Élus et grand banditisme en Corse : une porosité contestée
Les propos tenus par Marie-France Giovannangeli sur notre antenne en fin de semaine dernière font des vagues. Au nom du Collectif « A Maffia nò, a vita iè », elle citait un certain nombre de noms d'élus en lien plus ou moins direct avec des personnes supposées appartenir au grand banditisme.
Corse, France
"Aujourd'hui comme hier, déclarait Marie-France Giovannangeli, on trouve une proximité entre des élus et des personnes qui ont été soit impliquées, soit dont les noms sont revenus très souvent dans des problèmes de gangstérisme important. Et la porte-parole du collectif « A Maffia Nò, a vita iè » d'égrener les noms de plusieurs personnalités politiques : Jean-Guy Talamoni, Paul Giacobbi, Jean-Charles Orsucci ainsi que la maire de Grosettu-Prugna, "Madame Bozzi, je cite, fille d'une mairesse qui a été assassinée, elle-même sœur d'un membre connu de la bande du Petit bar..."
Valérie Bozzi, première à réagir, se dit profondément choquée et meurtrie. La présidente du groupe La Corse dans la République à l'Assemblée de Corse, parle de dérives, de dérapages précisant, qu'avocate et élue depuis dix ans, elle n'a jamais été condamnée.
Valérie Bozzi
Valérie Bozzi et les autres élus ont reçu le soutien de la Ligue des droits de l'Homme qui s'inquiète de la répétition de ces dérives dangereuses pour les personnes ciblées. Condamnation aussi très ferme du président de l'Assemblée de Corse. "Je ne peux laisser sans réaction, écrit dans un comuniqué Jean-Guy Talamoni, cette attitude qui consiste à donner des noms en pâture sans aucun fondement autre que la rumeur." A noter qu’à ce jour, aucune des personnes citées n'a déposé plainte en diffamation.
Session décalée
L'Assemblée de Corse ne tiendra pas sa séance publique sur les dérives mafieuses avant mars 2020. Un débat public au sein de l'hémicycle avait eu lieu au lendemain de l'assassinat de Maxime Susini. A l'unanimité, les élus avaient alors décidé de tenir ultérieurement une session extraordinaire consacrée à la reprise de la violence et aux dérives mafieuses. Finalement, les travaux n'auront lieu que l'année prochaine, autrement dit après les élections municipales. Une décision prise collectivement par le président de l'Assemblée et les présidents des différents groupes. Leur volonté : se donner le temps de préparer les débats, avec des données objectives sur l'existence d'une mafia et son action exercée sur l'île notamment dans le monde économique. Différents responsables de services de l’État et des personnalités seront auditionnés, a affirmé Jean-Guy Talamoni.