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"Je n'ai pas changé de look mais je repasse mieux mes chemises" (Michaël Delafosse, maire de Montpellier)
Tous les matins pendant la période des fêtes, une personnalité du département se confie sur France Bleu Hérault. Michaël Delafosse revient sur son élection à la mairie de Montpellier, ses pensées pour son grand-père, son métier d'enseignant qu'il concilie avec son rôle de maire, de père et de mari.

Tous les matins pendant les fêtes de fin d'année, France Bleu Hérault reçoit à 7h45 une personnalité du département pour un entretien plus intime. Michaël Delafosse maire de Montpellier depuis le mois de juin 2020 a accepté de se livrer.
Tout le monde se souvient de votre sourire le soir du 28 juin, de votre regard illuminé par la joie et la fierté... mais qu'est-ce qui se passait vraiment à ce moment là dans votre tête ? Vous pensiez à qui, à quoi ?
Je pensais à mon grand-père qui est parti il y a deux ans, qui m'a énormément donné, qui me faisait des cours de math au petit-déjeuner. Il m'a beaucoup aidé à me construire. Et au milieu de tous ces gens formidables qui m'avaient soutenu dans cette campagne, tous ces gens qui étaient si heureux pour notre ville et peut être un peu pour moi, je pensais à lui parce que je lui dois tant. Si vous faites référence à mon sourire et à mon regard ce soir-là, c'est un peu le sien.
"Je serai un bon maire si je reste prof, si je reste soucieux de mon épouse, et si je suis un bon père, c'est un équilibre."
Vous avez 43 ans, vous faites de la politique depuis l'adolescence tout en menant à la fois une vie professionnelle d'enseignant et une vie familiale avec vos deux enfants. Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis six mois ?
Les journées font 80 heures. J'essaye de garder justement cet équilibre. Je crois que je serai un bon maire si je reste professeur un petit peu avec mes élèves de quatrième 3 au collège Fontcarade. Je serai un bon maire si je suis soucieux que mon épouse Anne-Lise puisse conduire sa carrière professionnelle comme elle l'entend, brillamment.
Elle travaille pour le service public hospitalier et je serai un bon maire si je suis un bon père. Et je profite du regard de mes enfants, Adrien et Hugo. J'amène Adrien tous les matins à l'école, parce qu'Hugo grandit. Maintenant, c'est l'âge où on dit à papa "tu me laisses vivre ma vie". Cet équilibre est pour moi très précieux.
Mais beaucoup de mon temps est donné à cet espace merveilleux qu'est Montpellier. Et vous avez dit que j'ai commencé tôt. Des fois, les gens me disent, on dirait Obélix, il est tombé dedans quand il est petit. J'ai toujours été délégué de classe. J'ai toujours participé à la vie collective et tous les gens qui étaient au collège ou au lycée m'ont envoyé plein de messages quand je suis devenu maire, en disant finalement, il n'y a rien de surprenant à cela, il y a une forme de fidélité à ce que j'étais quand j'avais 15, 20, 25 ans.
Voilà et je crois que toute ma vie, je serai un homme engagé. Je ne serai pas maire de Montpellier toute ma vie, je le suis déjà pour un mandat, je vais me faire tout faire pour réussir et nous rendre fiers de notre ville et répondre aux problèmes qui se posent pour qu'on soit à la hauteur des défis du siècle.
"J'ai de l'autorité avec mes élèves, ils me craignent, je ne suis pas en classe pour être aimé. Mais j'ai la chance de faire le métier que j'aime, c'est un émerveillement permanent."
Vous avez conservé une classe de quatrième au collège. Vous êtes prof d'histoire. Est ce que vos élèves vous voient toujours de la même façon ? Ou est-ce que leur regard a changé ? Est-ce que vous n'avez plus d'autorité ?
De l'autorité , j'en ai. Mes élèves me craignent. Je ne suis pas là pour être aimé, d'ailleurs en classe. C'est très drôle votre question. Et l'histoire est drôle parce que mes élèves de quatrième ne me parlent pas de mon rôle de maire. Ils ont bien le sentiment que je suis leur professeur et ils n'osent pas trop poser la question.
Par contre, tous les autres élèves du collège susurrent "voilà le maire" et mes anciens élèves me disent "Bonjour monsieur Delafosse, on est content que vous soyez maire" et je leur dis, on ne parle pas de cela au collège. Ici, je suis le professeur d'histoire géographie. En dehors du collège bien sûr, je suis le maire de Montpellier, mais je tiens à ce que cette distinction s'opère par respect pour les élèves. Mais je mesure bien quand même que parfois, on a envie de poser la question.
J'ai la chance de faire le métier que j'aime et cette relation aux élèves est très importante pour moi. Et je suis très fier de voir les élèves réussir, de voir les élèves apprendre de leurs erreurs. Je suis très fier de ces élèves qui posent plein de questions sur le monde qui les entoure. Excusez-moi, ça peut paraître un peu candide, mais c'est un émerveillement permanent derrière mon costume austère de professeur.
"Quand on demande à mon fils ce que fait son papa, il répond : il parle ! Et oui, on doit parler pour mieux agir."
Vous avez parlé aussi de vos enfants. On a compris que vous essayez de leur consacrer encore du temps. Le peu de temps qu'il vous reste, c'est important. Quel regard portent-ils maintenant sur vous ? Est-ce que là aussi, il y a quelque chose qui a changé ?
Ils me demandent "quand est-ce qu' on arrête de nous dire qu'on est le fils du maire ?" Ils ont eu un petit peu de mal ça à gérer. Ça n'a pas été forcément simple, mais leurs copains sont très sympas. Parfois, on va dans les rues de Montpellier, les Montpelliérains me questionnent. Puis moi, j'entends rester abordable. Alors des fois, ils me tirent la main, "allez, papa, on y va". Voilà, il faut vivre avec. Je pense que pour eux, il y a des choses difficiles. Et puis, je pense aussi qu'il y a une forme de satisfaction.
Mon fils Hugo, quand il avait 4 ans, il y a 8 ans de ça, on lui a posé cette question "Qu'est-ce qui fait ton papa ?" Hugo a répondu " Mon papa, il parle." J'ai trouvé ça tellement juste. Le professeur parle. J'étais à l'époque élu à la culture. Et oui, quand on est un personnage public, on doit parler pour mieux agir, évidemment.
Est-ce qu'aujourd'hui, vous arrivez à parler intimement avec vos enfants ? L'un d'eux est un pré-adolescent. C'est une période importante.
Vous voulez que je vous parle des Lego, de Star Wars, des jeux PS4 ? Vous voulez que je vous parle des histoires du soir ? Vous voulez que je vous parle de tous les problèmes que rencontrent les papas ? Mes enfants me nourrissent beaucoup. C'est super d'être papa. C'est une chance.
"Je n'avais pas mesuré l'ampleur de la tâche sur les questions de sécurité."
Revenons à votre fonction de maire. Qu'est-ce que vous avez découvert dans cette nouvelle fonction auquel vous ne vous attendiez pas du tout ?
Je savais ce qui m'attendait parce que je n'appartiens pas à ce nouveau monde. Je ne suis pas issu d'une liste citoyenne. Il se trouve que j'ai une expérience depuis très longtemps dans l'engagement départemental. J'ai toujours eu des responsabilités. Mais quand je suis devenu maire, j'ai mesuré l'immensité de la tâche qui était la mienne et je vais vous le dire, notamment sur un sujet où m'attendait sans doute peu, les questions de sécurité.
Vous êtes en train de nous dire que vous n'aviez pas mesuré l'ampleur de la tâche sur ce plan sécuritaire ?
Je ne pensais pas que nous en étions à ce point à Montpellier. Je le dis ça, ça m'a marqué. Et donc moi, dès qu'il y a un problème, je redouble d'énergie pour le surmonter. J'ai eu de l'euphorie bien sûr, le 28 juin, mais le 29 au matin, j'étais en relation directe avec le patron de la police, avec monsieur le préfet pour prendre la mesure des dossiers. Et sur ce sujet-là, que les Montpelliérains ne s'inquiètent pas. Ma volonté et ma détermination sont totales.
"J'ai renoncé à la lecture et cela me manque terriblement."
Revenons à l'homme que vous êtes. À quoi vous avez renoncé finalement depuis six mois ?
J'ai renoncé à quelque chose qui est essentiel pour moi, c'est la lecture. Je n'ai pas le temps de me plonger dans des livres d'histoire, dans la littérature et ça me manque beaucoup. Donc, je vais prendre quelques jours de congés à Noël. Je n'en ai pas eu depuis très longtemps et je vais me replonger dans les livres.
"Je voudrais rester le même, continuer à aller à la mairie à vélo, le pouvoir peut changer les hommes, mais moi, je voudrais rester abordable, simple et humble."
Est-ce que votre regard sur vous-même a changé depuis que vous êtes maire ?
Non, non, parce que j'espère rester le même. Beaucoup de gens dans la campagne m'ont mis en garde. "On espère que vous ne changerez pas !" C'est très touchant quand vous recevez ça. Je veux rester le même. Et d'ailleurs, ça désarçonne mes équipes qui me disent "arrête de faire du vélo à la mairie, arrête de prendre les transports en commun." Oui, mais moi, j'aime marcher, j'aime le vélo, j'aime être abordable, j'aime discuter et des fois, je rentre tout seul, de la mairie à chez moi. J'habite à l'ouest de la ville et je rentre à pied. Les gens m'abordent et en marchant vers chez moi, on discute et je veux rester le même.
Même si, bien sûr, j'incarne la fonction de maire et ça confère des responsabilités. Je ne sais pas si vous avez repéré, mais il n'y a plus le nom du maire sur toutes les affiches, tous les trucs de protocole. C'est plus simple, plus sobre, plus humble pour mieux décider. Le pouvoir peut changer les hommes, le pouvoir peut isoler. Moi, j'ai une responsabilité qui est la mienne et j'entends vraiment continuer à être quelqu'un d'abordable. Je prends des compliments, donc ça fait du bien, mais aussi des remontrances et des exigences. Parce que voilà, il faut avoir un rapport simple aux choses.
"Je n'ai pas changé de look, toujours costume-cravate et je continue de repasser mes chemises, même si je me fais un peu aider parfois."
Alors, vous le dites, vous incarnez malgré tout la fonction de maire. Une question beaucoup plus légère. Vous avez été obligé de refaire votre garde-robe ?
Vous avez remarqué ? Je n'ai pas changé de look. D'ailleurs, le costume cravate était mon style vestimentaire comme professeur, parce que c'est une marque de respect pour mes élèves. Et donc, finalement, je n'ai pas changé de look. Je fais un peu plus attention quand je repasse mes chemises, c'est vrai. Je me fais un peu aider pour le repassage, mais de temps en temps, c'est encore moi qui le fait, c'est important que je continue à le faire.
"Les avenirs sont l'avenir du monde, il faut prendre soin des enfants, les miens m'apaisent."
Qu'est-ce que vous avez trouvé pour vous? Pour vous détendre ? Pour vous changer les idées ? C'est quoi votre bouée de sauvetage ?
Ce qui m'apaise, ce sont mes garçons. C'est Adrien et Hugo. Ce sont des moments extrêmement précieux. Peu de temps, mais bien du temps avec les enfants. Les enfants, c'est l'avenir du monde. Je les aime au plus profond de moi. Il faut qu'on prenne soin des enfants. Plus on prendra soin des enfants, mieux, le monde se portera.
Un jour quelqu'un qui m'a dit "M. Delafosse, vous êtes le meilleur ami des enfants". J'ai trouvé que c'était un très beau compliment. Il faut une ville à hauteur d'enfants. Si on prend soin des enfants, on prendra soin de l'avenir. C'est important, les rêves d'enfants. Et quand les rêves d'enfants se réalisent, c'est bien.
"Rien ne se fait sans passion."
Votre rêve d'enfant à vous, c'était d'être maire de Montpellier ?
Non, c'était d'être professeur d'histoire ! En sixième, j'ai écrit ça sur ma fiche ! Ma volonté d'être maire de Montpellier, elle s'est forgée avec le temps dans mon engagement pour la Ville et avec ma complicité, ma relation très particulière avec Georges Frêche . Voilà. Moi, je fais toujours les choses avec passion. Il y a un philosophe qui a dit "rien de grand ne se fait sans passion".
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