75 ans de la libération d'Auschwitz : Pierre Jedynak, fils de déporté, témoigne au Cercil à Orléans
Ce lundi 27 janvier, on commémore les 75 ans de la libération du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz. La veille, Pierre Jedynak, fils de déporté, témoignait au Cercil d'Orléans.

C'était le plus vaste camp, à la fois de concentration et d'extermination, du Troisième Reich. Auschwitz, en Pologne. Ouvert en avril 1940, il fut libéré le 27 janvier 1945 par l'Armée Rouge. Ce lundi 27 janvier, on commémore donc les 75 ans de cette libération ainsi que la Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah.
Une visite et une rencontre organisées au Cercil
C'est dans ce cadre qu'étaient organisés ce dimanche 26 janvier deux événements au Cercil (Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement du Loiret) à Orléans.

D'abord une visite du musée et du mémorial des enfants du Vel d'Hiv, animée par la fondatrice du Cercil Hélène Mouchard-Zay. Puis une rencontre avec Pierre Jedynak, fils de déporté juif polonais.
Un père déporté à Beaune-la-Rolande, Pithiviers puis Auschwitz
Fils de Juifs polonais arrivés en France dans les années 30 pour fuir les persécutions antisémites, Pierre Jedynak est né en 1939. Il n'a pas deux ans quand son père, Szaja, est victime de la rafle du billet vert, le 14 mai 1941.

Il est envoyé dans le camp de transit de Beaune-la-Rolande puis de Pithivierse. C'est de là qu'il part en convoi vers Auschwitz le 17 juillet 1942. Il est assassiné trois mois après son arrivée.
L'hypothèse la plus probable est qu'il a été gazé avec les autres
"Les documents venus d'Auschwitz disent qu'il est mort d'une angine", raconte Pierre Jedynak, "Mais l'hypothèse la plus probable est qu'au bout d'un moment, il n'a plus été capable de fournir le travail qu'on lui demandait et qu'il a été gazé avec les autres."
La fuite de la mère et du fils
A l'été 1942, Laja, la mère de Pierre Jedynak décide de fuir vers la zone libre. Mais elle est arrêtée à Abilly près de Chateauroux. Elle est donc envoyée dans un camp à Douadic dans l'Indre tandis que Pierre est placé dans une pouponnière d'enfants juifs à Limoges.

C'est là que l'un des oncles de Pierre, alors soldat en garnison dans la ville, apprend miraculeusement où se trouve son neveu. "Comment il l'a su ? Et comment il a réussi à me retrouver parmi tous ces enfants et à m'enlever de là-bas ? Honnêtement je l'ignore", explique Pierre Jedynak.
L'hospitalité au village de Fléré-la-rivière
L'oncle de Pierre Jedynak parvient à remettre l'enfant à sa mère au camp de Douadic et tous deux y restent internés huit mois. Ils sont ensuite assignés à résidence dans le village de Fléré-la-rivière (Indre).

"J'ai été quasiment adopté par une famille de ce village", se souvient Pierre Jedynak, "Ils se sont occupés de moi comme leur enfant, j'allais à l'école, à l'église aussi."
Pierre Jedynak et sa mère y passent la fin de la guerre, et l'enfant y reste même un peu plus longtemps, le temps que Laja s'installe à Paris et trouve du travail. Il y est ensuite revenu plusieurs fois pour les vacances d'été.