Élections départementales : les enjeux en Midi-Pyrénées
De la Haute-Garonne au Lot en passant par le Gers ou le Tarn, les huit présidents sortants des départements de l'ancienne région Midi-Pyrénées remettent leur mandat en jeu les 20 et 27 juin. Certains ont des boulevards devant eux, d'autres, plus rares, sont menacés. Résumé des enjeux.

Les élections départementales ont lieu les 20 et 27 juin. Il s'agit d'élire dans chaque canton un binôme homme-femme, les conseillers départementaux élus choisissant ensuite leur président(e). Dans l'ex-région Midi-Pyrénées, les huit présidents se présentent à nouveau dans leur canton. En l'absence d'une droite combative et face à un Rassemblement national parfois bien placé pour obtenir ses premiers sièges, la gauche espère maintenir sa mainmise sur la région (11 départements sur 13 en Occitanie), et pourquoi pas l'étoffer.
Haute-Garonne : le PS hégémonique
De la Haute-Garonne, les socialistes en ont bâti l'un de leurs royaumes en France. Les historiens se souviennent que le Revelois Vincent Auriol (SFIO) en avait pris la tête dès l'Après-guerre. Georges Méric, 73 ans, repart pour un nouveau mandat. Encore loin des 27 ans de pouvoir de Pierre Izard, il règne depuis huit ans sur une majorité écrasante, près de 90% des conseillers en place sont derrière ce médecin gériatre originaire de Nailloux.
La moitié des conseillers ne se représente pas toutefois, l'assemblée va donc être fortement renouvelée.
Les plus petites formations de gauche se sont rassemblées derrière le Parti socialiste, mais pas les deux plus grosses. Les Verts (EELV) davantage concentrés sur les régionales n'envoie pas de cadors sur le scrutin haut-garonnais bien qu'ils soient présents partout. Michèle Bleuse avec Henri Arévalo, Clémentine Renaud, et Gisèle Verniol seront les plus expérimentés des écologistes. La France Insoumise se garde aussi de gaspiller trop d'énergie et présente des candidats dans 20 des 27 cantons. L'ancienne candidate aux législatives, Anne Stambach-Terrenoir, est l'un des rares visages connus.
A suivre aussi la candidature de deux maires de la couronne toulousaine. Dans le cantonToulouse-9 où les sortants s'en vont, Marc Péré, le maire DVG de l'Union, co-président d'un groupe d'opposition à la métropole de Toulouse (avec Archipel citoyen), affrontera avec sa binôme un nouveau tandem de la majorité Méric, dont Pierre-Nicolas Bapt, patron du PRG en Haute-Garonne, issu de la même famille que l'ancien député et maire de Saint-Jean, Gérard Bapt.
Et dans le canton Toulouse-11, le maire de Ramonville Christophe Lubac (PS) essaiera de faire basculer l'un des rares cantons tenus par la droite, remporté en 2015 par Marion Lalanne de Laubadère (LR), partante.
Quant à la droite, en ultra-minorité en Haute-Garonne, elle aura pour défi d'étoffer son nombre d'élus, en s'unissant souvent avec des candidats LREM, ou de l'UDI. Ce sera compliqué, la cheffe de file de l'opposition, l'adjointe au maire de Toulouse en charge de l'éducation, Marion Lalanne de Laubadère ne se représente pas. En l'absence de leader désigné, le Toulousain sortant Jean-Baptiste de Scoraille et le discret numéro 2 des Républicains en Haute-Garonne, Sébastien Cazaulon porteront les couleurs de la droite et du centre. L'UDI 31, à travers sa présidente la balmanaise Sophie Lamant et son délégué départemental Julien Grandchamp.
En embuscade, le Rassemblement national, fort de sa quinzaine de triangulaires au dernier scrutin départemental, aimerait cette fois franchir les portes du CD31 pour de bon. Pour ces élections, le RN sera présent en tous cas dans les 27 cantons de la Haute-Garonne avec son secrétaire départemental dans le canton de Villemur, Julien Léonardelli, et quelques rares têtes déjà aperçues comme celle de Quentin Lamotte ancien candidat RN aux municipales de Toulouse et actuel directeur de cabinet du maire de Moissac (Tarn-et-Garonne).
Tarn : Christophe Ramond à la tête d'une liste de gauche qui va jusqu’au centre-droit
Dans la Tarn, Christophe Ramond, le président sortant a fait savoir très tôt qu’il serait candidat à sa succession. Il a présenté une liste avec pas mal de nouvelles têtes. "Nous avons renouvelé l’équipe de moitié" insiste le président qui va proposer une majorité très large allant avec de la gauche au centre droit avec quelques LREM en prime dans ce panel. Mais pas question d’afficher une seule étiquette politique sur cette majorité départementale. Parmi les nouvelles têtes, Étienne Moulin, président de l’Ordre des médecins du Tarn, David Donnez le maire de Saint-Juéry ou encore Robert Bousquet le maire de Lacaune.
Face à cette majorité, la droite est en ordre de marche derrière le maire de Soual, Jean Luc Alibert. C’est la liste que va soutenir LR dans le département, même si a priori il n’y a aucun encarté LR parmi les candidats connus. La droite qui espère pouvoir présenter des candidats partout mais qui n’a pas encore totalement bouclé son casting.
Le Rassemblement national emmené par Julien Bacou espère en tout cas beaucoup de ce scrutin. Il y a six ans, sur 23 cantons, le FN était présent dans 17 au second tour mais n’a réussi à avoir aucun élu. Cette fois clairement, ils y croient fort notamment dans le canton de Graulhet.
Enfin les écologistes ont également lancé leur campagne. Ils seront présents dans dix cantons avec des militants EELV et des citoyens de la société civile. Des discussions ont été menées avec la majorité mais l’ouverture au centre droit de la liste de Christophe Ramon a empêché toute alliance. Et puis les contours des projets de l’autoroute Castres-Toulouse et de la zone des portes du Tarn sont aussi évidemment des points de blocage.
Tarn-et-Garonne : Baylet pourrait faire son retour, le RN son entrée
Voilà sans conteste le département où les enjeux sont le plus exacerbés. L'historique patron du 82, Jean-Michel Baylet (PRG) toujours ultra-puissant dans son fief, a bien l'intention de faire payer sa haute trahison au président sortant, Christian Astruc ex-PRG à la tête d'une coalition de droite et du centre. La droite divisée entre les pro et les anti-Astruc, la gauche pourrait récupérer le Tarn-et-Garonne dans son escarcelle. Et Jean-Michel Baylet, retrouverait le siège qu'il a occupé trente années durant, sauf si il désigne un dauphin.
A noter que dans le Tarn-et-Garonne, plusieurs personnalités se sont lancées dans l'arène des départementales. Le maire de Moissac, Romain Lopez aura pour mission de décrocher un siège historique au Département pour le Rassemblement national. Il pourrait faire des émules. La députée socialiste Valérie Rabault est quant à elle candidate sur le canton de Caussade, tenu par la majorité. Elle n'a pas en revanche l'intention de briguer la présidence en cas de victoire de la gauche dans le Tarn-et-Garonne.
Aveyron : le duel des droites
En Aveyron, la droite se déchire pour les départementales et ce sera sans doute le deuxième point chaud de ces départementales en Midi-Pyrénées. La bataille va se jouer entre deux ténors de la vie politique. Le député LR Arnaud Viala décide de laisser tomber son poste de parlementaire pour viser la présidence du département. Il affrontera le président sortant Jean-François Galliard (UDI). Ce qui a surtout surpris, c’est la liste des noms que l’élu LR a diffusé. Dans son camp, il compte 80 % des soutiens de l’actuel président. Et si le député répète qu’il n’a aucune animosité à l’encontre Jean-François Galliard, il dit aussi qu’il veut donner un nouveau souffle au département. Il pointe aussi un manque d’ambition et il dresse le portrait d’un président qui aurait gouverné trop souvent seul pendant ses six dernières années.
Du côté du sortant, on fait savoir que tout va bien. Pas de fébrilité, qu’on a encore le temps pour faire campagne et surtout que les soutiens du député sont beaucoup moins nombreux qu'on ne veut le faire croire. Un match à droite donc dans un département où les chances de la gauche semblaient très faible. Mais évidemment cette division pourrait créer des surprises.
Ariège : la gauche sereine
La socialiste Christine Téqui a bénéficié en 2019 du retrait d**'Henri Nayrou** (qui laisse son siège) et est devenue la troisième présidente d'un département en Occitanie, après la Lozère et les Pyrénées-Orientales. La maire de Seix sera bien sûr candidate sur son canton du Couserans-Est. Elle n'a pas grand chose à craindre, là encore dans un département largement acquis à la cause de la gauche, PS en tête aidé par son allié radical. Son bras droit, Alain Naudy, repart aussi. L'inconnue sera peut-être le score des Insoumis, qui avaient créé la surprise en conquérant les deux postes de députés du département en 2017. Mais leur popularité s'est depuis tarie en Ariège.
Gers : Philippe Martin en lice pour un cinquième mandat
Dans son canton de Valence-sur-Baïse, Philippe Martin est candidat à son cinquième mandat. Il est en effet à la tête du conseil départemental du Gers depuis 23 ans, si on excepte l'année où il est parti à Paris, entre juillet 2013 et juin 2014, exercer les fonctions de ministre de l'Ecologie. Le socialiste peut compter sur un réseau solide d'élus locaux qui le soutiennent. L'ancien ministre tient pour l'instant une majorité confortable (22 élus sur 34).
La droite, portée par le maire d'Eauze Michel Gabas et la maire de Cazaubon Isabelle Tintané, nourrit toutefois l'espoir de remporter neuf des 17 cantons.
Lot : peu de renouvellement annoncé
Le Département du Lot a toujours été à gauche. Serge Rigal, qui n'a plus sa carte au Parti socialiste et se présente comme divers-gauche, peut compter sur son équipe en place puisque la plupart des élus sortants de sa majorité vont repartir à la conquête d'un nouveau mandat. Ainsi, le maire PS de Figeac, André Mellinger, se représente sur son canton.
Comme dans la plupart des départements de l'ex Midi-Pyrénées à l'exception de l'Aveyron et du Tarn-et-Garonne, la droite ne semble pas réellement en mesure de peser. Le camp LREM espère garder ses quelques sièges, comme celui du nouveau maire de Souillac Gilles Liébus, anciennement dans la majorité et en conflit avec le Président, voire en gagner d'autres. C'est ainsi que la députée En Marche Huguette Tiégna sera candidate.
Hautes-Pyrénées : guère de suspense pour Pélieu
Les Hautes-Pyrénées sont avec le Tarn-et-Garonne les deux fiefs occitans historiques du Parti radical de gauche (PRG). Et en Bigorre, Michel Pélieu, qui avait lui-même sorti l'ancienne présidente Josette Durieu (PS) en 2011, n'a pas l'intention de s'arrêter après 10 ans à la tête du Département. L'ancien sénateur et maire de Loudenvielle bénéficie ici également d'une alliance de gauche à toutes épreuves, il compte même dans sa majorité des élus LREM. Michel Pélieu et ne devrait pas avoir de mal à conserver son siège.
À noter le départ de l'ancien ministre de l'agriculture, le socialiste Jean Glavany, 71 ans, laisse son siège dans son canton d'Aureilhan. L'ancien député lâche son dernier mandat électif local.
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