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La directrice de Sciences-Po Grenoble répond aux accusations de "dérives idéologiques" de Laurent Wauquiez

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Au lendemain de la suppression des financements de la région Auvergne-Rhône-Alpes à Sciences-Po Grenoble pour cause de "dérive idéologique et communautariste", sa directrice Sabine Saurugger répond à Laurent Wauquiez sur le fond et sur les conséquences pour les étudiants précaires.

Sabine Saurugger, directrice de l'IEP Grenoble Sabine Saurugger, directrice de l'IEP Grenoble
Sabine Saurugger, directrice de l'IEP Grenoble - UGA / IEP

Tout est parti de l'intitulé d'un séminaire de Sciences-Po Grenoble qui aurait pu s'intituler "Racisme, antisémitisme et islamophobie". Un des professeurs de l'IEP, Klaus Kinzler, ne souhaitait pas voir associés ces 3 mots, il l'a dit par mail à ses collègues. Ces échanges ont été rendus publics, ce qui a abouti à une dénonciation publique d'une vingtaine d'étudiants qui ont collé en mars dernier sur les murs de l'Institut des banderoles avec le nom de l'enseignant et qui dénonçait son "islamophobie".

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Depuis,  les étudiants sont passés en conseil de discipline, 17 ont été relaxés, une jeune femme a été sanctionnée par une exclusion avec sursis. Klaus Kinzler s'est exprimé dans les médias pour déplorer en termes vifs le manque de soutien de l'équipe dirigeante de Sciences-Po. C'est à cause de ces déclarations qu'il a été suspendu pour 4 mois. Et la nouvelle s'ébruitant, Laurent Wauquiez a décidé de suspendre le financement annuel d'environ 100.000 euros de la région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Interrogée sur France Info, voilà comment Sabine Saurugger, directrice de l'IEP réagit à cette décision qui va priver, dit-elle, des étudiants précaires de bourses pour financer leurs études :

Sabine Saurugger : Je dois vous dire tout d'abord que je découvre avec stupéfaction l'image qui est dépeinte de Sciences-Po Grenoble dans les médias. Ce n'est pas l'établissement que je dirige. L'IEP est un établissement républicain où on forme des jeunes hommes et femmes pour devenir des décideurs de demain. Et c'est un établissement où on respecte la laïcité, on respecte la plus stricte liberté d'expression et la liberté académique. Et ces libertés sont garanties dans l'enseignement, dans la recherche et dans des nombreux projets qui sont menés aussi bien par les collègues que par les enseignants. 

Le président de la région, Laurent Wauquiez, a donc décidé de suspendre un financement de 100.000 euros à l'établissement. C'est très embêtant pour vous ?

C'est une décision que nous regrettons vivement parce que cette décision risque de priver des nombreux étudiants précaires des bourses qui leur permettent de financer leurs études. Le soutien financier de la région Auvergne Rhône-Alpes, consiste essentiellement en l'attribution des bourses aux étudiants ou soutien aux projets de formation et à l'action sociale. Bien évidemment, cet arrêt est extrêmement difficile pour les étudiants qui sont concernés. 

Mais est-ce-que ça remet pas en cause finalement aussi votre façon de diriger cet établissement ? François Jolivet, député Les Républicains, demande même la mise sous tutelle de Sciences-Po Grenoble. Il dénonce un établissement en proie à un courant sectaire. 

Vous avez raison et je suis très heureuse que vous posiez cette question parce que l'établissement a, depuis 2015, engagé des importantes réformes. Le rapport de l'Inspection générale de mai de cette année a apporté des recommandations encore supplémentaires pour faire évoluer l'organisation et la gouvernance de Sciences-Po Grenoble. Et aujourd'hui, on a besoin de tous les acteurs du soutien de tous les acteurs, y compris bien évidemment du président de la région. Monsieur Wauquiez est d'ailleurs membre du conseil d'administration de l'IEP de Grenoble depuis de longues années et je serais très heureuse de mener ces échanges avec lui également dans ce cadre. 

Vous êtes encore la femme de la situation aujourd'hui ?

Je suis tout à fait la femme de la situation et ça me permet aussi de répondre à une question que vous avez posé tout à l'heure concernant Klaus Kinzler. Les attaques contre Klaus Kinzler et contre plusieurs de ses collègues sont tout simplement inadmissibles et sont absolument graves. 

Mais vous ne les avez pas vraiment sanctionnées ? 

C'est une question très importante que vous posez ici. C'est une question qui, en fait, ne relève pas de Sciences-Po Grenoble. Le rectorat de région a délocalisé ces mesures de cette saisine de la commission de discipline à l'Université Clermont Auvergne et c'est la commission totalement indépendante de Sciences-Po Grenoble, sans aucun lien avec Sciences-Po Grenoble, qui a pris la décision de relaxe (NB : relaxe des étudiants, sauf une exclusion temporaire avec sursis) à l'unanimité.

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