Essert : le conflit s'enracine, les élus rejettent une seconde fois le budget 2021
Aucune embellie en vue dans la crise politique qui secoue le Conseil municipal d'Essert. D'un côté, la majorité et l'opposition rejettent le budget 2021 pour la deuxième fois. De l'autre, Frédéric Vadot, s'accroche à son poste de maire. Résultat : l'exécutif voit son pouvoir budgétaire réduit.
Seul face à une vingtaine de conseillers municipaux, ce vendredi 23 avril, à midi, le maire, Frédéric Vadot a tenté, pour la seconde fois, de faire approuver le budget 2021 de la commune d'Essert. La ville de 3000 habitants est le théâtre d'un bras de fer entre le maire et les élus. Abandonné par 15 de ses adjoints, qui lui ont demandé de démissionner au début du mois d'avril, un seul lui est resté fidèle. Il était absent ce vendredi 23 avril.
Dans un courrier en date du 16 avril, le préfet avait demandé au Conseil Municipal d'approuver le budget le plus rapidement possible, car la commune a dépassé les délais légaux. Le préfet du Territoire de Belfort va maintenant saisir la Chambre régionale des comptes et le pouvoir budgétaire de la commune sera suspendu.
La séance levée avant la fin du conseil
Alain Burger, 4e adjoint et chef de file de l'opposition justifie ce vote :"Vous présentez exactement le même budget au vote que celui de la semaine dernière, vous n'avez pas tenu compte de nos remarques", dénonce-t-il pendant sa prise de parole. De son côté, Nina Olofsson, adjointe aux finances regrette le manque de concertation : "Il a fait beaucoup d'arbitrages seul et on ne pouvait pas le laisser décider tout seul", affirme-t-elle.
Frédéric Vadot se défend :"J'ai essayé de leur apporter des documents qu'ils m'ont demandés la semaine dernière". Un effort qui visiblement n'a pas suffi, pendant la séance la tension est palpable. Le maire essaie de faire respecter le règlement et distribue des avertissements aux dissidents qui prennent la parole sans l'avoir demandé, finalement la séance est levée avant d'être arrivée à son terme. Selon lui, il fait "face à un putsch", et il refuse de démissionner pour ne pas leur laisser le champ libre : "Je ne veux pas qu'ils élisent un maire que les Essertois ne connaissent pas", explique-t-il.
Face à ce conflit, ce vendredi, le doyen de du Conseil municipal a annoncé sa démission, René Girot, adjoint en charge des affaires sociales ne siègera plus.
La commune privée de pouvoir budgétaire
Même si le budget 2021 n'est pas approuvé, la commune d'Essert ne sera pas placée sous tutelle, mais son pouvoir budgétaire sera fortement réduit. Le préfet du Territoire de Belfort, va maintenant saisir la Chambre régionale des comptes (CRC) qui a un mois pour émettre un avis. Le préfet rendra ensuite un arrêté réglant le budget. Il peut suivre l'avis de la CRC, ou le modifier. Concrètement cela signifie que l'exécutif reste en charge des affaires courantes, mais la modification des impôts locaux par exemple ne relève plus de sa compétence.
Le préfet dans son courrier évoquait aussi la possibilité de dissoudre le Conseil municipal, "si les dysfonctionnements dans l'administration de la commune devenaient récurrents et irrévocables". Une solution qui remettrait tout à plat et qui plaît à l'ancien maire, Yves Gaume, qui projette même de repartir "avec une liste similaire à celle de mars 2020".
Néanmoins, c'est un scénario qui n'est pour le moment pas sur la table, selon la préfecture. C'est une procédure qui est utilisée en de très rares occasions "quand la vie municipale est mise en danger" et qui doit être soumise au Conseil des ministres.