Auvergne : les personnels de santé et les usagers au chevet de l'hôpital public
Une journée de mobilisation est prévue ce jeudi 14 novembre partout en France. Les personnels de santé appellent les usagers à se rassembler devant les hôpitaux. Des grands chefs de service aux étudiants en médecine, tous les maillons de la chaîne hospitalière tirent la sonnette d'alarme.
Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, France
L'hôpital public malade. Une journée de mobilisation est prévue ce jeudi partout en France. Tous services confondus, les médecins appellent à dénoncer de mauvaises conditions de travail, les restrictions budgétaires et la logique de rentabilité. Ces 10 dernières années, plus de 50.000 lits ont été fermés, alors que la charge des soins a augmenté de près de 15 % et que les effectifs n'ont progressé que de 2 %. Et aujourd'hui, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale prévoit 4 milliards d'euros d'économie pour le système de santé. Après l'Assemblée nationale, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 doit être examiné en première lecture par le Sénat pendant une semaine, avant un vote solennel mardi prochain.
Les personnels de l'hôpital public sont appelés à manifester ce jeudi à Paris. Le cortège s'élancera de la maternité de Port-Royal en direction du Sénat, de l'Assemblée nationale et de Matignon. Les hôpitaux auvergnats seront également dans l'action. A Clermont-Ferrand, les soins urgents seront assurés, les opérations et examens non urgents ayant été repoussés dans de nombreux services (ndlr : les patients sont prévenus). Des rassemblements sont prévus à 14 heures ce jeudi devant les deux pôles du CHU clermontois à Montpied et à Estaing.
On doit convaincre les usagers et le grand public que ce n'est pas un caprice de médecins - Pr Etienne Merlin
Le Professeur Etienne Merlin (qui sera l'invité de France Bleu Pays d'Auvergne à 7H45 ce jeudi) fait partie des 44 pédiatres du CHU Estaing qui ont lancé la grève du codage le mois dernier. "Quand il y a des lits vides, on nous incite à les fermer. Donc on commence avec des gardes aux urgences en sachant qu'il y a 0 ou 1 lit pour la pédiatrie à l'hôpital... On n'est pas pour gaspiller l'argent, on n'est pas des fainéants, on souhaite une fonction publique hospitalière dynamique et performante, qui offre des soins de qualité mais pas dans un état de restrictions permanentes", souligne le pédiatre clermontois. Pour lui, ce mouvement est historique et il invite tous les agents de l'hôpital ainsi que les usagers à y participer.
Le Pr Etienne Merlin fait partie des 44 pédiatres du CHU Estaing qui ont lancé la grève du codage le mois dernier
J'ai du mal à mettre une relation d'argent entre moi et le malade - Pr Michel Canis
Le Professeur Michel Canis, gynécologue-obstétricien, exerce toujours au CHU de Clermont-Ferrand, mais il a fait un choix fort et symbolique à l'été 2018. Il a démissionné de son poste de chef de service, se déchargeant ainsi des responsabilités d'encadrement. Pour ne pas avoir à appliquer et faire appliquer des décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord. "Je crois en l'hôpital public, j'ai du mal et je crois effectivement que ce que je fais, je ne vois pas comment le monnayer". Michel Canis explique ce qui a déclenché cette décision.
Michel Canis explique ce qui a déclenché sa décision de démissionner de son poste de chef de service
Ça fait peur de se dire, est-ce qu'on a vraiment de faire ça toute votre vie ? - Mélanie Gilbert
Les internes et les étudiants devraient être au rendez-vous cet après-midi Mélanie Gilbert est en 5e année à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand. Elle est secrétaire général de l'ANEMF, l'Association Nationale des Etudiants en Médecine de France. "En tant qu'étudiant, on voit bien que les médecins font beaucoup d'administratif. Ils passent des après-midis devant un ordinateur à dicter des courriers, à coder, à coter des actes, à chercher des lits pour transférer des malades... On s'en aperçoit quand on vient travailler à l'hôpital, en stage. C'est vrai que ça fait peur de se dire, est-ce qu'on a vraiment de faire ça toute votre vie ? C'est aussi un mouvement de soutien auprès de nos médecins seniors, des équipes paramédicales. On comprend, on est là et, un peu égoïstement, on n'a pas envie de ça..."
Mélanie Gilbert porte-parole des étudiants à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand