Affaire des bébés nés sans bras : une première enquête préliminaire ouverte
Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire sur le cas d'un bébé né avec une malformation du bras dans l'Ain, a-t-on appris auprès du procureur de la République de Marseille. C'est une première.

Marseille, France
Le pôle santé publique du parquet de Marseille a ouvert l'enquête préliminaire pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "blessures involontaires avec incapacité supérieure à trois mois", a précisé Xavier Tarabeux à l'AFP, confirmant une information du Parisien.
Plainte en août dernier
Cette ouverture d'enquête préliminaire est la conséquence de la toute première plainte contre X "pour mise en danger de la vie d'autrui" déposée en août dernier par une famille originaire de l'Ain, dont le petit garçon, Louis, est né en 2012 avec une agénésie transverse du membre supérieur (ATMS).
Avec cette plainte, les parents et leur avocat, Maître Fabien Rajon, voulaient obliger la justice à se pencher sur ces malformations dans l'Ain, après que les autorités sanitaire ont rendu, en juillet, les premières conclusions de l'enquête nationale dans l'affaire des "bébés sans bras".
Le comité scientifique y préconisait de ne pas mener de recherches dans l'Ain, n'ayant constaté aucun "cluster" [cas groupés], dans ce département. Les experts recommandaient en revanche une poursuite des recherches dans le département du Morbihan, où d'autres cas de bébé nés sans bras ont été médiatisés.
L'impartialité de l'enquête remise en cause
Les parents à l'origine de la plainte ont rappelé que l'agence nationale de santé publique et l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation et de l'environnement (Anses) n'ont pas comptabilisé dans leur étude les cinq cas de bébé nés sans bras avant 2011, dans l'Ain.
Dans la plainte que franceinfo a pu consulter, l'avocat des parents s'interrogeait donc sur l'impartialité des deux agences sanitaires à qui le ministère de la santé a confié l'enquête nationale, et demandait des investigations approfondies menées par un magistrat "spécialisé et indépendant".
Sept malformations ont été constatées dans le département de l'Ain ces dernières années, et la famille s'interroge sur "l'exposition aux polluants, rejetés dans les nappes phréatiques", qui pourrait, estiment-ils, expliquer pourquoi leur petit garçon est né sans main droite.
Plusieurs causes possibles
Aucune cause n'a pu être mise en évidence par les enquêtes des autorités sanitaires, selon un rapport de l'agence Santé publique France.
Les causes possibles de ce type de malformation sont multiples.
Les pesticides pourraient être à l'origine, selon certains élus écologistes. Le député européen écologiste Yannick Jadot a assuré sur RTL que "toutes les familles qui ont été touchées par ces malformations vivent à côté des champs de maïs et des champs de tournesol".
Les causes peuvent être génétiques, liées à des contraintes physiques ou dues à des substances toxiques (alimentation, alcool, environnement).
Autre cause possible : les médicaments. Dans les années 50-60, le thalidomide (antinauséeux) avait fait naître des milliers d'enfants sans bras entre 1957 et 1962 à travers le monde.