Départementales dans l'Eure : la camarade Oger raccroche après 45 ans de combats
Andrée Oger, conseillère départementale communiste du canton de Saint-André-de-l'Eure (Eure) ne se représente pas aux élections départementales des 20 et 27 juin prochains. À 84 ans, elle met fin à 45 ans de mandats et de combats.
Andrée Oger s'est présentée une première aux élections départementales en 1970 et "était venue mourir au second tour à quelques centaines de voix d'écart" se souvient-elle. Six ans après, Andrée Oger fait son entrée au conseil (alors) général pour ne le quitter que quarante-cinq plus tard, un record de longévité dans l'Eure. En 1976, la conseillère communiste est la seule femme de l'assemblée "qui devait compter une quarantaine de conseillers départementaux à cette époque-là et qui était composée essentiellement de vieux messieurs un peu somnolents". Autant dire que l'arrivée des trois conseillers communiste, avec Rolland Plaisance et Marcel Larmanou, et de quelques jeunes socialistes, n'est pas passée inaperçue dans l'hémicycle.
On a mis une joyeuse pagaille et on a réveillé tout ce monde - Andrée Oger
Dès la première séance, les élus communistes déposent des pétitions sur le bureau du président, "on n'a jamais vu ça et je me souviens des conseillers généraux qui criaient : arrêtez votre cinéma, ce n'est pas comme ça que ça se passe ici" dit-elle. On frise même l'incident diplomatique lors de l'assassinat de Jean de Broglie le 24 décembre 1976 (ancien ministre et député de la première circonscription de l'Eure de 1958 à 1976) : "À la session suivante, Marcel Larmanou a fait une déclaration de principe s'étonnant qu'un ministre meure dans de telles conditions" se souvient-elle, "et le préfet quitté la séance, il s'est levé, il est parti suivi par toute son administration". En effet, jusqu'aux lois de décentralisation de 1982, les préfets coprésident les exécutifs départementaux.
ÉCOUTEZ - Le témoignage d'Andrée Oger, 45 ans de mandats et de combats
45 ans de mandats et de combats
De ses années au conseil départemental, Andrée Oger gardera le souvenir "des contacts avec toute la population du canton mais aussi d'ailleurs" avec deux permanences par semaine et environ deux cents dossiers traités par an.
J'ai défendu beaucoup de gens et ça m'a passionné. Je ne supporte pas les injustices - Andrée Oger
Il y a quelques réalisations dont la conseillère départementale est fière : "Les deux collèges, c'étaient des ruines" raconte-t-elle, "le collège de Saint-André-de-l'Eure avait sept classes en dur et treize classes mobiles". Andrée Oger se satisfait aussi de la réalisation de la voie verte, qui n'est pas encore terminée, mais "j'ai obtenu l'assurance qu'elle allait bien être menée jusqu'à Breuilpont en empruntant les chemins communaux de Bueil". Et l'élue envisage de continuer le combat même une fois son mandat terminé :
Je réclame une piscine pour les enfants de notre canton - Andrée Oger
"J'ai essayé d'être utile aux gens autour de moi" rappelle-t-elle tout en soulignant que certains élus n'ont pas cette vision de la politique : "Les grands politiques, ça éclate aujourd'hui, c'est leur carrière envers et contre tout" tacle-t-elle alors que "les élus locaux se donnent beaucoup de mal pour répondre aux besoins de leur population". L'occasion aussi d’égrener les souvenirs des rapports avec les présidents successifs du conseil départemental : "Le premier, c'était Gustave Héon , il était très respectueux. mais il se mettait en colère parce qu'à l'époque je me battais pour demander le remboursement de la TVA. Tous les industriels étaient remboursés mais pas les communes". Les rapports avaient Henri Collard étaient cordiaux : "Il m'avait dit je peux vous considérer comme une amie" même si "on n'était pas d'accord". Andrée Oger a été "beaucoup touchée" par les mots de Sébastien Lecornu à la première session de 2005 : "En bas de l'estrade, il m'a dit, Madame Oger, je sais que vous êtes sincère, je le suis aussi, donc je crois que nous nous entendrons" et la conseillère de s'empresser d'ajouter "on ne s'est pas très bien entendu quand même".
Une fois à la retraite politique, Andrée Oger va cultiver son jardin, au propre comme au figuré, "mon mari va un petit peu me voir davantage, je ne suis pas sûr que ça soit un bien pour lui" rigole-t-elle, profiter de ses petits-enfants et dévorer des livres.