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"Allonger le délai de l'IVG n'est pas la solution", selon le Centre de Planification Familiale d'Abbeville
L'Assemblée a définitivement adopté l'allongement du délai de l'IVG le 23 février, il passe de 12 à 14 semaines. "Ce n'est pas une bonne solution", selon Marie-Cécile Beaudoin, médecin au Centre de Planification Familiale d'Abbeville. Elle était l'invitée de France Bleu Picardie le 24 février.

Il est désormais possible d'avorter jusqu'à 14 semaines et non plus 12 semaines. Les députés ont adopté définitivement le 23 février cette proposition de loi. Le Dr Marie-Cécile Beaudoin, médecin du Centre de Planification Familiale de l'hôpital d'Abbeville, qui prend en charge les interventions volontaires de grossesse, était notre invitée le 24 février..
France Bleu Picardie : Ce délai de deux semaines supplémentaires pour avorter, est-ce qu'il peut aider beaucoup de femmes, selon vous ?
Marie-Cécile Beaudoin : Tout ce qui peut rendre ce droit plus accessible aux femmes, c'est une avancée. C'est toujours un progrès. Après, je ne pense pas que répondre au manque de centres de planification familiaux et au manque de médecins praticiens en allongeant le délai, ce soit une bonne chose. On sait qu'une IVG, plus elle est tardive, plus elle peut être compliquée médicalement. Du coup, dire aux dames, vous n'avez pas rendez-vous à temps mais ce n'est pas grave, on vous donne 15 jours de délai en plus, pour moi, ce n'est pas une bonne solution.
Sur notre antenne, on a diffusé le témoignage de jeunes femmes qui expliquaient que cela pouvait être encore plus compliqué d'accéder à l'IVG quand on est en milieu rural, plutôt qu'en ville. Si on prend le cas de la Somme, c'est qu'il y a peu de centres, qu'ils sont mal répartis ?
Les centres sont rattachés à des hôpitaux, on a aussi très peu de médecins généralistes qui peuvent faire des IVG médicamenteuses en ville, donc nous, on a Abbeville, Doullens, Amiens mais effectivement, on n'a pas de centres dans la campagne.
Comment peut-on expliquer justement ce manque de praticiens ?
L'IVG, ça n'a jamais été un sujet très sexy donc déjà il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas le faire. Pour les médecins généralistes en ville, ce n'est pas quelque chose qui est très bien rémunéré, pareil pour l'hôpital. Ce ne sont pas des actes qui rapportent de l'argent à l'hôpital. Je pense qu'il faut le revaloriser. Il faudrait que cela devienne un acte classique comme les autres, et pas uniquement du militantisme. Il faudrait que ce soit un peu plus simple pour tout le monde.
Dans la loi votée, les sages-femmes sont autorisées à pratiquer l'IVG instrumentale, l'intervention au sens propre, et plus seulement l'IVG par médicaments. Est-ce que cela peut améliorer la situation ?
Je pense qu'effectivement, cela peut améliorer l'accès à l'IVG parce que l'IVG instrumentale n'est pas un geste très compliqué et les sages- femmes sont de très bons professionnels de santé qui peuvent faire plein de choses. Si on les forme, il n'y a pas de souci mais il faut aussi se dire que les sages femmes, on leur met toujours plus de compétences sur le dos, plus de travail. Il faudrait peut-être les payer en conséquence aussi.
Au-delà de l'IVG, est-ce qu'il ne faut pas aussi mettre l'accent sur la prévention, comme l'éducation, l'accès à la contraception ?
On sait très bien que normalement, les élèves en collège et en lycée sont censés avoir des séances. Ils doivent avoir trois heures tous les ans d'éducation sexuelle mais on sait très bien qu'ils n'ont pas d'éducation à la sexualité, à la santé. On sait également qu'il y a des médecins qui ne font pas très bien formés à la contraception. C'est notre boulot à nous, médecins, d'aller rééduquer les gens, et puis, c'est aussi au niveau de l'Éducation nationale, au niveau des associations. Il faut que les plannings familiaux soient ouverts, qu'on puisse faire des interventions dans les collèges, dans les lycées. Il faut surtout que la loi soit appliquée en fait, on a une super sur l'éducation à la sexualité mais là, elle ne l'est pas.
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