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Le service de réanimation de Châteauroux fait face à la 5ème vague de l'épidémie de Covid
La France fait face à la 5ème vague de l'épidémie de coronavirus. Depuis quelques semaines, les taux d'incidence remontent tout comme le nombre de malades dans les hôpitaux. À Châteauroux, cinq patients sont pris en charge au sein du service de réanimation. Reportage.

La France affronte la 5eme vague de l'épidémie. 47 000 cas positifs ont été détectés en seulement 24 heures, c'est du jamais vu depuis le mois d'avril en plein pendant le troisième confinement. Depuis près d'un mois maintenant, les taux d'incidence flambent. Le Cher a le plus fort taux de la région avec 235 cas pour 100 000 habitants. L'Indre est un peu plus épargnée avec 153 cas pour 100 000 habitants. Malgré une vaccination massive, cette 5eme vague se voit aussi dans les hôpitaux. 10 patients se trouvent en soins intensifs dans le Berry. À Châteauroux ils sont cinq, aucun n'est vacciné. Nous avons rencontré ceux qui sont en première ligne depuis près de deux ans maintenant au sein de ce service.
Déception, colère et fatigue
Les malades du coronavirus occupent cinq des seize chambres de réanimation. Aucun n'est vacciné. "On a cette constance d'avoir depuis les deux dernières vagues, des gens entre 50 ans et 70 ans. Ce sont des gens qui ne veulent pas se faire vacciner. Ils ont le droit et ça, c'est tout à fait respectable de ne pas se faire vacciner. Mais quand on voit les conséquences de ces choix personnels, on est un peu déçu" déplore le Docteur Michel Hira qui dirige le service.
Cette déception est partagée par bon nombre de membres de l'équipe dont Tom Peinturier. Cela pèse sur le moral, confie cet infirmier. "On se dit que ce sont des personnes qui ont choisi en pleine connaissance de cause de ne pas se faire vacciner. Ce sont des places dont rien ne garantit que d'ici quelques semaines il n'y ait pas quelqu'un de ma famille ou de votre famille qui en ait besoin pour le coronavirus ou autre chose". De son côté, la cadre de santé Françoise Forissier ressent bel et bien "une colère latente" dans son équipe.
Des patients intubés, inclinés à 45°, allongés sur le dos ou le ventre
Au quotidien, la prise en charge est précautionneuse, et donc lourde. Les portes des chambres où se trouvent les malades atteints de coronavirus sont fermées, strictement interdites d'accès pour ne pas transporter le virus. Nous ne pouvons y pénétrer, mais à travers les vitres, on distingue des enchevêtrement de câbles, des machines diverses et variées. Le Docteur Michel Hira décrit des patients allongés, inclinés à 45°, sous respirateurs durant plusieurs jours et même plusieurs semaines. La prise en charge des patients atteints de coronavirus est coûteuse en temps et en moyens humains rappelle-t-il : "ils sont souvent sur le ventre, donc il faut les retourner. Cela nécessite cinq personnes, dont un médecin".
Dix minutes de préparation avant de rentrer dans une chambre
Pendant des jours et des semaines, la moindre intervention dans la chambre d'un patient demande dix minutes de préparation. Un protocole très long et contraignant explique Perrine Marquet, l'une des aides-soignantes : "Il faut 10 minutes parce qu'il faut mettre le masque, la charlotte sur la tête, des gants, une casaque bleue comme vous avez et une blouse en plastique pour protéger des projections." Pour être plus efficace, l'équipe regroupe les soins autant que faire se peut. Ainsi, en moyenne, une visite dure 20 à 40 minutes dans chacune des chambres et elles ont lieu plusieurs fois par jour.
Une routine qui pèse sur le moral
Avec le temps, des réflexes se sont installés. Il y a comme une forme de routine mais elle pèse sur le moral des troupes. Sur le plan professionnel, l'équipe affronte mieux cette nouvelle vague, et pour l'heure elle n'a pas eu besoin de renfort explique Françoise Forissier, la cadre de service. Néanmoins, elle constate une forme d'épuisement, de fatigue des infirmiers et aides-soignants. "C'est plus dur par les contraintes que ça induit. Vous savez, un patient en isolement, ça pèse. Imaginez, sur 12 heures de travail, s'habiller, se déshabiller, s'habiller, se déshabiller. Un pousse seringue sonne dans une chambre lambda, elle y va et elle le change. Là (dans une chambre avec un patient covid), c'est, il faut que je m'habille, je vais m'habiller, mais pour y rentrer deux secondes" souligne la cadre de santé.
Depuis le début de l'épidémie, certains infirmiers et aides-soignants ont préféré partir. Les autres restent, s'accrochent, vident leur sac auprès de leurs familles, collègues ou supérieurs avant de repartir au front. Ce qui les fait tenir ? La passion de leur métier, l'envie d'être utile, de soigner coûte que coûte et sans aucune distinction. Du médecin à l'aide-soignant en passant par l'infirmier, chacun le rappelle avec ses mots : c'est dur, oui, mais on ne fait pas de différences et on fait face. Vacciné, non vacciné, chacun mérite d'être soigné.
Depuis le début de l'épidémie, le service de réanimation de l'hôpital de Châteauroux a accueilli 170 malades atteints du coronavirus, un seul était vacciné.