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À l’hôpital public, un lit sur cinq est fermé faute de personnel
20% des lits des hôpitaux publics sont fermés en raison du manque de personnel, révèle une enquête dirigée par le président du Conseil Scientifique, et dévoilée par le journal Libération. Épuisement, faible rémunération, manque de moyens, les soignants jettent l’éponge.

Le nombre impressionne : 20%, un lit d’hôpital sur cinq est fermé aujourd’hui dans les CHR et CHU français faute de personnel pour soigner les patients. C’est ce que révèle une enquête lancée début octobre par Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique et du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé l'ouverture d'une enquête "auprès de l'ensemble des établissements de santé pour objectiver la situation et son exploitation est en cours".
Depuis 2013, 27.000 lits d’hôpitaux ont été supprimés en France, selon un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques . Plus de 5.700 lits d'hospitalisation complète ont été fermés en 2020 . Il en resterait aujourd’hui environ 387 000, mais tous ne peuvent donc être opérationnels à cause des sous-effectifs de personnel.
À titre d’exemple, à l’AP-HP, selon les chiffres officiels, 19 % des lits étaient fermés au mois de septembre 2021, soit deux fois plus que dans la situation d’avant-Covid (le taux de fermeture était déjà de 9 % en septembre 2019), comme le certifie Martin Hirsch, son directeur, à Libération.
La situation est compliquée dans les hôpitaux
"La situation est compliquée" dans les hôpitaux, reconnaît Olivier Véran, après ces révélations. "Nous venons de donner un coup de sonde dans seize CHU et effectivement, si on extrapole les données, on constate une hausse de près d'un tiers des postes vacants chez les paramédicaux par rapport à l'automne 2019", détaille le ministre, ajoutant qu'"un certain nombre d'unités dans des hôpitaux sont obligées de fermer temporairement, ou de réduire la voilure, faute de soignants, faute surtout de pouvoir en recruter".
En réaction, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé ce mercredi lancer "une enquête auprès de l'ensemble des établissements de santé pour objectiver la situation et son exploitation est en cours". Selon Gabriel Attal, le manque de personnel est dû aux actions des précédents gouvernements. "On ne rattrape pas trente ans en quatre ans", a-t-il souligné. "Il n'existe pas de réserve cachée de personnel, a-t-il poursuivi_. Notre action produit une grande différence sur le long terme, parce que nous aurons de nouveaux effectifs, notamment grâce aux mesures comme la suppression du_ numerus clausus_." _
Une analyse qu'a dénoncé sur France info ce mercredi Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) : "Le gouvernement continue, pour des raisons économiques, de fermer des lits, de supprimer des postes, ce qui, bien sûr, aggrave les conditions de travail de ceux qui restent", b_eaucoup de soignants sont laminés, broyés par le système, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles."_
Recherche infirmières, aides soignantes, sages-femmes
De nombreux établissements peinent à trouver des soignants, notamment des infirmières et aides-soignantes. Et la revalorisation de 183 euros du Ségur de la Santé ne crée pas de vocations.
Je ne devrais pas être soulagée quand une femme choisit la péridurale parce que ça me fait gagner du temps
Mais plus que la faiblesse des rémunérations, c'est celle des moyens qui poussent les soignants à baisser les bras, comme cette sage-femme qui témoignait début octobre sur France Bleu Berry : "Je suis soulagée quand une patiente choisit de prendre la péridurale pour son travail d'accouchement, parce qu'elle est beaucoup plus simple à gérer que quand elle doit gérer elle-même ses douleurs, déplore-t-elle. Je ne veux pas avoir ce discours-là, je ne peux pas travailler dans ces conditions-là. Ce n'est pas comme ça que j'envisage mon travail. L'organisation de l'hôpital ne devrait pas entrer en compte dans son choix".
Faible effet de la vaccination obligatoire des soignants
En revanche, le manque de soignants n'est pas imputable à l'obligation vaccinale. Depuis le 15 octobre les soignants (salariés des hôpitaux, cliniques et maisons de retraite, ainsi que les soignants libéraux, aides à domicile, pompiers et ambulanciers) doivent présenter un schéma vaccinal complet, sous peine de suspension de leur contrat de travail, sans rémunération. Jusqu’ici ils étaient suspendus que s’ils n’avaient reçu aucune injection.
"La couverture vaccinale des professionnels de santé est suffisante", estime le ministère, qui assure que la mesure n'entraîne "pas de risque majeur sur la continuité des soins". D'après la dernière enquête de Santé publique France, 86,6% des personnels des établissements de santé étaient déjà "complètement vaccinés" au 20 septembre. Ce taux s'élevait même à 88,6% dans les structures pour personnes handicapées et 92,4% dans les Ehpad.