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INFOGRAPHIE - Cherbourg : les clubs sportifs sont-ils à plaindre ?
L’entraîneur des handballeurs a critiqué la politique de la ville de Cherbourg-en-Cotentin concernant le sport de haut niveau. Les clubs professionnels cherbourgeois sont-ils moins bien traités qu’ailleurs ? Etat des lieux.

La sortie a fait grincer des dents dans les couloirs de la mairie de Cherbourg. Elle continue aujourd’hui encore d’alimenter les discussions autour des terrains de sports du Cotentin. Il y a dix jours, Nicolas Tricon l’entraîneur des handballeurs de la JS Cherbourg a jeté un pavé dans la mare en pointant du doigt le manque d’accompagnement de la ville pour faire progresser le sport professionnel dans la quatrième ville de Normandie.
« La volonté, je ne la vois pas. Est-ce que la ville peut ? Oui ! C’est un problème de stratégie globale. Oui on peut, mais est-ce qu’on veut ? C’est bien d’avoir de l’ambition, mais il faut la vision qui va avec. C’est très politique ça. »
Selon Nicolas Tricon, ce manque de volonté politique bloque le développement du club de handball cherbourgeois, l’un des deux clubs professionnels de l’agglomération avec l’US la Glacerie en basket.
Les subventions : pour qui et combien ?
Chaque année, les associations sportives et les clubs de Cherbourg-en-Cotentin reçoivent une subvention de la part de la mairie qui a la compétence "sport de haut niveau".
La JS Cherbourg touche la plus grosse subvention (307.000 euros en 2018). L’US la Glacerie, bien que deuxième équipe professionnelle de l’agglomération, reçoit la 7e subvention. Les différentes collectivités (département, région…) peuvent également apporter de l’argent. Les clubs complètent ensuite leur budget par l’apport de partenaires privés (sponsors…), par les recettes matchs (billetterie, buvette…), par les revenus marketing (vente de maillots…). Pour la JSC et l’US la Glacerie ces revenus privés représentent la majorité de leur budget.
Handballeurs et basketteuses moins chouchoutés par les collectivités que leurs adversaires
- Le budget et les subventions de la JS Cherbourg cette saison par rapport à la moyenne de Proligue
- Le budget et les subventions de l'US La Glacerie cette saison par rapport à la moyenne en Ligue 2
Si les montants des subventions reçues par les deux clubs professionnels cherbourgeois peuvent à première vue donner le vertige, JSC et USLG touchent beaucoup moins que leurs adversaires.
Selon un bilan de la Ligue National de Handball , la JS Cherbourg handball reçoit par exemple 100.000 euros de moins de la ville que la moyenne de la subvention municipale en Proligue (autour de 400.000 euros en 2017 ).
L’US la Glacerie, qui dispute sa première saison en Ligue 2, reçoit 100.000 euros de moins que la moyenne des subventions dans son championnat.
ET AILLEURS ?
L’exemple de Chartres : le sport comme outil de promotion
La Préfecture de l'Eure-et-Loir (40.000 habitants) se classe, comme Cherbourg, dans les villes moyennes. Elle fait partie d'une communauté d'agglomération de 137.000 habitants, la communauté d'agglomération du Cotentin rassemblant de son côté 180.000 habitants.
L'équipe de handball de Chartres mène la danse en Proligue, la division de la JS Cherbourg. La ville a également deux clubs professionnels de basket : chez les garçons et en ligue 2 féminine… le championnat de l’US La Glacerie. La commune se distingue aussi en football (Chartres est co-leader de National 2, la division de l’US Granville), en tennis de table (élite) ou encore en rugby (Fédérale 2).
La mairie de Chartres verse 3 200 000 euros de subventions à ses clubs sportifs. C’est plus que Cherbourg, avec surtout de l’argent qui s’éparpille moins : de nombreux clubs d’un même sport ont préféré fusionner.
Autre particularité, toutes les principales équipes ont été regroupées sous une même marque – C’Chartres Sports - , avec le même logo et les mêmes couleurs de maillot à domicile. Cela fait partie d’une stratégie de promotion de la ville, explique l’adjointe au sport Karine Dorange :
« On est convaincu qu’au titre de la promotion de la ville, le sport est un vecteur qui coûte le moins cher et qui rapporte le plus. Beaucoup de villes, quand vous réfléchissez pourquoi vous les connaissez, c’est parce qu’il y a une équipe sportive, quelque soit le sport, qui évolue au haut niveau. »
« La richesse du monde associatif, quand on voit le travail qui est fait au quotidien que ce soit dans le haut niveau ou dans les niveaux inférieurs, si la ville devait le faire elle-même – d’abord on ne saurait pas le faire à ce niveau de résultats- et ça nous coûterait beaucoup plus cher. »
La course aux partenariats privés
Les finances des collectivités sont de plus en plus contraintes. Pour gagner en compétitivité, les clubs cherchent donc de nouvelles sources de revenus. Dans cette optique, la JS Cherbourg et l’US la Glacerie rêvent d’une Arena , une grande salle moderne.
A Chartres, le basket et le handball auront bientôt leur nouvelle salle . L'enceinte accueillera également des événements culturels.
"La priorité pour la collectivité, ça doit être d'apporter l'équipement structurant qui permet à l'association de se développer. Vous n'attirez pas les partenaires si vous n'avez pas un équipement de qualité." (Karine Dorange, adjointe au sport à Chartres)
Le club de handball de Cesson-Rennes (division 1) quittera le mois prochain sa salle de 1.500 places pour une Arena toute neuve de 4.500 places financée à 100% par des fonds privés. Sans ce nouvel outil, et avec l'une des plus petites subventions publiques de son championnat, le président Stéphane Clémenceau aurait tout arrêté.
"Pour essayer d'exister en première division ou en deuxième division et si on n'est pas soutenu de manière importante par les collectivités, il faut un équipement capable d'accueillir un maximum d'entreprises, de public, du spectacle, du show. C'est ce que les gens viennent chercher dans un sport de salle."
Avec ce nouvel outil, le club de Cesson-Rennes table sur une augmentation de plus de 50% de ses recettes "partenaires".
Les clubs professionnels cherbourgeois estiment ne pas pouvoir suivre cette voie avec leurs salles. L'US la Glacerie peut accueillir 580 personnes au Cosec La Saillanderie. C'est la troisième plus petite capacité de Ligue 2 (derrière l'Insep et Montbrison). Des aménagement ont dû être réalisés cet été pour installer un espace d'accueil sous un barnum à l'extérieur de la salle. Si la Glacerie souhaite jouer un jour dans l'élite, en Ligue Féminine, il lui faudra trouver une salle de 1500 places minimum.
La JS Cherbourg peut recevoir 2.500 personnes dans sa salle Chantereyne. Le club réalise la meilleure affluence de Proligue et la 9e de France en prenant en compte la D1. L'agglomération du Cotentin et la mairie de Cherbourg-en-Cotentin vont lancer une rénovation du complexe sportif, construit dans les années 70. Ce n'est pas forcément la meilleure stratégie selon l'entraîneur de la JSC Nicolas Tricon :
"Tu construis un outil, c’est pour les 40 ou 50 prochaines années. Si j’ai bien compris, il est question de mettre 15 millions d'euros de travaux à Chantereyne en construisant une salle à côté (pour le basket, ndlr). Donc j’imagine que dans la grande salle actuelle, il n’y a aura pas grand-chose. A Rennes, ils ont construit une salle neuve pour 17 ou 18 millions d’euros." (Nicolas Tricon, coach JS Cherbourg)
Le président des handballeurs de Cesson-Rennes Stéphane Clémenceau connait la salle Chantereyne. Il nous donne ses points forts et ses points faibles :
"Cette salle a une véritable qualité, c'est son emplacement. Être en cœur de ville c'est vraiment top. Je trouve qu'il y a une âme dans cette salle. Après, évidemment elle n'est pas aux standards d'aujourd'hui pour accueillir des partenaires dans des salons avec du confort, une vue sur la salle, des choses comme cela. C'est un vieux modèle. Mais elle présente quand même quelques qualités à mon sens."
Le maire Cherbourg-en-Cotentin invité du KOP ce lundi
Benoît Arrivé, maire de Cherbourg-en-Cotentin évoquera la stratégie de la ville pour le sport dans le KOP France Bleu Cotentin ce lundi entre 18h30 et 19h00.
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