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Limousin - Camille Senon partage ses souvenirs de luttes pour les 100 ans du Parti Communiste Français
En cette fin du mois de décembre, le Parti Communiste Français fête ses 100 ans. A cette occasion, la limougeaude Camille Senon, communiste depuis près de 70 ans, nous ouvre son livre à souvenirs et son regard sur l'évolution du PCF et sur le monde d'aujourd'hui.

Le Parti Communiste Français fête ses 100 ans. Le PCF né pendant le Congrès de Tours qui s'est tenu du 25 au 30 décembre 1920. A son actif, un siècle de luttes et de conquêtes sociales sur lesquelles Camille Senon a accepté de revenir. Cette habitante de Limoges qui avait refusé d'être promu au rang de commandeur de l'Ordre National du Mérite par Manuel Vals, est aujourd'hui âgé de 95 ans. Cela fait près de sept décennies qu'elle a adhéré au Parti Communiste Français. Entretien.
On a mené beaucoup de grandes luttes. Des luttes pour la paix
Pourquoi avoir adhéré au Parti Communiste Français ?
En 1944, après la libération, j'avais adhéré aux Jeunesses Socialistes. Et j'étais un peu déçue de certaines choses que je ne comprenais pas. Surtout à l'occasion du Plan Marshall. Au syndicat, on avait de grandes discussions. Les membres de la CGT qui étaient communistes disaient que le Plan Marshall était contraire aux intérêts du peuple. J'avais demandé des explications à la fédération. On m'avait dit que les questions économiques étaient compliquées et que si les spécialistes qui l'ont étudié disent que c'est bon, c'est bon. J'avais trouvé ça un peu sommaire comme explication. Donc j'ai quitté les Jeunesses Socialistes à ce moment là. Mais je n'ai pas tout de suite adhéré au Parti Communiste. J'ai pris le temps de réfléchir. Et il y a eu dans la période 1951, 52, 53, un ministre des PTT qu'on a appelé "Thomas les sanctions" parce qu'un grand nombre de militants cégétistes ont été sanctionnés. Toutes les actions syndicales étaient pratiquement interdites. J'ai eu pensé qu'il fallait aller plus loin que l'adhésion à la CGT. C'est pourquoi j'ai adhéré au Parti Communiste en 1951. J'avais 26 ans.
Quels sont vos plus grands souvenirs de lutte ?
On a mené beaucoup de grandes luttes. Des luttes pour la paix. En particulier au moment de la guerre d'Algérie. Et déjà contre la guerre d'Indochine. Le Parti Communiste Français était en tête de cette lutte. C'était une période où le Parti Communiste avait une importance sérieuse. On avait beaucoup d'enthousiasme. Même si la lutte était difficile parce que ça n'a jamais été facile de lutter. Il y avait une ambiance assez exceptionnelle. Je me rappelle aussi la campagne quand Jacques Duclos a été candidat pour devenir Président de la République. Une campagne formidable aussi. Ce sont des souvenirs qui sont très forts et qui m'ont marqué beaucoup.
J'ai du mal à comprendre que les gens ne se rendent pas compte que le Parti Communiste est toujours d'utilité
Il y a aussi la lutte pour les droits des femmes
Oui. Je travaillais dans une très grosse entreprise qui était Les Chèques Postaux de Paris où il y avait environ 6 mille femmes qui travaillaient en 1951 avec un encadrement uniquement masculin. Tout ce qui touchait au droit des femmes et surtout des femmes salariées, les conditions de travail, être à la fois salariée et mère de famille, c'étaient des conditions très difficiles. Donc on se battait avec la CGT pour obtenir des droits nouveaux. Par exemple pour prévoir des congés pour soigner un enfant malade ou obtenir l'allongement du congé de maternité. Pour donner aux femmes la possibilité de s'engager dans l'activité militante. Essayer de leur donner leur place, toute leur place dans la vie politique du parti.
Aujourd'hui, le Parti Communiste a bien du mal à exister dans les urnes et dans les cœurs des français. Nombreux sont ceux qui associent le PCF à l'Union Soviétique et au Goulag tout en profitant de leurs congés payés et autres acquis sociaux auxquels les communistes ont largement contribué. Qu'en pensez-vous ?
Je pense que le dévoiement du communisme qui a été mené en Union Soviétique et dans des pays de l'Europe de l'Est nous a porté un tort considérable. Considérable ! On nous a beaucoup associé alors que quand même, le Parti Communiste Français avait pris nettement ses distances notamment au moment du Printemps de Prague. Et quand on pense à la part que le Parti Communiste a pris à la Résistance et au combat pour vaincre le nazisme, toutes les batailles qu'il a mené contre l'antisémitisme, contre le racisme et qu'il mène toujours, j'ai du mal à comprendre que les gens aujourd'hui ne se rendent pas compte que le Parti Communiste est toujours d'utilité. Mais c'est vrai qu'il y a un climat qui fait qu'une majorité de gens se détournent des partis politiques. Quand on voit les pourcentages d'abstention aux élections, pour moi c'est incompréhensible. Il y a vraiment une sorte de désespérance et la situation est très difficile à redresser. On a du mal aujourd'hui. Peut-être qu'il y aura chez les jeunes un sursaut. Une réflexion qui va peut-être mûrir et qui va permettre de progresser. Dans la mesure où on a perdu beaucoup de forces et donc beaucoup de militants, on a moins de facilité pour contacter massivement les gens. C'est vraiment un problème. Et moi je souhaite bon courage aux jeunes camarades qui continuent à militer et à faire vivre le Parti Communiste dans cette situation difficile. Je leur souhaite beaucoup de courage et j'ai beaucoup d'admiration pour eux.
Le capitalisme ne va pas réussir à sortir les gens de cette crise économique
Pensez-vous que le Parti Communiste n'a jamais été aussi nécessaire qu'aujourd'hui ?
Oui ! Je pense que le Parti Communiste est nécessaire aujourd'hui parce qu'on arrive à une situation qui dégénère de plus en plus, avec des atteintes aux libertés et des tas de problème à repenser. Nous sommes dans une crise économique tellement extraordinaire. C'est impossible de résoudre cette situation avec le régime capitaliste. Le capitalisme ne va pas réussir à sortir les gens de cette crise économique, de ce chômage, de cette précarité, de cette misère qui nous tombent dessus d'une façon exponentielle. Je pense que là, il nous faudrait une nouvelle Commune de Paris !
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