Langue bretonne : la convention avec l'Etat ne sera pas renouvelée à temps, la Région dénonce un "blocage"
A cause de "blocages" de la part du ministre de l'Education nationale, la convention entre l'Etat et la Région sur les langues régionales ne sera pas renouvelée d'ici la fin de la mandature régionale actuelle en avril. Une douche froide pour les défenseurs du breton.
C'est une nouvelle douche froide pour l'enseignement du breton : par un courrier daté du 2 mars, le président de la Région Bretagne Loïg Chesnais-Girard a informé les filières bilingues et associations de promotion du breton qu'il n'était pas en mesure de faire voter la prochaine convention sur les langues régionales avant la prochaine session plénière en avril.
Cette convention entre l'Etat et la Région organise notamment l'enseignement de la langue bretonne, dans les filières bilingues et dans les filières monolingues en option. "Je dois constater un blocage de fond et de forme avec des nécessaires arbitrages du Ministre [de l'Education nationale] qui n'aboutissent pas", écrit Loïg Chesnais-Girard. Un "blocage" qui concerne notamment "la formation des enseignants, le nombre de places au concours, mais aussi le jalonnement routier".
"On n'a jamais vu ça"
"La crise dans laquelle nous nous trouvons est entièrement due aux décisions du ministère", abonde Lena Louarn, vice-présidente de la Région en charge des langues de Bretagne. Selon elle, l'Education nationale aurait refusé d'augmenter le pourcentage de postes alloués à l'enseignement bilingue.
"Nous avons ouvert des filières, les besoins ont augmenté. Le ministère ne propose rien de plus, voire même veut revenir en arrière sur certains points", ajoute Lena Louarn. "C'est inadmissible pour le président de Région, qui a décidé de ne pas signer ce texte. Décision que je soutiens totalement".
Même colère du côté des filières d'enseignement publique et privées. "La Région Bretagne, ainsi que le rectorat de Rennes, ont fait ce qu'ils ont pu", note Renan Kerbiged, de l'association Kelennomp qui promeut l'enseignement de la langue bretonne. "C'est au niveau du ministre Jean-Michel Blanquer que ça coince. On n'a jamais vu de tels blocages !"
La prochaine majorité en charge
"Sans convention, impossible de savoir d'une année sur l'autre combien de postes bilingues seront créées par exemple" fulmine Renan Kerbiged. "Après s'en être pris (aux heures de breton) à Diwan, le Ministre s'en prend à l'enseignement de la langue tout entier".
Ce sera donc à la prochaine majorité régionale que reviendra la charge de négocier et signer cette convention. La dernière, datant de 2015, est arrivée à échéance.