissimulé... Tout cela peut, sur de petites fractions de l'électorat, jouer un rôle décisif. Et évidemment, comme tout cela se finit dans les urnes, chacun des candidats va veiller à ne rien céder.

Vous constatez aussi que l'attrait pour ce débat ne cesse de diminuer au fil des élections, ces dernières années ?

Oui, deux chiffres très simples : en 1981, il y avait près de 30 millions de téléspectateurs derrière leur poste. En 2017, il y en avait moitié moins, 16 millions. Donc, c'est vous dire si, élection après élection - on écarte 2002 où il n'y a pas eu de débat - les téléspectateurs sont moins nombreux à suivre ce fameux rituel. Et il est probable que ce soir, la tendance sera prolongée. 

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