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INTERVIEW - Laurent Wauquiez encense Carole Delga : "Elle est une chance pour la gauche"
Pour la première fois, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'exprime en longueur sur sa consœur socialiste d'Occitanie. Laurent Wauquiez est-il surpris de la trajectoire nationale que prend Carole Delga et son rôle dans la campagne ? Entretien, en forme d'éloge. Etonnant.

Laurent Wauquiez le Républicain conservateur, Carole Delga la socialiste progressiste. On pourrait croire que les deux Présidents de région se détestent. Bien au contraire, ces deux quadras qui se sont connus il y a une dizaine d'années se respectent. Mieux, ils s'apprécient, entretenant une forme d'amitié détonante en politique. Nous l'avons sollicité pour qu'il nous parle de celle qui sera l'invitée de Wendy Bouchard dans Ma France ce vendredi 29 octobre de 13h à 14h sur France Bleu. Et bien qu'il se soit accordé quelques jours de vacances en famille, bien qu'il ait mille autres sujets plus urgents à traiter, bien que son camp puisse mal percevoir ce qu'il allait dire, Laurent Wauquiez a aussitôt accepté. Sans jamais en dire du mal.
Cela n'est pas de notoriété publique, mais ça n'est pas un secret non plus. Carole Delga et vous êtes amis, on peut parler d'amitié ?
Je pense qu'en tout cas, il y a une forme de complicité qui s'est créée et de respect mutuel, ce qui est étonnant parce qu'on est de caractères forts, parce qu'on n'a pas exactement les mêmes convictions politiques, c'est un euphémisme. Mais je pense qu'on a tous les deux en commun une vraie passion pour nos territoires et que, d'une certaine façon, on s'est rencontré, on s'est trouvé. J'ai beaucoup de respect pour Carole Delga. C'est une grande présidente de région. C'est quelqu'un, en politique c'est devenu rare, qui dit ce qu'elle fait, qui fait ce qu'elle dit. On a des régions qui sont voisines, on a souvent des dossiers ensemble et je pense qu'on partage aussi la même vision. Une certaine forme d'exaspération par rapport au fait que le pays soit uniquement piloté par Paris. Je trouve que le parcours de Carole Delga, c'est un beau parcours qui dit des choses sur ce que peut encore être la politique quand elle est bien faite, avec des vraies valeurs, et pas avec des trahisons.
Quand vous êtes-vous connus ?
On s'est connus au moment des Élus de la montagne (NDLR : l'ANEM, que Laurent Wauquiez a présidé). Carole était impliquée, moi aussi, c'est une association qui est précieuse parce qu'elle rassemble des gens qui viennent de gauche comme de droite, qui travaillent ensemble. On s'est surtout retrouvés quand on a été tous les deux élus présidents de région. Souvent autour de la table, les gens ont l'habitude de dire que les deux gros caractères forts, c'est Carole et moi. On a tendance à rentrer dans le tas et discuter après. C'est peut-être notre tempérament de régions de rugby ! Mais je pense que c'est aussi comme ça qu'on s'est trouvé. J'ai appris à la connaître. J'ai appris à constater qu'elle tenait parole. Elle ne trahit jamais. Quand elle s'est engagée, elle fait les choses avec du cœur. Et c'est quelqu'un qui, en plus c'est très rarement souligné, a une vision très forte. Elle a une vraie conception de la République. Et moi, j'aime quand chez les élus, il y a à la fois de l'enracinement et de la hauteur de vue. Et Carole a les deux.
Carole Delga, c'est une grande présidente de région. Elle dit ce qu'elle fait, elle fait ce qu'elle dit.
Vous me parlez beaucoup de vos points communs. Vous avez quand même de sacrées différences, laquelle est la principale ?
Elle est de gauche, et clairement de gauche, et je suis de droite, et clairement de droite. Et il se trouve que le fait qu'on puisse quand même se retrouver dit quelque chose qui est bien de ce que peut être aussi encore la politique dans notre pays. On n'a pas trahi nos convictions et la confiance qui a été placée en allant au gouvernement ou en se faisant acheter les promesses d'un Président ou d'un Premier ministre. Au-delà de nos différences, il y a un respect qui s'est installé entre nous, chacun avec nos convictions, notre vision de société. Et il trouve que la politique, ça doit être ça.
Le changement de dimension de Carole Delga, du régional au national, vous surprend-il ?
Non, parce que je pense qu'elle en a toutes les capacités. Je pense aussi que dans une gauche qui ne va pas très bien, c'est pareil chez nous, il y a besoin de gens qui ont une colonne vertébrale. Et Carole Delga a une colonne vertébrale. Donc incontestablement, c'est quelqu'un qui est une chance pour la gauche. Tant mieux parce que ce n'est pas sain dans notre pays que la gauche soit dans cet état. Je ne partage pas bien des choses et bien des visions, mais je pense que pour le débat politique, ce n'est pas sain qu'il n'y ait que les extrêmes et En Marche. On partage cela aussi, on est tous les deux convaincus que si on veut à nouveau redonner de l'oxygène à la politique française, elle a besoin d'une gauche et d'une droite qui portent leurs ses convictions. On peut le faire sans concession, avec des discussions, des débats qui sont très forts, mais avec du respect.
Elle aurait dû y aller à la place d'Anne Hidalgo ?
Vous vous doutez bien que ce n'est pas moi qui vais commencer à m'immiscer là-dedans. Comme d'habitude, je ne vais pas lui causer du tort en commentant ce genre de chose.
"Notre génération est un champ de ruines politique."
Observez-vous ces dernières semaines une Carole Delga lieutenant de campagne différente de la présidente de région ?
Je ne pense, tous les deux nous sommes du même bois et on ne change pas. Et il y a chez Carole une constance. Ce n'est pas quelqu'un qui a plusieurs visages, un à Paris, un à Toulouse, un quand on se rencontre et un autre quand on est avec d'autres élus. Je déteste les gens qui ont des masques différents et ce que je respecte, chez Carole, c'est cette constance. Et puis, il y a quelque chose qui est très fort, c'est pour ça aussi qu'on s'est compris : pour elle le Comminges, pour moi, la Haute-Loire et le Puy-en-Velay. C'est ce qui nous donne notre force à tous les deux. On a ce jardin secret qui est notre petit bout de territoire, qui est loin de tout le théâtre de la politique parisienne et qui nous permet de garder la boussole dans le bon sens. Pour Carole, c'est une grande force.
Vous m'avez dit tout à l'heure, elle est "une chance pour la gauche". Il faut admettre qu'avec sa bande de quadras (la bande des maires PS de Nantes, Montpellier, Rennes, Rouen, Nancy, etc) elle essaie de ressusciter un PS moribond... Cette génération dont vous faites partie, cela peut être une chance aussi ?
Pour notre génération, on arrive dans une situation qui est un champ de ruines. Et donc, on a tous le devoir de se retrousser les manches et de tirer les leçons des échecs, se remettre en question, proposer quelque chose de neuf qui soit plus sincère, plus constant, plus déterminé. Et je pense que ce diagnostic, on l'a tous les deux chacun pour notre famille politique, et c'est aussi pour ça que quelque part de chaque côté de nos montagnes, on se regarde et qu'on se comprend.
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